Dimanche 8 mai sur Canal Plus – 14h45. OL-PSG. Il suffirait de presque rien pour que Sandrine Soubeyrand et Sonia Bompastor soient sœurs de football. Vous savez ces amies qui ont connu toutes les joies et les peines que le football de haut niveau procurent, dans le même club. Il aurait suffit de presque rien pour que ces deux icones du passé, de la même famille du football, soient sœurs de cœur et de peines.

Elles ont joué au même moment, sauf qu’elles n’ont pas vécu le même football du quotidien.

Sandrine Soubeyrand (48 ans), milieu défensive, ardéchoise, a joué quatorze saisons de suite à Juvisy. Un bail (3-6-9) commencé en 2000 pour se terminer après l’Euro 2013, un soir de mai 2014, dans ce nouveau et immense stade vide de Bondoufle. Un dernier match à 41 ans, dans l’équipe du « double projet ». Elle n’aura pas gagné tant de titres, championne de France en 2003, 2006 et une Coupe de France en 2005.

Sonia Bompastor (41 ans), vice-capitaine de sa capitaine de l’Equipe de France de Bruno Bini, s’est arrêtée une année plus tôt à Gabriel Montpied en finale de la Coupe de France 2013 remportée face à l’ASSE d’Hervé Didier. Elle aussi, seule face à la presse, tradition oblige, elle se dit « heureuse de finir avec un titre ».

A 33 ans, elle représente une autre église. Celle du monde professionnel qui se construit, intéressée à l’acquisition de titres, obligeant à la mobilité. Huit titres de championne de France, deux Coupes d’Europe, quatre Coupes de France. Arrière latérale gauche, impulsive comme les joueuses françaises de ce poste ont pour habitude d’être (Boulleau, Majri, Karchaoui, Morroni, Bacha), elle présente un passeport tamponné, aux douaniers du football. On découvre les marques de la Roche sur Yon, de Montpellier, de l’OL, de Washington Freedom, du PSG pour terminer par ses trois dernières saisons à l’OL.

Ils suffiraient de presque rien et pourtant si on eut à justifier d’oppositions de styles lors de cette décennie, il eut été très juste de les prendre comme exemple : Sandrine, pour le double projet. Sonia pour le professionnalisme.

Elles sont dans le football, à la même place

Les deux, comme il se devait à cette époque, sont restées dans le football féminin.

Sandrine, représentante de l’école de Juvisy, au sein d’une fédération où « cette mention politique » avait son poids, était devenue responsable des sélections féminines (DTN). Sonia, dans l’église lyonnaise, a pris en charge la formation des joueuses féminines.

Dans leurs fonctions de coaches, elles réussissent. Sandrine Soubeyrand pourrait être élue meilleure coach 2022 quand tu sais où était le Paris FC dans son passé récent. Sonia Bompastor pourrait très bien être la première coach à avoir gagné la WCL en tant que joueuse et coach si l’OL l’emporte face à Barcelone.

Les deux diraient que pour l’instant, rien n’est gagné. C’est exact. Elles peuvent aussi tout perdre. Moins pour Soubeyrand, dont la 3e place est acquise. Plus pour Sonia Bompastor dans ce money time où les adversaires sont de qualités.

Assises à une table de Noël, si sœurs elles avaient été, sans nul doute, elles auraient eu des choses à se raconter. Sourires aux lèvres.

Il en a été autrement.

A l’instar de ce que le football aime à créer, les deux sœurs étaient plutôt éloignées, opposées.

L’antagonisme Juvisy-OL, OL Juvisy

Sandrine s’est pris de sacrés cartons face à l’Olympique Lyonnais. Patrice Lair, Amandine Henry, Sonia Bompastor ont « tapé » sur la joueuse. Les deux clubs étaient vraiment antagonistes. Opposés. Sonia a pris une sacré « claque » quand Bruno Bini ne l’a plus sélectionné suite aux JO de Londres en 2012. Il se disait que l’influence de Sandrine pouvait avoir eu sa place ? Nul ne sait, d’autant que la même Sandrine avait mal vécu ses sorties du terrain lors de l’Euro 2013 par le même mentor.

