Le groupe des vingt trois joueuses et du staff de Corinne Diacre, viennent de créer une nouvelle Histoire à l’orée de trois compétitions phares qui vont se succéder. L’Euro qui va bientôt se terminer le 31 Juillet, le mondial 2023 en Australie-Nouvelle Zélande et se terminer par les JO de Paris en 2024.

Les Pays-bas ont du répondant

Elles auraient pu traîner une énième élimination en quart de finale face aux Pays-Bas, leader du football européen depuis 2017 avec leur titre européen et la position de finaliste de la Coupe du Monde en 2019. Jouant un très bon tournoi aux JO, éliminés en quart par les USA.

Cela était tout à fait envisageable, bien que l’adversaire soit un peu moins fort depuis que Sarina Wiegman, la sélectionneuse marabout hollandaise, est allée apporter ses compétences à la sélection anglaise (après les JO de 2021). Les Pays-Bas sont classés 4e mondial, juste derrière la France, en ayant eu le dossard du troisième en 2019.

Décimées pendant cet Euro avec la blessure de sa gardienne titulaire et capitaine, Sari Van Veenendaal, excellement remplacée par la jeune Daphné Van Domselaar (22 ans), auteure de dix arrêts face à la France ; la blessure de Lieke Martens au pied, nouvelle joueuse du PSG après avoir été une des star de Barcelona, et le Covid lourd de sa meilleure buteuse, star en Angleterre, Viviane Miedema ; les Pays-Bas se sont superbement battus, coincés dans les cordes, comme jamais.

Et la France a continué à marteler sa présence, sans douter, en essayant à chaque moment du match, à ne pas descendre en deca d’un niveau dans les moment faibles, pour ensuite continuer à imposer ses moments forts, même si le sort tout au long de la rencontre, leur a refusé, la moindre possibilité de chances.

Le message divin du football s’il existe, était clair ! Si tu veux gagner, il va falloir y aller !

En gagnant cette rencontre haut la main dans le contenu, serré sur le score (1-0, 102′, pénalty), le groupe de 2022 lance la France vers une page blanche qui sera, après le 31 Juillet 2022, leur nouvelle histoire.

Les Bleues ont annihilé le répondant des championnes en titre

Il ne fallait pas attendre des Pays-Bas sur le plan offensif et soumettre Pauline Peyraud Magnin à une forte pression. Les statistiques de l’UEFA indique un seul arrêt pour la française quand la jeune gardienne hollandaise a survolé son but, bloquant dix tentatives françaises.

Leur seule chance fut sur les corners (5) et Pauline Peyraud Magnin n’eut qu’un arrêt à faire sur une tête de Stéphanie Van der Gragt (59′), défenseur centrale, auteure d’un excellent match. Le reste fut bloqué par la défense française, notamment une tentative de volée de Viviane Miedema (90’+ 3) que Wendie Renard contra avec efficacité.

Il me revient une autre occasion hollandaise avec un corner (56′) tiré côté droit. Charlotte Bilbault est au marquage de Miedema. Derrière elle, se trouve Van de Donk, la lyonnaise, plutôt bonne sur cette rencontre. La capitaine hollandaise se démarque et Van de Donk bloque la française qui voulait la suivre. Ni un, ni deux, la meilleure buteuse de l’histoire de la sélection néerlandaise se retrouve seule, entre le point de réparation et les cinq cinquante. Son toucher est raté, empêtrée sur une balle trop haute qu’elle va mal négocier.

A l’évidence elle n’y est pas.

Les françaises y sont et plutôt supers bien

A comparer, on va justement voir que les onze françaises, elles y sont. Pas toutes au même niveau mais toutes avec, en tête, de ne pas s’occuper de ce qui ne va pas, en se contentant de faire en sorte que cela aille plus et mieux la fois suivante.

Cet état d’esprit, au fil de la rencontre, va écraser les hollandaises, produisant un jeu encore plus fort, à chaque fois aussi fort, qui a fait transformer ce match en une puissance française dont on se demandait pour quelles raisons le score n’avançait pas au tableau d’affichage.

Avec juste 50% de plus d’efficacité et moins de malchance, on aurait dû avoir un (3-0) dans le temps de jeu des quatre vingt dix minutes.

