Le quart de finale entre le 8e mondial, l’Angleterre et la 7e nation, l’Espagne a tenu ses engagements. Sur le plan du cœur, sur celui de l’intensité, sur l’émotion à tel point que les deux commentateurs et ex-joueur et joueuse de football, Ian Wright et Alex Scott, ont explosé au moment de l’égalisation anglaise de la jeune Toone (20 ans), à la 84′ (1-1).

Si le match a rempli son office devant un stade quasiment plein (28.994 spectateurs) et dont la ferveur était immense ; c’est que les deux équipes ont joué avec leurs qualités, cherchant à renverser l’autre sur leurs points forts.

La lutte pour le drapeau

La lutte pour le drapeau est le sous-titre espagnol, écrit avec des mots et émotions montrant le dédain anglais face au onze de la Roja. Il a été encore plus vrai pour les anglaises quand l’Espagne a ouvert le score d’un tir croisé dans la surface. L’incroyable se réalisait : les espagnoles étaient en tain de sortir le pays hôte devant 29.000 spectateurs qui chantaient et criaient « England ! » « England ! ». Cela fait du monde et du bruit contre toi.

Le match s’est d’ailleurs joué sur le ton unique de l’émotion à la 54′. Sur le but espagnol. Le jeu de souris de l’Espagne, faite de petites touches à jeu court, pratiqué par des joueuses qui rendait facilement dix centimètres et quinze kilos à leurs adversaires anglaises, profitait d’une facilité dans le dribble de Del Castillo (entrée à la 46′) sur le côté droit de l’attaque, pour mettre dans le zig et le zag, Rachel Daly, attaquante en NWSL et placée là, arrière gauche par Sarina Wiegman.

L’espagnole Esther la reçoit au cinq mètres cinquante. Fait un tir en pivot, croisé, assez fort et assez croisé pour qu’il aille au fond. Un but dans le seul style espagnol possible. Jeu court, tir rapide, dans la surface. Comme un serpent qui attaque sa proie, l’Espagne mord l’Angleterre, à la surprise générale.

Esther marque pour l’Espagne (1-0, 54′).

Avec ce but, les anglaises sont rendus à l’évidence. S’il n’y avait pas changements, l’Angleterre ne sortirait pas vivante de ce quart organisé à la maison. Une mi-temps qu’elles s’escriment à faire des choses, sans rien au bout sauf à se souvenir d’un but hors jeu d’Ellen White, sur un mouvement de jeu sans réelle consistance. Un coup de pied arrêté.

Sarina Wiegman, auteure d’une tactique totalement manquée avec Rachel Daly, attaquante placée latérale gauche comme Jill Ellis l’avait fait avec Crystal Dunn lors de la Coupe du Monde 2019, est néerlandaise, donc pragmatique.

Dans la minute qui suit, elle prévoit deux changements forts. Les stars offensives de l’équipe rentrent à l’écurie. Dans les dix minutes, elle en fera un 3e. A la fin des 90′, elle aura changé ses cinq joueuses offensives.

L’art de la décision anglaise

But encaissé à la 54′, remplacement de l’historique Ellen White à la 58′, meilleure buteuse anglaise à la Coupe du Monde 2019 et de Beth Mead, meilleure buteuse anglaise et du tournoi de cet Euro. Entrées de Chloe Kelly et Alessia Russo, deux gros bébés de 70 kilos et 1.75.

C’est ce poids très athlétique qui donna le but égalisateur anglais, par la jeune Toone (20 ans, entrée à la 64′), marqué du tibia, tout en félinité dans les 5.50 de la surface.

Depuis trente minutes les anglaises butent sur la détermination espagnole. Elles ont tout essayé, le jeu de possession, le contre, les tirs, les centres. A chaque fois, il y a la grinta espagnole en face. Des joueuses qui, ne rentreraient pas dans une taille XXL mais avec le S, te font des arabesques et des sauvetages qui restent dans les mémoires.

En fait, l’Angleterre bute sur une équipe. Plus sur une Nation. Une Espagne qui a perdu deux joueuses du Top ten sur ce tournoi. Deux très grandes joueuses : l’avant-centre Jennifer Hermoso et la milieu Alexia Putellas. La seconde meilleure joueuse FIFA 2021, la première nommée, seconde derrière sa coéquipière.

Alors l’Espagne signe cet Euro au courage.

Et l’Angleterre a les pieds dans ce qu’il ne faut pas. L’Histoire des compétitions fait que le pays hôte est souvent éliminé en quart. L’émotion des compétitions fait que le pays hôte sort tête basse de l’organisation de son tournoi. Et l’Angleterre ne tire pas, n’entre pas dans la surface.

Sauf à la 84′. Centre, pied inversé de la droite pour l’athlétique Russo, au contact avec Parèdes, excellente du jeu de tête. L’anglaise met son bras sur la poitrine de l’espagnole, en duel, empêchant celle-ci d’utiliser toute sa détente verticale. Il reste un trou de souris qu’utilise la joueuse de Chelsea pour mettre une tête en déviation, là ou elle peut. Et là, la jeune anglaise, inconnue et laissée sans marquage, Ella Toome. tout juste entrée, se projette vers le but et touche ce ballon qui termine au fond des filets.

L’arbitre française Stéphanie Frappart est contestée par le banc espagnol, voyant une faute sur leur capitaine. La française voit un geste de duel comme il en existe d’autres dans la protection de ballon. La balle est remise en centre sans intervention de la VAR.

Sarina Wiegman, dans ces trente minutes, aura changé toute son attaque : Ellen White, Fran Kirby, Beth Mead, Laura Hemp. L’Art de la décision rapide.

