Regardez un match de football sur la RBTF belge vous envoie tranquillement et sereinement sur une autre planète, pas si désagréable que cela.

En dehors du vocabulaire, avec ces « montées au jeu » pour traduire les entrées des joueuses, la « carte » pour ce qu’on appelle le carton jaune, le « grand et petit rectangle » pour la fameuse surface de réparation et les cinq mètres cinquante, sans oublier le « coup de coin », j’ai particulièrement apprécié l’expression « ca tient … comme un meuble en kit ! » pour illustrer les trente quatre attaques suédoises face aux trois belges et l’indignation bien mesurée quand l’arbitre oublie de protéger une joueuse belge « Ah là, ça ne va pas ça ! ».

Il y a comme une fraîcheur dans leur vision du football, commentatrices tout autant que supportrices positives, prenant les efforts et la domination suédoise comme une chance lorsque le score restera toujours à (0-0), avec un sourire complice pour le but hors jeu refusé à Blaskstenius, ne demandant jamais à son équipe l’impossible et trop contente que l’impossible, la défaite, mette tant de temps à se dessiner.

Et lorsque la statistique UEFA apparait avec une possession de 53% pour la Belgique, elle préfère en sourire et en rire. « On doute mais on prend ! »

A aucun moment, elles ne se transforment en joueuse qui aurait dû plus ou moins faire quelque chose dans le geste, c’est plutôt une attitude qu’elle salue et espère, voyant toujours le bien et moins le mal. Trois attaques, c’est peu mais on sait jamais, elles peuvent le faire ! Et quand la Tom pouce de l’Euro Philtjens rate sa tête offensive, le commentaire, après le « hoo » de la surprise, est « quel dommage », espérant une autre occasion.

En France, avec une équipe masculine trustant la première place mondiale FIFA pendant quatre ans comme l’ont fait la Belgique, la joueuse aurait pris « grave ! »

Sur le plateau, deux dames de la cinquantaine, tranquille, ne manquant pas d’humour, sur le second carton de Philtjens, la privant de la demi-finale. « Ce n’est pas grave, elle sera là pour la finale !  » Blague belge bien comprise par l’animateur, qui reprend de plus belle, sourire en coin.

La Belgique a joué un match léger avec une force de titan

La Belgique, avec huit professionnelles dans un groupe de vingt trois, a mis son cœur sur le terrain, face à la 2e équipe mondiale actuelle, 3e du dernier mondial et vice-championne olympique 2020 de Tokyo. 19e mondiale, avec comme statistique, le fait d’avoir marqué au moins une fois à chaque match de groupe, les coéquipières de Tella Wullaert, ex-joueuse d’Arsenal, et Janice Cayman (OL), faisaient espérer la Belgique toute entière.

La domination suédoise était attendue ! Voilà un nouveau corner, « dix corners comme d’habitude ! » venue des commentrices, et aussitôt le message positif traduisant ce qu’elle voyait sur le terrain « on a l’habitude contre l’Italie ». Au final, dix joueuses belges dans le « grand rectangle » prête à dégager ce ballon le plus tôt possible, se livrant sur les deuxième ballons suédois. Un pied, une tête, la gardienne, les tentatives hors cadres, tout et n’importe quoi pourvu que cela n’entre pas.

Et ce n’est pas entré. Cela n’entrait pas.

34 attaques et tirs suédois. Rien n’entre. Angeldal, désespérée !

Même quand Asllani, l’ancienne joueuse du PSG passée par tous les clubs européens pour signer à la Juve la saison prochaine, lance Blackstenius (ex-montpelliéraine), la joueuse du tournoi qui a réalisé le plus de tirs cadrés de la compétition. Le centimètre d’une épaule lui refuse le but. Quand ce n’est pas la gardienne Nickie Evrard, meilleure joueuse de la rencontre, qui fait les arrêts qu’il faut.

Normalement comme exceptionnellement (6′, 14′, 34′, 47′ et 63′). L’UEFA en comptera sept sur les huit tirs cadrés suédois. Le seul entrant le sera à la 90’+2 d’un match qui s’est terminé à la 90’+3, sur un double arrêt d’EVRARD qui ne pourra rien sur la 3e tentative suédoise.

Linda Sembrant, monté sur ce dernier corner, sera la 3e joueuse à essayer l’impossible, elle place un pied du pied qui termine dans les filets (1-0, 90’+2).

Linda Sembrant ouvre enfin la marque à la 90’+2

Le match se terminera sur les larmes justifiées de ces filles amateurs, quart de finaliste à l’Euro 2022, ayant énormément « voyagé » (couru) dans la partie, qui aurait pu croire à sa chance avec le « petit » (tir) de Dhont, frappe pure qui va chercher la lucarne extérieure, sur une des rares « reconversions » (transitions) belges ».

« C’est pas grave ! » du côté des commentateurs ; « on est fière de notre travail » du côté des joueuses ; la seule chose attendue de la Belgique ne sont pas des salaires mais le statut de professionnelles pour être « fit » et au niveau des athlètes que sont devenues les joueuses de haut niveau en football.

Être « fit », c’était le championnat français en 2012-2015.

Les suédoises ont joué ce match comme un train vous propose un voyage d’un point à un autre. Toujours à la même vitesse, avec normalement, une heure d’arrivée certaine. Sauf que tout le monde sait que les trains arrivent aussi en retard, ce qui a failli arriver à la Suède dans ce quart.

La Belgique a joué ce match avec l’ambition de se battre sur chaque ballon et de jouer ses coups à fond. Venues à vélo, elles auraient pu arriver avant la Suède au stade des demi-finale avec ce (0-0) qui s’éternisait et prenait à chaque minute supplémentaire, de plus en plus, de poids.

Il a manqué un « petit » cadré belge.

La Suède rencontrera l’Angleterre, mardi 26, 21 heures, pour une demi-finale entre le 2e mondial et l’Angleterre, pays hôte, 8e mondial.

William Commegrain Lesfeminines.fr