La vertu avec cette superbe ouverture de Keira Walsh pour Ella Toone, tout juste entrée (56′), lancée entre les deux défenseurs centrales, faisant jouer sa vitesse pour en quinze mètres se trouver aux limites de la surface de réparation et réaliser un superbe lob, bien senti, qui donnait l’ouverture du score et quasiment le titre à ce moment de la partie (1-0, 62′).

Second but d’Ella Toone (Manchester City). Après le but égalisateur face à l’Espagne (1-1 à la 86′) elle ouvre le champ des possibles en ouvrant le score à la 62′ de la finale.

Le vice quand, Chloe Kelly, inexistante depuis son entrée à la 64′ en remplacement de Beth Mead, blessée, voit les allemandes reprendre le jeu à leur compte et égaliser d’une superbe frappe de la petite Lina Magull, excellente dans ce milieu allemand à trois (1-1, 79′).

Tout est à refaire pour l’Angleterre et la joueuse de Manchester City, à bout de souffle n’arrête pas de demander le soutien du public à chaque balle sortie de son côté. Bras levés, sollicitant, demandant, réclamant, imposant au 87.192 spectateurs de prendre position pour l’Angleterre, pour le Royaume, pour elles !

L’égalisation chirurgicale de Léna Magull. Essentielle à l’équipe allemande (1-1).

Seconde mi-temps de la prolongation. Elle a sauté de joie comme à un concert d’Adèle sur le but d’Ella. Il a fallu absorber le médicament allemand de l’égalisation qu’elle ne voulait pas. Se taper les quinze minutes de la première mi-temps de la prolongation où tout le monde peut gagner et tout le monde peut perdre.

Chloe Kelly n’en peut plus. Elle n’est pas réellement dans son football et le temps passe.

Comme le soldat inconnu, elle ne sait pas qu’elle va entrer dans l’Histoire.

La voilà, coincée, prise en tenaille au poteau de corner par Felicitas Rauch et Svenja Huth à la 108′. La fille n’en peut plus. L’Histoire dira qu’elle mesurait toute sa chance d’être là, elle qui n’avait repris d’une rupture des ligaments de la cheville que depuis avril 2022.

Mais elle n’est pas au football du match. Alessia Russo un peu mieux mais pas bien mieux, compensant avec quelques coups bien sentis à gauche et droite. Elle Toone, supersonique avec son but moins de dix minutes après son entrée, mais calée faute de livraison de gaz russe dans une période de prohibition.

Alors, si le corps n’explose plus, le vice de la réflexion est là. Une pichenette assez forte sur la balle pour que son adversaire ne puisse pas la contrôler et voilà le corner bien obtenu.

Un truc qui vous rend titulaire dans l’esprit d’un coach quand son équipe marque dans la foulée. Un truc qui vous fait aimer par vos partenaires lorsque vous êtes à la 110′ d’une finale de l’Euro, éreintées par la compétition, à deux doigts de gagner ou à deux doigts de perdre. Bien contentes de pouvoir jouer cette balle en ayant l’esprit clair et un peu reposé.

Reposé. C’est l’idéal. Reposé devant 87.192 spectateurs et 17.5 millions d’anglais connectés à la BBC1, c’est pas possible face à ces deux records, l’un pour les femmes, le second pour un match de football anglais, hommes et femmes confondus.

C’est Lauren Hemp qui s’y colle. Elle vient à petits pas du côté opposé. En se croisant les deux joueuses se tapent la main. Lauren, titulaire et 110′ dans les jambes lance sa mine.

Puis on ne voit plus rien. Même les joueuses ne voient rien. Cela va trop vite. Elles sont toutes rincées. Il faudra trois ralentis pour savoir qui a marqué.

Sauf que notre Chloe Kelly, maligne comme un moustique qui a décidé de te pourrir tes nuits d’été s’est mise dans les cinq mètres cinquante. Dos au but, prête à jouer un deuxième ballon que personne n’arrive à utiliser.