On a tellement eu d’opportunités qu’on ne comptera pas le superbe tir cadré de Delphine Cascarino que la gardienne sort d’une main ferme (21′). Pas plus que la tentative de Diani à la 14′. Il y a tellement eu de sauvetages hollandais sur la ligne qu’on laissera tranquille Sandie Toletti sur son extérieur, cage vide de la 23′. Et mettons dans les faits de jeu, le poteau de Delphine Cascarino sur un second ballon lié à un des dixièmes corners français (28′). Allez, je ne vous compte pas le mauvais choix de Melvine Malard, sur une passe de Cascarino à la fin de la première mi-temps (42′) bien que le score n’ayant pas évolué, on a eu une tendance à commencer à se crisper devant ces coups du sort qui se refusaient aux Bleues.

Ce qui reste en travers de la gorge et des esprits, c’est la tentative de Melvine Malard (37′), servie seule par Kadidiatou Diani qui envoie un gauche avec trop d’empressement pour tomber, pile poil sur le genou de Stéphanie Van Der Gragt. Même la goal line technologie ne nous donnera pas la chance de rêver à un ballon passé de l’autre côté de la ligne. Quatre minutes plus tard, c’est Grace Geyoro qui, pareil, tir avec empressement, et trouve encore Stéphanie Van der Gragt (41′) sauvant le but vide.

C’est là où tu te dis qu’il faut de l’expérience pour mettre un pointu des familles, comme dans un cinq cinq, alors que ton coeur et ton âme ne veut qu’une chose ! Que ce ballon entre !

Les françaises se tiennent la tête. Beaucoup d’occasions, tant d’occasions !

La gestion des vestiaires avec tout cela et seulement (0-0), il faut être présent ! Bacha entre …

Les Pays-Bas reviennent bien mieux. Le ballon circule et la France commence à courir après. Cela c’est le scénario potentiel d’une belle défaite. Bien une grosse « merd** » au milieu de la chaussée, que tu as vu au loin mais, pris par un appel, fini sur ton pied droit et gauche. Là, pour les Bleues, une sixième élimination en quart.

A croire que le doute n’a jamais existé dans l’esprit des françaises ou que Corinne Diacre a sorti de sa poche, le feu follet Selma Bacha (62′), pour remettre un coup d’accélérateur à tout cela.

L’image est claire. La coach française prend au cou la jeune française de 21 ans, dont on connait la capacité à bouillir dans sa marmite. Elle te la colle sur sur sein gauche, près du cœur, et Maman donne les consignes à petite fille : « tu vas sauver la France ! »

C’est là que tu vois la différence entre un coach masculin et féminin dans le football féminin. Que Mark Pearson fasse cela, et direct la potence.

Il y a des fois où les femmes parlent aux femmes en sachant comment il faut leur parler. Boum, et boum puis boum, Selma Bacha finira meilleure joueuse du match.

Il faut dire qu’elle dépose des balles (62′, 66′, 90’+3) , à croire qu’elle a une main à la place du pied. Wendie renard, jamais touchée avant, fera deux têtes parfaites et à la 90’+3 lâchera même un juron, croyant comme nous, à l’ouverture du score et à la fin de la rencontre, en faveur des Bleues.

Les prolongations et le but qui se refuse toujours !

On n’en peut plus de ce match qui ne se décide pas. On la joue à l’anglaise, calme. Calme. Toujours calme quand Grace Geyoro s’élève pour un but de la tête tout fait et qui s’échappe des buts néerlandais (87′). Remplacée par Clara Matéo.

Avec tout cela, où sont les hollandaises. Sérieusement, à la rue. Elles sont en train d’exploser. Une à une. Rouges et rouges. Elles-mêmes ; elles ne savent pas pourquoi le score est toujours vierge. Je ne suis même pas convaincu qu’elles en soient contentes et heureuses.

Elles n’ont plus de jus. Nada ! D’ailleurs à demander si la faute de Janssen sur Diani qui donnera la pénalty n’est pas autant une faute de fatigue qu’une faute technique ! Les françaises, comme des boxeuses, les ont assommé de coups. Elles attendent la cloche. Epuisées.

Eve Perisset vient pour exécuter le pénalty. Elle le dira plus tard : Wendie Renard s’est fait stopper celui face à la Belgique car Janice Cayman, sa partenaire en club, avait aidé la gardienne. Là, c’est un quart. Malgré toutes les occasions, rien au score. La capitaine française ne prend pas le risque, même si Van de Dong a été remplacée, et demande à la bordelaise de le faire.

Eve Perisset, la gardienne pas loin d’être encore là !

Souffle, souffle. Elle dira plus tard qu’elle a décidé de ne rien changer et elle envoie une mine côté gauche que la gardienne frôle sans pouvoir l’arrêter. (1-0, 102′).

