Un Euro relevé

Le dernier carré de l’Euro 2022 a tout d’un carré mondial avec l’Angleterre (8e), la Suède (2e), l’Allemagne (5e) et la France (3e). Les Pays-Bas (5e) et l’Espagne, 7e éliminés, vous pouvez aisément comprendre que le Top 10 mondial a principalement des couleurs européennes.

Manquent, venues des autres confédérations les USA (1e), le Canada (6e), le Brésil (8e) et la Corée du Nord (10e). On se demande d’ailleurs comment cette nation peut apparaître si haut sans avoir joué de compétitions internationales depuis Londres 2012 pour des problèmes de dopage en 2011.

Atteindre la finale et un autre monde s’ouvre aux joueuses

La finale se jouera à Wembley, plein comme un œuf, avec un peu plus de 75.000 spectateurs et l’ensemble du football anglais derrière les écrans. Peut-être même le Commonwealth, fait de 56 états, soit « grosso modo », un peu plus de deux milliards de personnes

Deux solutions en tant que joueuse. Ou tu t’arrêtes en demi-finale d’un France Allemagne qui va toucher environ 10 millions de personnes au plus pour les deux nations et tu perds cette demi ; ou tu gagnes, peu importe comment, et tu vas en finale pour être vue par au minimum cent millions de personnes, les Princes William et Harry, la Reine d’Angleterre et tous ses sujets !

Les joueuses de football aiment deux choses : l’argent et la renommée, c’est à dire être inspirantes. Là, certain que les finalistes vont l’être et pendant longtemps !

Si le message est aussi vrai pour les françaises que pour les allemandes, le simple fait qu’il soit écrit en français indique vers qui il est adressé.

C’est certain, les finalistes auront une audience mondiale que le Mondial féminin de football n’apporte pas du simple fait que ce sera l’Angleterre et son univers, ni les JO, inséré dans un peu plus de quarante sports différents.

Je ne sais pas si c’est un RDV qu’ont peut rater ? Dans les faits, c’est plutôt un RDV où on a envie d’être !

L’Allemagne et la France sans remonter à Mathusalem

L’Allemagne nous promet des duels que nous allons regretter d’après Lena Oberdof, 20 ans. Un physique à l’image de son rôle de numéro six. Connaissant la joueuse, c’est un pléonasme ! La fille ne fait jamais dans la dentelle. Sara Däbritz nous fait comprendre qu’elle en sait beaucoup sur le jeu des parisiennes, Geyoro, Diani, Perisset, Karchaoui et le téléphone ne doit pas être loin avec Marozsan Dzsenifer, joueuse lyonnaise depuis 2017, blessée et normalement capitaine de l’Equipe allemande.

Ce serait malheureux pour la Mannschaft que Martina Voss-Tecklenburg en ait besoin quand le football féminin est passé depuis longtemps au stade des datas et des matches disséquées, coupées, recoupées de toutes les joueuses, avec leurs défauts et qualités.

Quelles sont nos forces depuis le France-Allemagne du Mondial 2015, dernier match de compétition officielle, que nous avions mené et gagné en contenu pour le perdre aux tirs au but (1-1, 5 tab à 4). Le reste étant fait de tournois à la SheBelieves Cup (1V, 1N, 1D) au bilan équilibré ou de matches amicaux (2V, 1N, 2D).

On ne perdrait pas aux tirs au but. L’Allemagne nous faisait peur ; aujourd’hui l’Allemagne ne nous fait plus peur.

Je me souviens le lendemain du quart en 2015 avoir été invité sur la radio de Winamax pour répondre à la question ; « peut-on battre les allemands ? »A cette période, le journaliste avait encore en mémoire le traumatisme de Séville 1982 et les résultats des clubs. En plus avec la réussite des féminines.

On peut même dire que si la défaite de 2017 (4-0, 24 novembre 2017) subie par la France avait failli coûter la place de Corinne Diacre, tout juste intronisée ; la victoire française au retour en Allemagne quelques mois plus tard (3-0, 7 mars 2018) a couté celle de Steffi Jones, sélectionneuse allemande de l’époque.

Je ne dirais pas que l’Allemagne a peur de la France mais le rapport s’est équilibré. Bien que la coach allemande a un contrat qui se termine en Juin 2022.

