Les 7 pages de Bruno Bini dans France Football nous font redécouvrir ce journal, bible pour les amateurs passés du football, nous racontant les matches les plus éloignés, avec la feuille de match en gras, transformant le lecteur, s’il aimait le football, en spectateur. Rêveur.

Les mains sur la tête, Bruno Bini, le sélectionneur français, remet le couvert d’un quart de finale historique chez les doubles championnes du monde du moment (2003 et 2007), qui a envoyé sur la lune, le football féminin français.

Avec l’espoir au moment d’écrire ces quelques lignes, dix années plus tard, que le football féminin ne vive pas la même aventure que celui des voyages intersidéraux d’Apollo, aujourd’hui abandonnés à Cap Carnaveral.

Jusqu’en 2017, si vous deviez poser la question « du plus beau souvenir, moment, émotion ? » à une joueuse de cette aventure ne faisant pas partie de l’Olympique Lyonnais, servi depuis en émotions fortes, toutes vous renverront à ce match Angleterre France de la Coupe du Monde 2011.

Un souvenir, à redonner de la couleur à des joues déjà rouges, et surtout du rêve dans ces pupilles féminines, dont le regard vous efface dans l’instant, pour rêver encore.

Plus loin, un peu plus, un peu plus fort.

C’était un moment du football féminin où le salaire était celui du cœur. Bien présent, avec l’avantage d’être net d’impôts et de charges. Des mots que certaines doivent comprendre maintenant.

Que retenir de tout cela ? Certainement beaucoup si, page 47, votre œil attentif devine Wendie Renard (9 sélections), jeune, remplaçante sur le banc, de plein cœur dans la sarabande d’une bande qui ne peut, qu’avec le temps, avoir des regrets. Conscient qu’il y avait là un joyau de football dont personne n’aurait contesté qu’elles soient championne du Monde.

Sauf les américaines, sorties de l’enfer face au Brésil (2-2) sur un but d’Abby Wambach à la 120′, pour une demi-finale jouée face à l’équipe de Bruno Bini, un 13 Juillet suivant.

Les françaises avaient égalisé par Sonia Bompastor (1-1) et Sandrine Roux, au commentaire, n’avait plus de voix. Sur un corner Wambach marque le (2-1 à la 79′). Trois minutes plus tard, c’est la jeune Alex Morgan qui crucifie les Bleues (3-1, 82′). Des clientes, ces buteuses.

Hervé Galand, l’attaché de presse du moment nous avait dit, les Bleues n’avaient plus rien dans les chaussettes.

En attendant, cette victoire face à l’Angleterre en 1/4, sur une égalisation d’Elise Bussaglia à la 87′, avait forgé le rêve des Bleues.

Comme un bébé qui pousse ses premiers cris, sorti du ventre de sa mère. Une naissance avait eu lieu, un 9 Juillet 2011 à Leverkusen. Après, le football féminin, souvent aussi calme que la Méditerranée par plein soleil, ne sera plus le même.

Le groupe de 2011, des fois, doit y penser.

Ce football féminin français de 2022, c’est un peu leur enfant, onze ans plus tard.

C’est totalement leur enfant.

Qu’en ont-elles fait ? Il est plus riche, certainement.

Est-il plus beau ? Plus libre ? Plus heureux ? Se fait-il siffler quand il marche dans une rue italienne ensoleillée ? Pour le sourire, pour l’instant qui passe, pour récompenser les efforts de cette femme à se montrer si belle, si différente. Un soleil. En espérant lui avoir plu, elle qui nous laisse seulement ce parfum de ce qu’est une femme. En nous faisant comprendre que cela est bien suffisant.

Décalerons nous un RDV pour ne pas rater le leur ? Peut-être que se situe là, la vérité de la rencontre entre les hommes et les femmes.

Alors, il est quoi ce football, onze ans plus tard ?

A l’âge de la naissance où on ne sait rien, on peut écrire : « Elles ne savaient pas que c’était impossible, alors elles l’ont fait ! »

Que va faire ce football féminin de cette vie que 2011 lui a donné ?

William Commegrain Lesféminines.fr

France Football : N°3919 Juin 2022