Chloé Kelly apprès avoir compris que son but à la 110′ est validé par l’arbitre (2-1)

Quand on marque, on vole.

A la 110′ l’histoire retiendra sa course folle, maillot sorti, brassière au vent. Un plaisir plus pour les femmes que pour les hommes visiblement. Mais la joueuse vole littéralement !

Que s’est-il passé ? Lucy Bronze a raté sa tête, Félicitas Rauch se fait manger par la Chloe qui veut manger le ballon. Elle voit cette balle lui échapper mais à la chance que Merle Frohms, la gardienne excellente de l’Allemagne, n’arrive pas à la contrôler. On ne sait pas pourquoi !! Elle le dira elle-même, la fatigue.

Les joueuses sont exténuées. En finale, les joueuses sont souvent exténuées. Au mondial 2019, les Pays-Bas réclamaient de l’eau et du « dopage » face aux américaines dans la seconde mi-temps. Rien n’était venu.

Chloe Kelly voit cette balle qui rebondit sur la poitrine de Frohms, lui revient comme un cadeau divin, lance le pointu, outil indispensable des fins de matches. Elle a des jambes d’une longueur incroyable. A ce moment de fatigue où tout se vit mais rien n’est vrai tellement ton esprit amplifie le moindre mouvement, à croire qu’elle pourrait remplacer le tunnel sous la Manche à elle toute seule.

Ce petit pointu des familles, lui fait mettre un but à la Cendrillon qui donne le titre et les chants à l’Angleterre ! (2-1, 110′) alors que Kathrin Hendrich se dit qu’elle voit passer celle balle qu’une princesse ne raterait pas !

Honnêtement si un coach peut faire rêver une joueuse pour l’impliquer encore davantage. Il ou elle n’a qu’à lui montrer la course de Chloe Kelly, but marqué. La fille vole. L’Angleterre vole. Boris Johnson parie sur un retour aux affaires, le Prince William, aux anges s’imagine Roi.

L’Angleterre a repris la tête, l’Angleterre mène. Tous les anciens sélectionneurs des Lionesses se lèvent ! Fières en se disant que c’est eux ou elles qui ont mis ces premières pierres.

Il restera deux minutes en temps réel, sept avec le temps supplémentaire accordé par l’arbitre centrale, trois cartons jaunes d’un coté, trois de l’autre.

Alessia Russo et Chloé Kelly, qu’on aperçoit, vont te pourrir les sept dernières minutes avec talents et détermination !

Et le vice est là. Notre chère Chloe kelly va taper causette avec Alessi Russo qui nous a montré avec une belle mandale donnée à Kathrin Heindrich qu’elle n’est pas contre un peu de vice et de lecture. Et les deux joueuses vont nous faire sept minutes dans le coin droit du terrain, collées au poteau de corner, en jouant à « tu me touches, il y a faute », « attention à tes jambes, petit pointu et touche ou corner pour nous ! »

Une minutes cela va, mais sept minutes, c’est beaucoup. Cela énerve. Svenja Huth est prête à dire son compte à ses anglaises malpolies au possible ! Chloe Kelly passe avec le sourire d’une fille entrée dans un magasin Dior avec le dernier sac en promotion (*) toute contente de parader devant celles qui attendent depuis quatre heures, apprenant que « c’est fini mesdemoiselles, le dernier sac est parti ! ».

Il ne faut pas que ces filles divorcent, parce que je te raconte pas comment le ou la mari a intérêt à prévoir les coups bas. Réglementaires, mais bas. Si vous voyez.

L’Angleterre gagne son tournoi après avoir fait jouer la vertu. Des matches pleins, avec un Angleterre-Norvège (8-0) qui restera dans les annales. Une belle opposition face à la Suède décidée sur des buts bien marqués (4-0) en demi-finale. Une seule difficulté pour le match d’ouverture (1-0) contre l’Autriche, les lionesses ont su gagner cette finale en complétant avec le vice et l’expérience.

