Le début a été serré. Très serré. Un match de compétition où chacune des deux équipes cherchaient à déstabiliser l’autre, tout en ayant l’essentiel de leur sens, utilisé à ne pas être déstabilisé en premier. Les grandes lignes de la répartition des postes et des missions se dévoilent rapidement : Bilbault fait une faute sur un tacle, le coup franc est donné, joué sur Alexandra Popp dont on ne sait pas encore, qu’elle sera la future star de cette rencontre. Juste derrière, se trouve Wendie Renard, au marquage.

Diani part en profondeur pour la France, avec sa puissance. Elle bouscule la ligne de défense adverse qui recule. Dans les moments suivants, c’est Magull pour l’Allemagne qui contre, bien placée entre Perisset et M’Bock. Elle a quelques pas d’avance qui deviennent des pas de retards devant le retour de la défense française. L’allemande temporise.

Pauline Peyraud Magnin est testée sur les sorties hautes. Sans garantie avec un poing qui se dévisse sans inquiéter pour autant la France, si ce n’est qu’on est en demi-finale et que tout détail qui inquiète, est un détail de trop pour les français pour devenir la lecture d’un point faible pour les allemandes. La gardienne française, trentenaire, n’est pas née de la dernière pluie et sécurise son monde avec une belle horizontale à la 21′ sur un coup franc aux seize mètres.

La France pousse mais n’obtient son premier coup franc qu’à la 32′. Pour quelles raisons ? Alors quel’Allemagne doit en être à son cinquième ? Simple, les allemandes, au physique et au souffle impressionnants récupèrent tous les ballons sans faire de fautes, d’ailleurs faute de partenaires visibles pour les françaises, entourées par quatre gardes allemandes à chaque contact. A l’inverse des françaises, fatiguées par leur demi-finale qui laissent chacun, ou plutôt chacune, à sa tâche.

La force d’Alexandra Popp sur Eve Perisset (1-0, 40′) Crédit UEFA

Arrivera ce qu’Alexandra Popp avait décidé qu’il fallait qu’il arrive. Une petite pichenette de génie aux cinq mètres cinquante, zone que les allemandes cibleront très souvent. Là, où la gardienne n’intervient pas et où chacun est laissé à soi-même. Les soixante quinze kilos de la capitaine allemande rendront grâce au un mètre soixante d’Eve Perisset. Une envie d’y aller qui emporte tout sur son passage et fusille Pauline Peyraud Magnin sous sa transversale (40′, 1-0).

La capitaine allemande, blessée en 2013, blessée en 2017, veut boire la Coupe en 2022. Cinq buts en autant de matches.

Kadidiatou Diani, visiblement n’apprécie pas. Placée au centre, elle contrôle dos au but, se l’emmène sur sa gauche et envoie une mine qui fait trembler le poteau de Frohms ! Sauf que le geste est si inattendue, si propre, que le Dieu du football nous le fait entrer, la balle percute le dos de la gardienne et finit dans les filets. (44′, 1-1).

Le but vainqueur de Kadidiatou Diani, transformé en tir vainqueur et csc de la gardienne Frohms (Crédit UEFA)

On est soulagé. Tout est possible même si dans le jeu rien n’a été montré pour nous dire qu’il y avait quelque chose de possible. Les allemandes sont deux crans au-dessus en récupérant et créant quand les Bleues ont du mal à récupérer et autant à créer.

Ce qui fait dire à Corinne Diacre qu’il ne fallait pas attendre que cela soit facile ! mais au moins, on a le mental.

Quand ce n’est pas Magull qui joue, c’est Huth qui s’exécute. On a quinze minutes dans le dur, et quand Selma Bacha part en contre, qui la contre dans la surface de réparation allemande ? Alexandra Popp, supposée être aux avant-postes.

Pour autant les Bleues s’essayent. Selma Bacha a une belle opportunité, sortie du visage par Heindrich. Sur le corner, enfin Wendie Renard a une occasion de but. Sa tête piquée est reprise par la gardienne Allemande (63′).

A la 67′, c’est l’autre défenseure centrale allemande, visiblement ailleurs, qui donne une balle en retrait prête à faire le bonheur de Kadidiatou Diani. Pourtant, chacun sait la rapidité de la française. Qui l’emmène dans le côté gauche ? C’est Lena Oberdorf, milieu défensif, venue faire le dernier geste qui fait de l’opportunité, une occasion ratée pour les Bleues.

C’est le moment de l’Allemagne. Brands, élancée comme une coureuse de 400, 20 ans, bénéficie d’un ballon plein axe que Griedge M’Bock défend comme on défend ses buts, pour gagner à l’orgueil. Double contact. Double défense. La balle contrée est si forte qu’elle s’aventure sur les ailes. Centre, là encore aux cinq mètres cinquante ! et qui est là ? Alexandra Popp, intelligemment placée trois mètres en arrière et qui vient au contact de Griedge M’Bock, pleine vitesse pour écraser une tête vainqueur (2-1, 76′).

