Certes, on peut et on doit saluer la performance anglaise dont les joueuses ont réalisé un match extraordinaire mais dans un football international où les italiens nous ont appris que la première règle se trouve dans la défense avec « son fameux catenaccio », comment peut-on perdre un match sur un tel score en 2022 ?

La Norvège enfonce l’égalité « femme-homme »

La première chose que je ressens, c’est l’amertume norvégienne. Elle est double.

D’abord dans l’image du football féminin ! Celle-là n’est pas la moindre, pour une nation qui a mis l’égalité femmes-hommes- en étendard dans le milieu du football et qui doit lire maintenant, sur tous les réseaux sociaux, les railleries des anti-football féminin, forts aises d’en découdre après un tel résultat proche des U15.

L‘humiliation, titre des médias norvégiens

Puis dans la foulée, le replay du match. Les yeux dans les yeux avec ses souvenirs, ses émotions, et surtout ses limites. Criantes, flagrantes, au vue de toutes et tous. Ses partenaires, mais tout autant du peuple norvégien dont un des médias leaders  » l’Aftenposten.no » ne fait pas dans la dentelle : humiliation !

La capitaine norvégienne, joueuse en Angleterre sous les couleurs de Chelsea FC.

Les anciennes joueuses crient au scandale. Solveig Gulbrandsen, 183 sélections féminines, consultante sur TV2 est à deux doigts de se lever pour en mettre une au coach suédois, Martin Sjögren. Du côté des hommes, Aleksander, commentateur vedette sur NRK, parle « d’un film d’horreur ! » quand Lars Tjaernas, ex-joueur, twitte, « la chose la plus facile, c’est de s’asseoir sur un canapé et de blâmer l’entraîneur ; s’asseoir sur un banc et voir que les défauts structurels donnent à l’Angleterre un espace énorme, des chances de buts et des buts encore et encore, sans faire de changements, c’est …. (google ne traduit plus ensuite …).« 

Martin Sjögren en prend pour son grade. Six buts en première mi-temps sans aucun changement. Cela ne passe pas. Ses premiers remplacements se feront à la 46′ en remplacement de Saevik, 59′ pour l’entrée de Maanum, 75′ pour les sorties de Grahan Hansen et Ada Hegerberg, 84′ pour la locale, Reiten.

Rien qu’avec ses derniers noms, tu as du Top 15 des meilleures joueuses de la saison 2022, pour pas dire plus près du Top 10. Et pourtant (8-0).

Une humiliation en Norvège qui a résonné fort en Europe, jusqu’aux USA en compétition avec la Concacaf, la Conmebol et la CAF (Afrique), elles aussi réunies en tournois continentaux. Seule l’Asie n’a du le lire qu’en entrefilet.

La Norvège sportive qui focalise sur le fait d’être pays hôte des futurs Jeux Olympiques d’Hiver. La Norvège, prête d’être à la porte de l’ignorance. De l’indifférence.

Ada Hegerberg,

Ignorance et Indifférence, deux qualificatifs qui collent mal à ce que veut être Ada Hegerberg dans son parcours sportif professionnel.

La plupart attribue ces cinq années d’absence à une prise de position sociale envers l’inégalité fédérale entre les femmes et les hommes.

C’est oublier ses réactions au moment de l’Euro 2017, perdue et seule à se battre sur les matches de préparation comme de compétition. En zone mixte d’un France-Norvège (1-1, 11 Juillet 2017), elle était encore sur l’émotion disant : « comment gagner quand tu n’as aucun ballon devant ? ». Déçue et malheureuse du jeu pratiqué, j’avais lu rapidement qu’elle s’était ouvert à un média en disant qu’elle en avait discuté avec Jean-Michel Aulas, président lyonnais, dont le conseil avait été de ne jamais s’habituer à la défaite quand on veut faire un parcours sportif exceptionnel.

Il faudrait lui demander si ce rappel de compléments n’a pas interféré dans sa décision. Elle a l’air d’être une femme honnête et cette honnêteté irait tout à fait dans la ligne pédagogique qu’elle veut signer auprès des jeunes filles : savoir prendre une décision difficile et l’appliquer.

Je ne la vois pas quitter la sélection norvégienne sur cette défaite. Elle a appris que la victoire d’un jour n’est jamais une victoire facile le lendemain, le rappelant aux joueuses du FC Barcelone lors de la dernière finale européenne remportée par l’OL ; et qu’à l’inverse, la défaite du moment peut donner la victoire du lendemain avec ses dix huit mois passés sous blessures, dès lors que la rébellion fait partie de la recette que chacune applique et s’approprie.

Les tweets français passent sur le ton d’un humour sarcastique. Mais pour moi, elle ne lâchera pas l’équipe.

L‘apathie norvégienne

Je n’ai vu que vingt minutes mais j’ai été impressionné par les erreurs norvégiennes et leur indifférence au résultat. Les trois cartons jaunes sont après le (6-0) à la 56′, 77′, 87′. Dans l’esprit anglais, pays hôte, sur un tel score, mais il y a au moins deux rouges de sortis et l’équipe finit à neuf en se battant.

Non, là c’est bien un (8-0) pris à onze contre onze !