C’est pour cela que le football féminin va devenir professionnel.

Comme pour les hommes, c’est ce qu’on dit du jeu des professionnels masculins : le vice et la vertu.

William Commegrain Lesféminines.fr

(*) (impossible story, dans le luxe, on ne fait jamais de promotions. On donne, on vend ou on écrase),

En deux minutes, Angleterre 2-1 Allemagne | Temps forts | EURO féminin | UEFA.com

source footofeminin.fr

UEFA Women’s Euro 2022 – Angleterre – Finale
Dimanche 31 juillet 2022 – 17h00 locales (18h00 françaises)
ANGLETERRE – ALLEMAGNE : 2-1 a.p. (0-0, 1-1)
Londres (Wembley Stadium) – 87 192 spectateurs
Temps partiellement couvert (26°C) – Terrain excellent
Arbitres : Kateryna Monzul (Ukraine) assistée de Maryna Striletska (Ukraine) et Paulina Baranowska (Pologne). 4e arbitre : Stéphanie Frappart (France). Arbitres VAR : Paolo Valeri (Italie) assisté de Maurizio Mariani (Italie) et Pol van Boekel (Pays-Bas)

Buts
1-0 Ella TOONE 62′ (Lancée par Walsh, Toone part dans le dos de Hendrich et Hegering, entre côté droit de la surface où elle place une balle piquée du droit de 15 m qui lobe Frohms et retombe dans le petit filet opposé)
1-1 Lina MAGULL 79′ (Servie par Hendrich côté droit, Lohmann conserve le ballon, revient vers l’axe puis glisse le ballon à Waßmuth dans la surface sur le côté qui centre pour trouver Magull qui coupe du gauche à 5 m au premier poteau et expédie le ballon dans la lucarne gauche)
2-1 Chloe KELLY 110′ (Corner côté droit tiré par Hemp qui arrive dans les 5,5m sur Bronze qui dévie puis Kelly reprend une première fois à bout portant. Frohms repousse mais la seconde tentative du droit à 3 m termine dans le but)

Avertissements : Georgia Stanway 23′, Ellen White 24′, Alessia Russo 100′, Chloe Kelly 111′ pour l’Angleterre ; Felicitas Rauch 41′, Lena Oberdorf 57′, Lea Schüller 58′ pour l’Allemagne

Angleterre
1-Mary Earps ; 2-Lucy Bronze, 6-Millie Bright, 8-Leah Williamson (cap.), 3-Rachel Daly (5-Alex Greenwood 88′) ; 10-Georgia Stanway (16-Jill Scott 88′), 4-Keira Walsh ; 7-Beth Mead (18-Chloe Kelly 64′), 14-Francesca Kirby (20-Ella Toone 56′), 11-Lauren Hemp (17-Nikita Parris 120′) ; 9-Ellen White (23-Alessia Russo 56′). Entr.: Sarina Wiegman
Non utilisées : 13-Hannah Hampton (G), 21-Ellie Roebuck (G), 12-Jessica Carter, 15-Demi Stokes, 19-Bethany England, 22-Lotte Wubben-Moy

Allemagne
1-Merle Frohms ; 15-Giulia Gwinn, 3-Kathrin Hendrich, 5-Marina Hegering (23-Sara Doorsoun-Khajeh 103′), 17-Felicitas Rauch (4-Lena Lattwein 113′) ; 20-Lina Magull (16-Linda Dallmann 91′), 6-Lena Oberdorf, 13-Sara Däbritz (8-Sydney Lohmann 73′) ; 9-Svenja Huth (cap.), 7-Lea Schüller (14-Nicole Anyomi 67′), 22-Jule Brand (18-Tabea Waßmuth 46′). Entr.: Martina Voss-Tecklenburg
Non utilisées : 12-Almuth Schult (G), 21-Ann-Kathrin Berger (G), 2-Sophia Kleinherne, 10-Laura Freigang
Blessée à l’échauffement : 11-Alexandra Popp
COVID-19 : Klara Bühl