Les deux équipes demi-finaliste de l’Euro 2022 se sont qualifiées dans la douleur et dans la difficulté.

Un quart anglais dans la difficulté

L’Angleterre, pays hôte, 8e mondial a été menée à la 56′ par l’Espagne (0-1, Esther), classée juste devant et n’a dû sa présence en demi-finale qu’à une égalisation d’Ella Toone, entrée dix minutes auparavant, en toute fin de match (86, 1-1).

D’ailleurs sur une décision discutée de l’arbitre française Stéphanie Frappart, sur ce que considérait la capitaine espagnole -que les françaises connaissent bien (PSG, 2016-2021)-, comme étant une faute d’Alessia Russo, ayant glissé son bras pour l’empêcher de sauter ou pour mieux assurer sa tête.

La française décidant qu’il en était de ce geste, d’un duel. Sans aller vérifier à la VAR, disponible pour tous les matches de la compétition, ce qui donnera encore plus de corps à la rancœur de Paredes.

Un quart suédois au dernier instant

De son côté, la Suède ne l’a emporté face à la Belgique qu’à la 90’+2 dans un match où la domination suédoise, deuxième équipe mondiale après ses résultats réussis au Mondial 2019 (3e) et aux JO 2020 (Argent Olympique) n’a pu renverser la Belgique, 19e mondial, faite d’amateurs, semi-professionnels et professionnels.

Un match à sens unique avec 34 attaques suédoises pour 3 belges, qui pour autant, aurait pu créer la surprise, dans une éventuelle séance de tirs au but.

La fête anglaise pour une qualification en finale européenne.

Les quarts ont montré qu’il fallait oublier le contenu et la qualité des matches de groupe où l’Angleterre a impressionné, après un match d’ouverture difficile (1-0 face à l’Autriche). Son (8-0) contre la Norvège restera dans les annales alors que le (5-0) face à l’Irlande du Nord reste assez logique.

Public anglais qui chante « England » « England » (crédit UEFA)

Quatorze buts marqués pour un seul encaissé, aucune blessure à l’horizon, un stade qui chante « England » « England » qu’il soit rempli à 7.000 ou 35.000, cela fait du bruit. La finale du 31 juillet, déjà à guichets fermés, à Wembley, donne un bel objectif et le coaching de Sarina Wiegmann, considérée comme une sorte de gourou féminin, après sa victoire en tant que sélectionneuse des Pays-Bas à domicile en 2017 et la finale mondiale de 2019, crée un environnement « ambianceur » inévitable.

En sachant que l’Angleterre a choisi de prendre le leadership de l’innovation avec un championnat professionnel obligatoire, un sponsor, la Barclay’s qui investit une forte somme sur l’ensemble du football féminin et pas uniquement pour l’élite. Des clubs professionnels masculins à forte renommée comme soutien, et un seul point noir : « tout cela pour çà ? » Les clubs anglais ne passent pas le cut du titre européen.

Seul Arsenal l’a remporté (2007) à une date où le football européen féminin était à des années lumières de ce qu’il est aujourd’hui. On pourrait lui faire même le reproche de voir l’Espagne lui passer devant avec la victoire de Barcelone en 2021 et sa finale perdue en 2022 face à l’OL.

L’Angleterre, 3e au mondial 2015, 4e au mondial 2019, éliminée en quart aux JO, organise ses fiançailles avec les titres internationaux en espérant le mariage avec le Mondial 2023, les JO 2024 à Paris et les titres de la WCL à venir pour Chelsea, Manchester City, Arsenal ?

Quand tu vas quelque part, autant savoir si c’est pour une fête ou pour un enterrement ? Là, de base ce sera une fête.

Les suédoises pourraient être de l’enterrement !

La Suède, s’est mariée plusieurs fois, divorcée, remariée, vit maritalement, célibataire quand elle est éliminée, pacsée certaines fois avec Monsieur ou Madame le Titre. La Suède et la reconnaissance internationale, c’est un long voyage. Il y a des heures de vol au compteur !