Il a fallu 102′ pour que la France passe ! Mais elle passe !

Le choix de Corinne Diacre

Et puis là, deuxième superbe coup de la coach. Elle te fait trois changements à la mi-temps des prolongations ! Du jamais vu.

Ouleymata Sarr, avant-centre entre à la place de Diani. Eve Perisset sort et Marion Torrent entre du côté de la défense droite. Ella Palis prend la place de Charlotte Bilbault en six. Avec l’entrée de Clara Matéo à la 88′, la France évolue dans un match de qualification directe avec quatre nouvelles joueuses sur le terrain ! Score (1-0) seulement.

Ce ne sont pas des petits changements. Une attaquante, deux milieux et une défenseure.

A (1-0), si les Pays-Bas reviennent au score, je ne vous raconte pas la presse derrière et les réseaux sociaux surtout.

Cà c’est un signe que la coach connait son groupe, que son travail de faire bouger les joueuses a sa raison d’être. C’est sa patte, qu’elle fait partie d’un style de direction de management et si la France va au bout, ce sera une nouvelle référence dans le coaching.

En attendant, Ouleymata Sarr ne peut rien faire de plus et de mieux. Toutes courent pour que le score en reste là, et c’est exactement ce que voulait Corinne Diacre. La pression reste française et les françaises léveront les bras au ciel quand l’arbitre sifflera la fin de cette seconde prolongation.

Les hollandaises n’ont pas de déception à avoir. La France était au-dessus.

La France a remporté ce quart de finale. Elle jouera sa demi-finale face à l’Allemagne mercredi prochain.

J’ai hâte de savoir ce qu’écrira ce groupe en 2022. A mon avis, je ne suis pas le seul.

William Commegrain Lesfeminines.fr

UEFA Women’s EURO 2022 – Angleterre – Quart de finale
Samedi 23 juillet 2022 – 20h00 locales (21h00 françaises)
FRANCE – PAYS-BAS : 1-0 a.p. (0-0, 0-0)
Rotherham (New York Stadium) – 9 764 spectateurs
Temps nuageux et légèrement venteux – Terrain excellent
Arbitres : Ivana Martinčić (Croatie) assistée de Sanja Rodjak-Karšić (Croatie) et Staša Špur (Slovénie). 4e arbitre : Marta Huerta De Aza (Espagne). Arbitres VAR : Tiago Martins (Portugal) assisté de Luis Godinho (Portugal) et Tomasz Kwiatkowski (Pologne)

But
1-0 Ève PÉRISSET 102′ s.p. (Tacle de Janssen par derrière sur Diani. Penalty sifflé après usage du VAR. Périsset le frappe du droit sur la droite de la gardienne à mi-hauteur qui effleure le ballon)

Avertissements : Stefanie van der Gragt 72′, Dominique Janssen 101′, Vivianne Miedema 103′ pour les Pays-Bas

France
21-Pauline Peyraud-Magnin ; 22-Ève Périsset (4-Marion Torrent 105′), 19-Griedge Mbock Bathy, 3-Wendie Renard (cap.), 7-Sakina Karchaoui ; 8-Grace Geyoro (10-Clara Matéo 87′), 14-Charlotte Bilbault, 6-Sandie Toletti (2-Ella Palis 105′) ; 11-Kadidiatou Diani (18-Ouleymata Sarr 105′), 12-Melvine Malard (13-Selma Bacha 62′), 20-Delphine Cascarino. Entr.: Corinne Diacre
Non utilisées : 1-Mylène Chavas (G), 16-Justine Lerond (G), 5-Aïssatou Tounkara, 15-Kenza Dali, 17-Sandy Baltimore, 23-Hawa Cissoko

Pays-Bas
16-Daphne van Domselaar ; 5-Lynn Wilms (21-Damaris Egurrola 115′), 3-Stefanie van der Gragt, 20-Dominique Janssen, 18-Kerstin Casparij (2-Aniek Nouwen 105′) ; 14-Jackie Groenen, 10-Daniëlle van de Donk (22-Esmee Brugts 72′), 8-Sherida Spitse (17-Romée Leuchter 105′) ; 7-Lineth Beerensteyn (6-Jill Roord 46′), 9-Vivianne Miedema (cap.), 12-Victoria Pelova. Entr.: Mark Parsons
Non utilisées : 1-Jacintha Weimar (G), 23-Barbara Lorsheyd (G), 4-Merel van Dongen, 13-Renate Jansen, 15-Caitlin Dijkstra, 19-Marisa Olislagers