Sur le temps de jeu vu, elles n’ont pas arrêté de courir après le ballon sans jamais l’attraper, sans s’opposer. Une véritable balade anglaise. La sept, elle est mignonne la sept, mais sérieux, elle était au bal ou quoi ? Engen dont l’Europe s’est battue pour qu’elle finisse à Barcelone. Oh ! Princesse, move ! Récupère. Tacle dépasse ton rôle. Fait peur à tes adversaires pour qu’ils changent de côté. Quelque chose ! Something !

Les deux pieds dans la « merdum », une seule solution : regarder devant, lever la tête et avancer pour en sortir rapidement

Les norvégiennes ont pris une déculottée. Tant mieux pour les anglaises. Pour les norvégiennes, il ne leur reste qu’une solution : se qualifier et au fil des matches couperets, aller en finale.

Au final, il ne reste qu’une seule chose à faire aux norvégiennes pour faire oublier cela : chevaucher vers le titre.

William Commegrain Lesfeminines.fr

source footofeminin.fr

UEFA Women’s EURO 2022 – Angleterre – Groupe A – Deuxième journée
Lundi 11 juillet 2022 – 20h00 locales (21h00 françaises)
ANGLETERRE – NORVÈGE : 8-0 (6-0)
Brighton & Hove (Brighton & Hove Community Stadium) – 28 847 spectateurs
Temps chaud (24°C) – Terrain excellent
Arbitres : Riem Hussein (Allemagne) assistée de Katrin Rafalski (Allemagne) et Susann Küng (Suisse). 4e arbitre : Esther Staubli (Suisse). Arbitres VAR : Christian Dingert (Allemagne) assisté de Harm Osmers (Allemagne)

Buts
1-0 Georgia STANWAY 12′ s.p. (Faute de Thorisdottir qui retient White. Stanway frappe le penalty en force du droit dans la lucarne droite de Pettersen)
2-0 Lauren HEMP 16′ (Bronze trouve Mead sur le côté droit de la surface et s’avance vers les 5,5m, elle crochète Blakstad puis effectue un centre rentrant au sol du gauche que Hemp à la limite du hors-jeu dévie d’une talonnade du droit à 2 m de la ligne)
3-0 Ellen WHITE 29′ (Sur une passe en retrait de la droite vers l’axe pour Thorisdottir, le contrôle est mal assuré et White vient lui prendre le ballon à 25 m du but, où elle s’avance au point de penalty, fixe la gardienne et ajuste une frappe du droit au sol)
4-0 Beth MEAD 34′ (Long ballon de Bronze pour White à l’entrée de la surface côté droit. Mjelde se rate dans son dégagement, White arrive près du poteau de corner et joue en retrait sur Hemp qui délivre un centre rentrant pour la tête de Mead à 5 m qui place le ballon sur la gauche de la gardienne)
5-0 Beth MEAD 38′ (Servie en profondeur par X, Mead élimine Blakstad puis slalome dans la surface pour revenir vers l’axe avant de conclure dans l’axe de l’intérieur du gauche à 7 m)
6-0 Ellen WHITE 41′ (Action côté droit, Stanway glisse pour Kirby côté droit dans la surface qui délivre un centre pour White qui se jette au second poteau pour couper en tendant la jambe gauche)
7-0 Alessia RUSSO 66′ (Stanway pour Bronze à droite dans la surface qui délivre un centre en cloche qui retombe au second poteau sur la tête de Russo qui prend le dessus sur Bergsvand)
8-0 Beth MEAD 81′ (Greenwood joue en triangle avec Toone puis remet à l’entrée de la surface pour la frappe puissante du droit de Walsh déviée par Thorisdottir que Pettersen arrive à repousser du pied mais Mead surgit par dessus pour pousser du gauche au fond)

Avertissements : Julie Blakstad 56′, Celin Bizet Ildhusøy 77′, Frida Maanum 87′ pour la Norvège

Angleterre
1-Mary Earps ; 2-Lucy Bronze, 6-Millie Bright, 8-Leah Williamson (cap.), 3-Rachel Daly (5-Alex Greenwood 57′) ; 10-Georgia Stanway (16-Jill Scott 80′), 14-Francesca Kirby (20-Ella Toone 58′), 4-Keira Walsh ; 7-Bethany Mead, 9-Ellen White (23-Alessia Russo 57′), 11-Lauren Hemp (18-Chloe Kelly 70′). Entr.: Sarina Wiegman-Glotzbach
Non utilisées : 13-Hannah Hampton (G), 21-Ellie Roebuck (G), 12-Jessica Carter, 15-Demi Stokes, 17-Nikita Parris, 19-Bethany England

Norvège
1-Guro Pettersen ; 4-Tuva Hansen, 6-Maren Mjelde (cap.), 3-Maria Thorisdottir, 17-Julie Blakstad ; 9-Karina Sævik (5-Guro Bergsvand 46′), 8-Vilde Bøe Risa (18-Frida Maanum 59′), 7-Ingrid Syrstad Engen, 11-Guro Reiten (19-Elisabeth Terland 84′) ; 10-Caroline Graham Hansen (15-Amalie Eikeland 75′) ; 14-Ada Hegerberg (13-Celin Bizet Ildhusøy 75′). Entr.: Martin Sjögren
Non utilisées : 12-Sunniva Skoglund (G), 23-Aurora Mikalsen (G), 2-Anja Sønstevold, 16-Thea Bjelde, 20-Synne Hansen, 21-Anna Jøsendal, 22-Sophie Haug