Soyons clair et précis pour ceux qui ne suivent pas le football féminin français au quotidien : entre Corinne Diacre, la sélectionneuse des Bleues et l’Olympique Lyonnais, club champion d’Europe, il y a un froid polaire qui ferait le bonheur des écologistes du GIEC, prévoyant 3° de plus à notre Terre et aux terriens.

La non sélection d’Amandine Henry n’en est que l’illustration. Amandine Henry est à l’évidence, le milieu de terrain qui s’imposait à être dans les 23 de l’Euro 2022 tant par son passé qu’avec son présent, à l’image de son magnifique but en finale de la Women’s Champions League, mettant le FC Barcelona, dans le doute dès la 6e minute.

A l’évidence, Corinne Diacre a d’autres solutions en tête et propose à ce poste, un milieu de terrain moins qualitatif mais avec les qualités qu’elle connait et qui correspond à son souhait.

Si on rajoute le potentiel d’Eugénie Le Sommer oublié pour d’autres choix, meilleure buteuse de ‘histoire du football féminin français ; l’Olympique Lyonnais se sent visé dans les choix de la sélectionneuse. Certainement à juste titre.

D’un autre côté, penser que ce choix n’est fait qu’en raison de problèmes caractériels et de vie avec le groupe, relèverait de l’erreur.

Les rapports entre l’Ol et les Bleues sont les mêmes depuis longtemps

Corinne Diacre n’aura pas manqué de remarquer, après cinq saisons comme sélectionneuse et plus de deux en tant qu’adjointe, que la réussite de l’Olympique Lyonnais (Coupe d’Europe 2011, 2012, 2016, 2017, 2018, 2019, 2020, 2022) n’a jamais été celle de l’équipe de France.

Cela ne remonte pas d’hier. Déjà en 2011 et 2012, les demi-finales des Bleues -pourtant meilleure performance actuelle-, même si elles ont été faites avec un tour en moins (les 1/8e n’existaient pas), sont entrées en collusion avec les premières coupes européennes gagnées par l’OL (2011 et 2012).

Bruno Bini s’est fait sortir de la sélection, sur un quart perdu à l’Euro 2013 aux tirs au but, qui deviendra pour autant, le modèle des résultats des équipes françaises suivantes. Tout le monde doit se souvenir des oppositions entre Patrice Lair, coach de l’Ol et Bruno Bini. Le premier affirmait la victoire des Bleues ; le second faisait jouer les Bleues. Déjà là, l’unité n’existait pas.

Dans la foulée, l’Ol a connu une suite blanche (finale européenne 2013, éliminé en 1/8e en 2014, éliminé en 1/4 en 2015)

Elle peut aussi comprendre, qu’avec la force médiatique de l’Equipe de France, une réussite des Bleues jetterait plus d’une ombre sur les performances de l’Olympique Lyonnais, ce que le club du Rhône ne peut absolument pas se permettre dans la situation délicate actuelle, où le palmarès lyonnais n’est fait que des victoires féminines.

L’Olympique Lyonnais a de la force médiatique

La non-sélection a été connue le 30 mai. L’intervention médiatique d’Amandine Henry s’est faite aux alentours du 11 juin.

L’essentiel des supports écrits de presse So Foot, l’Equipe, Ouest France, Europe 1, RMC, etc … qui alimentent les passionnées de football ont relayé l’interview de l’ex-capitaine de France.

Cette intervention médiatique variée d’Amandine Henry facile à trouver sur le net, justifiée pour autant, publiée au tout début des « journées de cohésion » organisées par le staff de l’Equipe de France à Anglet ne peut pas être une date qui n’a pas pour but d’entrer en collusion avec le thème « cohésion » de la préparation des Bleues.

En soi, elle est légitime. En soi, elle est calculée.

Aucune doute que les deux parties le savent. Corinne Diacre, sachant que sa voie ne peut que mettre de l’huile sur le feu si elle est reprise dans la presse, répond sur le site de la fff, au lendemain du stage que la cohésion a été excellente. Cela n’a pas plus de portée que cela. Sauf que c’est dit. Et donc lu.

Corinne Diacre : « Les voyants sont au vert » (fff.fr)

Totalement vrai ou totalement faux, peu importe le débat est ailleurs. On est à la limite du jeu politique.

Au final, la France vit son football féminin comme la politique française.

Si vous intégrez que le football féminin est ainsi ; alors vous regardez la situation comme faisant partie d’un tout où chacun a pris l’habitude de cela.

Si vous intégrez que le football féminin est politique, cela sous-entend qu’il y a des jeux de pouvoir.

La France est dans un trimestre politique avec les présidentielles et les législatives. Les récentes élections montrent qu’il n’y a aucune unité en France, La France est faite de petits groupes à gauche et à droite. Chacun pensant avoir raison.

Le consensus n’existe qu’avec la victoire. Il n’induit pas qu’il soit total dans les applications futures à venir.

Au football, cela se traduit par Champion du Monde quand cela gagne ; au purgatoire quand cela perd.

L’avantage par rapport au passé qui remonte à une bonne dizaine d’années ? Chacun sait que l’OL a une position de leader et l’ensemble du football féminin français, hors PSG, n’est pas contre de lui laisser ce leadership.

Donc, aux Bleues de se débrouiller.

Chacun connait les obstacles.

C’est comme cela. Pas grave tant que cela reste accessoire. Très compliqué si cela devient essentiel.

William Commegrain Lesféminines.fr