La conférence de presse de Corinne Diacre et Wendie Renard m’a donné le ton du titre : La France, les yeux dans l’Histoire quand les joueuses auront les yeux sur le terrain.

Le premier point ayant donné des lignes d’écriture conséquentes, j’ai scindé pour en faire deux. Cette partie concerne les joueuses.

Les joueuses, à la base, jouent un match qui n’a pas de passé et dont elles écrivent l’avenir en quatre vingt dix minutes et plus.

A l’inverse d’un match de tennis, le gagnant d’hier n’est pas nécessairement celui d’aujourd’hui. Le sport d’équipe donnant, par essence, plus de chance à l’inconnu de bousculer le contenu et le résultat de la rencontre. Il faut que l’équipe soit bonne. Et quelque fois, les équipes perdent sur l’erreur d’une coéquipière. Le football est cela.

Wendie Renard ne dit pas autre chose si vous écoutez ses réponses. Collectivement. Collectivement et collectivement, pas d’erreurs dans les 90′ et plus, en étant efficace dans les deux surfaces. Une pour défendre, l’autre pour marquer.

Quand on entre sur un terrain, la joueuse est la seule à savoir ce qu’elle ressent. Ensuite, il y a le match, les premiers mouvements, la touche, la lecture du jeu et des adversaires. Là, à l’inverse, les partenaires sentent immédiatement si la joueuse est dedans ou pas.

Au très haut niveau, il est impossible de savoir si la joueuse va aller au bout d’elle-même ou pas. C’est une production individuelle. Va-t-elle rester dans son rôle, en sortir ? tenter un truc impossible. Appliquer sans bouger les consignes. Réfléchir ou pas ?

Personne ne mesure la réflexion des joueuses. A croire que quand tu joues, tu ne penses pas !!!

Mais des milliers d’informations t’arrivent ! Sur toi. Sur ton adversaire. Sur les autres.

Revenons en arrière sur les quarts. La joueuse anglaise, dans le premier quart Angleterre-Espagne entre le 8e mondial et 7e, sait qu’elle ne saute pas aussi haut qu’Irène Paredes. Elle met son bras devant elle. Elle a réfléchi. Cela donnera l’égalisation (86′, 1-1).

Dans le second quart, Alexandra Popp qui court de telle manière à ne pas être vue par la gardienne Zinsberger pour contrer son dégagement. Elle a réfléchi à ce que lui a dit le coach des gardiennes (2-0, 89′). Quart de finale plié. La buteuse allemande, pour le premier but, Magull, réfléchi à son plat du pied.

Les suédoises ont buté 90′ sans réfléchir sur les trente quatre attaques sauf sur le but refusé à Blackstenius.

Quand tu joues, tu réfléchis aussi. Et en quart, visiblement, les occasions sont si rares que si tu ne réfléchis pas, tu regrettes et tu pleures.

Entre les Pays-Bas et la France, il y a un cheveu d’écart. Un coup du côté néerlandais, un autre du côté français.

Comment les françaises vont réfléchir aux situations qui vont se présenter ? La coach peut proposer, ordonner mais l’action revient aux joueuses.

C’est pour moi la seule inconnue des Bleues. Autant, techniquement, elles sont fortes. Autant tactiquement, elles savent déplacer des montagnes. Autant, elles auront la volonté de jouer. Autant, on ne sait pas comment elles vont réfléchir pendant ce match pour trouver des solutions immédiates.

La différence se fera dans la tête. Non pas au mental. Aucune joueuse ne voudra, ne pas mettre son cœur dans la bataille, mais à la réflexion. A l’intelligence du football. DU sport.

Voyez le Tour de France, pourtant un effort individuel. Les étapes se gagnent ou se perdent à l’intelligence et à la réflexion. En football, on a un peu oublié cet aspect là.

Celle(s) qui comprendra le match emmènera les autres.

William Commegrain Lesféminines.fr