Sarina Wiegman, la coach néerlandaise de la sélection anglaise, a senti le vent de l’élimination et saute de joie à la qualfication (crédit UEFA)

Coup de tonnerre pour les espagnoles

(1-1) à la 84′. Le public anglais exulte. Les joueuses espagnoles sont assommées. Elles ont tenu trente minutes pour une demi-finale, au courage et à la bagarre. Elles craquent à six minutes près. Elles ne s’en remettront pas.

AU contraire des anglaises, toutes heureuses de leur renaissance. Elles prendront le jeu en mains dès la première minute de la prolongation et buteront tant qu’elles peuvent sur ce courage espagnole pour lui faire rendre raison. Tant et si bien que Stanway, à bout de course mais pas de force, envoya une mine d’un tir croisé puissant qui fit rendre l’âme à la gardienne Panos ! (96′, 2-1) pour l’Angleterre. Un but magnifique.

Le football est tout ou le football est rien ! Pendant 54′, aucune des deux équipes n’a pu faire flancher l’autre. Pendant 30′, au cœur d’un public totalement opposé à sa performance, l’Espagne a tenu sa demi-finale et en dix minutes, elle se fait égaliser à la fin du temps réglementaire, puis éliminer au début de la première prolongation.

Les anglaises chanteront, chanteront à la fin du match. Le regard d’Irène Parédes en dira long. La capitaine de l’Espagne et ex-capitaine du PSG, joueuse de Barcelone, a le goût de la haine, de la colère, de l’injustice. Pour elle, sur le terrain, elles avaient le match en main.

Des quarts qui ont dévoilé les joueuses

L’Angleterre et l’Espagne ont montré aux trois autres quarts et six équipes restantes qu’il y a un univers entre les matches de groupe et ceux à élimination directe.

Et qu’il faut aller plus loin que le loin pour en sortir vainqueur.

Elles se sont totalement dévoilées dans cette rencontre. Elles sont allées au bout d’elles-mêmes, allant chercher leurs qualités comme seul moyen de différence, tellement le reste, physiquement, mentalement, techniquement avait été épuisé. J’ai en mémoire émotive, Olga Carmora, latérale gauche, joueuse de poche, dont le cœur et le courage sont encore sur la pelouse de Brighton. J’ai en mémoire la foulée limpide d’Ella Toone, au manque de technique évident et qui égalise avec un tibia heureux, là où le pied lancé n’était pas sur le ballon.

Elles ont toutes données ce qu’il fallait donner, et plus. Un match qui restera dans leur mémoire.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Source footofeminin : UEFA Women’s EURO 2022 – Angleterre – Quart de finale

Mercredi 20 juillet 2022 – 20h00 locales (21h00 françaises)
ANGLETERRE – ESPAGNE : 2-1 a.p. (0-0, 1-1)
Brighton & Hove (The American Express Community Stadium) – 28 994 spectateurs
Temps dégagé (21°C) – Terrain excellent
Arbitres : Stéphanie Frappart (France) assistée de Élodie Coppola (France) et Manuela Nicolosi (France). 4e arbitre : Lina Lehtovaara (Finlande). Arbitres VAR : Pol van Boekel (Pays-Bas) assisté de Dennis Higler (Pays-Bas)

Buts
0-1 Esther GONZALEZ 54′ (A 30 m du but, Caldentey joue avec Bonmatí qui décale pour del Castillo à droite, elle élimine Daly à l’entrée de la surface et centre pour González au premier poteau qui contrôle du droit et croise une frappe du droit à 6 m pour trouver le petit filet opposé)
1-1 Ella TOONE 84′ (Centre rentrant de Hemp pour la déviation de la tête de Russo, en duel avec Paredes à 8 m, vers Toone sur sa droite qui reprend du volée du droit de 4 m)
2-1 Georgia STANWAY 96′ (Récupération de Walsh au milieu qui joue pour Stanway qui s’avance dans l’axe en s’excentrant vers la droite, sans être attaqué, puis déclenche une frappe puissante croisée du droit de 17 m)

Avertissements : Alex Greenwood 119′ pour l’Angleterre ; Mapi León 45′, Misa Rodriguez (remplaçante) 88′ pour l’Espagne

Angleterre
1-Mary Earps ; 2-Lucy Bronze, 6-Millie Bright, 8-Leah Williamson (cap.), 3-Rachel Daly (5-Alex Greenwood 82′) ; 10-Georgia Stanway, 4-Keira Walsh (16-Jill Scott 116′) ; 7-Bethany Mead (18-Chloe Kelly 58′), 14-Francesca Kirby (20-Ella Toone 64′), 11-Lauren Hemp (17-Nikita Parris 117′) ; 9-Ellen White (23-Alessia Russo 58′). Entr.: Sarina Wiegman-Glotzbach
Non utilisées : 21-Ellie Roebuck (G), 12-Jessica Carter, 15-Demi Stokes, 19-Bethany England, 22-Lotte Wubben-Moy

Espagne
13-Sandra Paños ; 2-Ona Batlle, 4-Irene Paredes (cap.), 16-Mapí León, 19-Olga Carmona ; 6-Aitana Bonmatí, 12-Patricia Guijarro, 18-Teresa Abelleira (3-Laia Alexandri 70′) ; 11-Marta Cardona (10-Athenea del Castillo 46′), 9-Esther González (21-Sheila García 77′), 8-Mariona Caldentey (14-Amaiur Sarriegi 100′). Entr.: Jorge Vilda
Non utilisées : 1-Lola Gallardo (G), 23-Misa Rodriguez (G), 5-Ivana Andrés, 7-Irene Guerrero, 15-Leila Ouahabi, 17-Lucía García, 20-Andrea Pereira, 22-Clàudia Pina