Le saut de l’Ange Alexandra Popp, buteuse sur le 2e but allemand (crédit UEFA)

Au résumé, on voit que Selma Bacha aurait pu empêcher le centre avec plus de jus et que Clara Matéo avait le temps d’avertir ses partenaires ou d’agir sur la position de l’allemande. Mais les joueuses sont fatiguées, à l’évidence. Elles n’ont plus de jus.

Il reste l’opportunité du possible. Selma Bacha fait un extérieur qui frôle le poteau quand du côté allemand, Linda Dallmann a la balle de (3-1) à la 90′, sauf que son tir trouve la cuisse de …. Bacha et sort extérieur.

L’arbitre sifflera la fin de la rencontre sur le constat de la force physique allemande, de sa volonté de défendre contre les attaques nerveuses et redoutables françaises, alors que les Bleues n’avaient pas les moyens de répondre aux qualités allemandes autrement qu’en espérant sur les leurs.

Des qualités françaises que l’Allemagne a bien maitrisé.

L’Allemagne va chercher son 9e titre européen sur treize éditions face à l’Angleterre qui, à domicile, devant un Wembley plein, va chercher à prendre son premier titre, pour s’ouvrir une voie royale au pays de la Royauté.

Se disputera, à côté, le titre de meilleure buteuse de l’Euro entre Beth Mead l’anglaise et Alexandra Popp (6 buts). Le vainqueur détendra un nouveau record, la reconnaissance de la meilleure joueuse de l’Euro et pas loin d’une reconnaissance FIFA, UEFA et Ballon d’Or.

Alexandra Popp, avec son passé et sa performance présente, est en bonne position.

William Commegrain Les feminines;.fr

UEFA Women’s Euro 2022 – Angleterre – Demi-finale
Mercredi 27 Juillet 2022  – 20h00 locales (21h00 françaises)
ALLEMAGNE – FRANCE : 2-1 (1-1)
Milton Keynes – 27 445 spectateurs
Temps nuageux – Terrain excellent
Arbitres : Cheryl Foster (pays de Galles) assistée de Michelle O’Neill (Irlande) et Guadalupe Porras Ayuso (Espagne). 4e arbitre : Lina Lehtovaara (Finlande). Arbitres VAR : Tomasz Kwiatkowski (Pologne) assisté de Bartosz Frankowski (Pologne) et Tiago Martins (Portugal)

Buts :

1-0 Alexandra POPP 40′ (Brand couloir droit joue pour Huth à l’angle de la surface qui délivre un centre que Popp vient couper devant Périsset du gauche à 8 m catapultant le ballon sous la barre)
1-1 Merle FROHMS 44′ c.s.c. (Toletti dévie de la tête un ballon un ballon de relance de Karchaoui pour le prolonger sur Diani à 20 m côté droit qui revient vers l’axe et déclenche une frappe du droit qui va heurter le montant droit allemand avant de rebondir sur le dos de Frohms qui envoie le ballon dans son but)
2-1 Alexandra POPP 76′ (Sur un ballon contré, le ballon ressort côté droit où Huth a le temps de délivrer un centre pour Popp qui arrive élancée à 7 m et s’impose dans son duel aérien avec Mbock et Renard pour piquer son ballon sur la gauche de Peyraud-Magnin)

Avertissements : Giulia Gwinn 74′, Lena Oberdorf 90+4′ pour l’Allemagne ; Sandie Toletti 21′, Selma Bacha 56′ pour la France

Allemagne
1-Merle Frohms ; 15-Giulia Gwinn, 3-Kathrin Hendrich, 5-Marina Hegering (23-Sara Doorsoun-Khajeh 81′), 17-Felicitas Rauch ; 20-Lina Magull (16-Linda Dallmann 68′), 6-Lena Oberdorf, 13-Sara Däbritz (8-Sydney Lohmann 69′) ; 22-Jule Brand, 11-Alexandra Popp (cap.), 9-Svenja Huth (18-Tabea Waßmuth 90′). Entr.: Martina Voss-Tecklenburg
Non utilisées : 12-Almuth Schult (G), 21-Ann-Kathrin Berger (G), 2-Sophia Kleinherne, 4-Lena Lattwein, 7-Lea Schüller, 10-Laura Freigang, 14-Nicole Anyomi

France
21-Pauline Peyraud-Magnin ; 22-Ève Périsset, 19-Griedge Mbock Bathy, 3-Wendie Renard (cap.), 7-Sakina Karchaoui ; 6-Sandie Toletti (18-Ouleymata Sarr 80′), 14-Charlotte Bilbault ; 11-Kadidiatou Diani, 8-Grace Geyoro, 20-Delphine Cascarino (10-Clara Matéo 61′) ; 12-Melvine Malard (13-Selma Bacha 46′). Entr.: Corinne Diacre
Non utilisées : 1-Mylène Chavas (G), 16-Justine Lerond (G), 2-Ella Palis, 4-Marion Torrent, 5-Aïssatou Tounkara, 15-Kenza Dali, 17-Sandy Baltimore, 23-Hawa Cissoko Sandy Baltimore, 18- Ouleymata Sarr, 23- Hawa Cissoko.