Dans les faits, le dernier match remonte à Juin 2021, terminé par une victoire française (1-0) avec une bonne partie des joueuses du groupe des vingt trois actuels.

A l’Euro, le bilan allemand est de onze buts marqués pour aucun encaissé. De l’équipe type, il manquera l’attaquante Klara Bühl, 21 ans, positive au Covid. Une joueuse au tir puissant qui a le même style de jeu que Delphine Cascarino avec de la vitesse et des tirs puissants.

Et si la réponse venait des jeunes de 2012, 2014, 2016, 2019 maintenant chez les A ?

Sinon la composition du groupe allemand est un mélange entre des joueuses d’expérience qui ont dans l’idée qu’il est normal de gagner la France puisque c’était ce qu’il arrivait dans le passé, avec Alexandra Popp par exemple ; d’autres qui en jeunes, ont mordu la poussière, avec les françaises.

Des françaises souvent vainqueures de l’Euro U19 (2010, 2013, 2016, 2019) ; l’Allemagne n’ayant plus gagné cette compétition en jeune depuis 2011. Un déficit qu’on retrouve dans la Mannschaft actuelle qui cherche les jeunes de ces générations, pas prises pour l’essentiel dans les 23 de Martina Voss Tecklenburg.

Onze ans sans euro en U19, c’est plutôt une faiblesse pour les A allemandes en 2022.

Aux mondiaux U20, depuis 2014, l’Allemagne n’est plus dans le dernier carré ! C’est encore une faiblesse pour les A en 2022. Et peut-être que cela explique le recul de l’Allemagne au classement FIFA : 5e en 2022 après voir été première et seconde mondiale pendant vingt ans environ.

Du côté français, depuis le Mondial 2014, la France a fait en U20 3e au Canada, seconde en 2016 et 4e en 2018.

L’avenir est plutôt français. De bonnes places en U20, des titres en U19. Des générations présentes dans les 23 français.

C’est peut-être là où les Bleues doivent regarder. Dans les A de 2022, elles viennent d’une pente ascendante logique et continuelle quand l’Allemagne se tient un peu plus sur les côtés pour ne pas tomber plus bas.

Ce qui nous fait peur à nous ne fait peut-être plus peur aux jeunes !

France 3e mondial, Allemagne 5e mondial.

Pour une place en finale.

A voir, ce soir, sur TF1 et Canal +, en direct 21 heures.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Le palmarès des titres uniquement, sans compter les finales, des françaises en jeune avec l’Equipe de France :

  • Pauline Peyraud Magnin (30 ans) : Coupe du monde militaire 2016
  • Eve Perisset (27 ans) : néant
  • Griedge M’Bock (27 ans) : Coupe du Monde U17 de 2012, championnat d’europe 2013
  • Wendie Renard (32 ans) : néant
  • Sakina Karchaoui (26 ans) : néant
  • Sandie Toletti (27 ans) : Coupe du Monde U17 2012, championnat d’europe 2013
  • Grace Geyoro (25 ans) : Coupe du Monde U17 2012, championnat d’Europe 2016
  • Charlotte Bilbault (32 ans) : néant
  • Delphine Cascarino (25 ans) : Coupe du Monde U17 2012, Championnat d’Europe 2016
  • Kadidiatou DIani (26 ans) : Coupe du Monde U17 2012, Championnat d’Europe 2016
  • Melvine Malard (22 ans) : Championnat d’Europe 2019

remplaçantes :

  • Mylène Chavas (24 ans) : Championnat d’europe 2016
  • Justine Lerond (20 ans) : Championnat d’Europe 2019
  • Ella Palis (23 ans) : néant
  • Marion Torrent (30 ans) : championnat d’Europe en 2010
  • Aissatou Tounkara (27 ans) : Coupe du Monde U17 2012, championnat d’Europe 2013
  • Clara Matéo (24 ans) : championnat d’Europe 2016
  • Selma Bacha (21 ans) : championnat d’europe 2019
  • Kenza Dali (30 ans) : néant
  • Sandy Baltimore (22 ans) : championnat d’Europe u19 2019
  • Ouleymata Sarr (26 ans) : championnat d’Europe U19 2019
  • Hawa Cissoko (25 ans) : championnat d’Europe U19 2016.