Le temps passe sur les rumeurs, pas sur les douleurs.

Que reste-t-il de tout cela ?

Ce match où l’OL doit gagner pour valider son titre face au Paris FC qui a les moyens de s’y opposer -d’autant que l’aller s’était joué sur un score serré (1-0)-, n’est qu’un match, pour toute personne qui découvre le football féminin.

Si tu lui mets un peu de passé, il a un autre goût.

Gaetane Thiney a la lutte avec Camille Abily lors du match aller (2-0) pour l'OL. Crédit Le Progrès. Lesfeminines.fr
Gaetane Thiney a la lutte avec Camille Abily lors du match aller (2-0) pour l’OL. Crédit Le Progrès. Lesfeminines.fr

Coaches, elles ne seront pas sur le terrain, c’est certain. Mais dans ce résultat, à quelques mètres de l’arrivée, il peut y avoir comme un drôle de goût dans la gorge.

Une défaite face au Paris FC, jamais arrivée aux fenottes depuis leur prise de leadership (2007), quatorze titres dans la poche, serait un nouvel échec après la perte du titre de 2021. Le goût excessif des plats trop salés. Tout est bien, sauf le sel qui rend le plat immangeable.

Le goût sucré du plaisir du côté du Paris FC. Enfin, enfin une victoire après avoir été si près d’y croire dans les années 2010-2015. Choquée par un bras d’honneur ou des buts encaissés qui s’enfilent comme des perles. Sourires aux lèvres des conquérantes. Effectivement les lyonnaises de l’époque n’avaient pas la victoire modeste. Loin s’en faut.

Est-ce que tout cela est encore là ? Allez savoir avec les femmes ? D’autant que le Paris FC joue plutôt bien en cette fin de saison. Depuis que Sandrine Soubeyrand est à sa tête, le onze de 2022 est certainement celui le plus proche d’une performance face aux lyonnaises.

Alors, n’allez pas leur parler sans l’avoir à l’esprit, ce passé.

Officiellement, le match se joue au présent. Officieusement, son goût est différent si on y met du passé et une projection pour le futur. Une réussite du Paris FC ouvrirait certainement de meilleurs auspices à l’amélioration d’une équipe européenne en 2022-2023.

Chacune a sa manière.

A l’évidence, coaches, elles sont maintenant un peu « mères » de ce football qui arrive. En ce sens, elles conduisent leur famille. Sans idéal mais avec raison, comme cela se fait dans toute famille.

Les deux équipes viennent avec des forces : l’Olympique Lyonnais, en finale de la Coupe européenne perdue en 2021. A reconquérir pour une dernière étape, face au vainqueur de l’année dernière : le FC Barcelone. Le Paris Fc, qualifié à l’Europe pour 2022, n’a jamais été aussi fort. Avec ses faiblesses et ses forces, un fil invisible lient les joueuses. Elles jouent une musique qui a le ton du bonheur. Une alchimie. Une cohésion. Tout se joue dans l’instant. A l’ancienne.

La force lyonnaise face à l’émotion de l’instant.

L’instant est idéal.

Si près d’un mariage entre le passé, acteur du présent, bâtisseur d’un futur !

Si l’OL gagne, le titre sera « L’OL, Simplement ou éternellement meilleur »

Si le Paris FC l’emporte, le titre idéal serait « Tout compte fait ! les bons comptes font les bonnes amies ! ».

Un titre adapté aux Présidents d’ailleurs. Pierre Ferracci, du Paris FC, est à la tête d’un groupe d’expertise comptable. Jean-Michel Aulas pour l’Olympique Lyonnais, a été à la tête d’une entreprise de logiciels comptables.

William Commegrain Lesfeminines.fr