Les moments sportifs faits pour écrire l’Histoire sont plutôt rares. Les JO le permettent, notamment quand tu doubles comme Marie Josée Perec pour la France (400 mètres 88 et 92) ou quand tu atteints un record. Trois médailles d’or pour la française, pour rester dans l’Hexagone.

Le cyclisme a connu cela avec Jeannie Longo pour rester dans l’univers féminin, 34 titres nationaux, 10 en championnats du monde, une médaille d’or olympique pour ne prendre que les premières places.

Aujourd’hui, plutôt inconnue mais très présente à son époque. Certainement la sportive de haut niveau qui a le plus gagné dans l’histoire du sport féminin français.

D’autres sportives viennent facilement en mémoire : Colette Besson (400 mètres en 1968), la nageuse Christine Caron (Argent 1964 et 1968), beaucoup en ski avec l’emblématique Marielle Goitschel, plutôt grande gueule. Plus actuelle sans être d’aujourd’hui, on pourrait parler d’isabelle Autissier, l’acrobate des montagnes Isabelle Pâtissier, Laura Flessel à l’escrime et quelques judokas féminins. A part Wendie Renard, (football) et la judoka Clarisse Agbegnenou, cinq fois championne du monde, peu ressortent comme uniques.

C’est montrer à quel point, dans le sport féminin, il est difficile d’entrer dans l’Histoire.

Si l’Angleterre remporte le titre européen qui se joue à Wemblay, en fin d’après-midi (18 heures, heures françaises, en direct sur TF1 et Canal plus) ; sa coach Sarina Wiegman, entrera dans l’histoire de la mondialisation du football, et dans celle de l’Angleterre :

  • Si elle n’est pas la première coach à gagner l’Euro de manière successive, elle sera la première coach à doubler le gain de l’Euro sous deux pays différents : Pays-Bas et Angleterre
  • Elle sera la troisième coach, avec l’illustre Pia Sundhage (USA et Brésil) et l’anglaise Beverly Prietsman (Canada Or Olympique) à gagner récemment un titre pour une sélection nationale dont elle ne possède pas la nationalité. Cela ouvre des possibilités dans un monde footballistique où la sélection nationale est souvent donnée à un coach de même nationalité.
  • Enfin, pour l’Angleterre, elle sera la première coach à lui donner un titre international. L’Angleterre, souvent présente avec sa finale de l’Euro en 2009 et 1984, 3e place au Mondial 2015, 4e au Mondial 2019 mais jamais titrée, que ce soit en équipe nationale comme pour ses équipes de club : 1 seul titre européen pour Arsenal en 2007.

Cette rencontre est attendue

Il faut imaginer l’attente du côté britannique ! Wembley plein, des joueurs de football masculin qui réclament des places aux joueuses de l’équipe nationale, la garde royale britannique qui joue « Sweet Caroline », le tube des joueuses chanté dans les vestiaires et l’attente télévisuelle incroyable !

Même en France, la case 18h00 est bloquée au compteur. Il y aura du monde, celui qui est inhabituel, derrière l’écran du possible ou de l’impossible pour les deux équipes.

L’Europe du football attend un grand match.

les coaches personnalisent bien la différence

D’un côté Sarina Wiegman qui demande à ses joueuses du jeu, de l’envie dans le jeu, du spectacle et de savoir gérer les moments où le vent contraire soufflera pour trouver, la solution qu’elles portent en elles. Lorsque le réalisateur te la propose face caméra, il y a deux Sarina. Celle inquiète, rentrée sur elle-même quand les moments sont contraires comme face à la Suède. Elle doute, se renferme et puis la décision est prise.

Alors l’explosion devient vitale, notamment lorsque le management a donné ses fruits, par la victoire. Bras levés au ciel.

Du côté Martina Toss-Veklenburg, il n’y a pas de concession à la surprise. Tout est ordonné, pensé à l’avance. Elle gère son équipe comme un chef commando. Chacun connait son rôle, a été choisie pour être là et sait qu’on va lui demander de faire ce pour quoi elle se trouve sur le terrain. C’est assez militaire, tayloriste, mécanique. Les choses sont prévues de manière industrielle. Toute la culture allemande est dans ce cadre : être un rouage performant pour que l’équipe soit performante.

Ce sont deux conceptions différentes qui vont s’opposer avec des joueuses qui adhèrent totalement aux principes demandés.

Pour quels scores ?

Les scores dans le passé ont été lourds : en 2017, les Pays-bas l’ont emporté (4-2) face au Danemark ; en 2009, l’Allemagne s’est imposée 6-2 contre l’Angleterre ; en 2007, la Norvège a plié sur le score de (1-3) face à l’Allemagne ;

Seul en 2013, une petite Allemagne a gagné (1-0) contre la Norvège qui a bénéficié de deux pénalties arrêtés par la gardienne allemande Nadine Angerer.

Voilà pour le passé.

L’Allemagne de 2022 est une grande Allemagne défensive avec un seul but encaissé sur un csc pour treize buts de marqués. L’Angleterre est une grande Angleterre offensive, avec 20 buts marqués et un score fleuve de (8-0) contre la Norvège pour un but encaissé. Les deux gardiennes Frohms (Allemagne) et Earps (Angleterre) sont au sommet de leur performance.

Je vois bien une finale à couper le souffle sur un (0-0) avec prolongations : personne ne voudra baisser la tête et les deux équipes ont la capacité de supporter les attaques adverses.

En fait, un combat de boxe dont la victoire se décidera dans les derniers rounds, aux points.

William Commegrain Lesféminines.fr