Public suédois, présent mais moins nombreux (crédit UEFA)

Elles ne veulent pas faire l’enterrement de l’Angleterre. Aucune joueuse de football féminin ne le veut ! C’est le pays référence pour donner des arguments à booster le football féminin. Toutes professionnelles, de l’argent, la notoriété des clubs masculins et leurs fonds, le public anglais adepte de football et les matches télévisés gratuits sur youtube !

Les suédoises veulent juste empêcher le futur mariage entre l’Angleterre et les titres.

A la question posée par le prêtre : « Qui s’oppose à ce mariage où se taise à jamais ! »,

Onze suédoises, voire vingt trois se lèvent et disent !

« On s’oppose ! ». Elles ne s’opposent pas devant un public raccourci ! Elles s’opposent à Sheffield, plein de 31.000 supporters anglais !

Le public demande : « pourquoi !!! » Alors là, les arguments ne manquent pas.

D’abord les titres, si elles ne connaissent pas tant que cela avec l’Euro 2004 ; les finales, elles connaissent : finale de la Coupe du Monde en 2003, finalistes des Jo en 2016 et 2020 ! Ce n’est pas qu’elles veulent dédire l’Angleterre de son charme, bien que … mais elles disent toutes que le marié, ou la mariée, le titre, elles, les suédoises, elles le connaissent bien mieux que ses adversaires !

En plus, elles sont restées sur le bord du terrain avec leurs demi-finales perdues lors de l’Euro en 1989, 1997, 2005 et même en 2013 comme pays hôte !

Alors, seconde mondiale devant l’Angleterre 8e, elles leur disent que : « c’est à votre tour d’être éliminées en demi-finale bien que pays hôte ». « On en vit très bien, » complètent-t-elle rappelant le Mondial 2019 de la France arrêtée en quart, les JO du Brésil arrêté en demi en 2016 à Rio, le quart du Canada lors de son Mondial en 2015 et elles-mêmes bloquées en demi lors de leur Euro en 2013 !

Le foule gronde, elle n’est pas d’accord et s’avance la capitaine du soir, Leah Williamson :

« Nous, on a Sarina Wiegmann ! »

Sarina Wiegmann dont on ne sait si le gain de l’Euro 2017 est dûe à elle, au public néerlandais tout en Oranje à la maison, aux talents de sa génération avec Lieke Martens, Groenen, Van de Sanden, Miedema ? Un peu de tout cela. Ce qui est sûr, si elle le répète, alors une icône est née.

Du côté suédois, cela ne bouge pas.

Caroline Seger se retourne en direction des vestiaires avec le sourire. 230 sélections au compteur, 20 ans de haut niveau, elle parle assez fort pour que son équipe entende mais en suédois pour que les adversaires ne comprennent pas.

« Ne vous inquiétez pas ! Wiliamson, c’est un nom norvégien … Vous avez vu la Norvège ! »

Et toutes éclatent de rire au souvenir du (8-0) norvégien pris devant les anglaises lors de cet Euro.

Comme d’habitude en football féminin. Un peu, beaucoup s’est joué avant la rencontre. Un peu, si cela n’a pas d’influence sur le terrain. Beaucoup, dans le cas contraire.

On verra, les deux équipes sont très proches. L’Angleterre avec son enjeu offensif : Wiegmann demandant du jeu ; la Suède avec son fond de jeu défensif.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Ici pour vous faire votre opinion avec « les moments forts » du match.

Ici pour la réaction d’Irène Paredes.

Sarina Wiegmann (site UEFA)

Nous avons fait un bilan après l’Espagne et nous avons dit que nous avions montré beaucoup de résilience et beaucoup de caractère. À partir de là, nous avons fait un peu de récupération, puis nous avons commencé à nous préparer pour la Suède. Tout était question de football et de prise de décision au niveau individuel et collectif.

Peter Gerhardsson (Site UEFA)

Maintenant que nous sommes en demi-finale, ce sera un autre type de match, peut-être un peu plus comme le premier que nous avons eu contre les Pays-Bas, où nous parlons de plus de transitions. Je pense que l’Angleterre a de très bonnes transitions, mais nous sommes également bons dans ce domaine. Je pense que ce sera un match plus ouvert que nos précédents.