Le sport en France est politiquement correct

Soyons clair et factuel, quand il s’agit d’être dans les budgets des Etats, hors Qatar et Arabie Saoudite récemment, le sport n’est pas un sujet de politique publique. Cela signifie que l’Etat ne lui attribue pas un montant de dépenses significatives.

Pour la France, selon l’Observatoire du sport de la BPCE, l’Etat partage les besoins financiers des acteurs (112.000 associations, sportifs, clubs professionnels) avec son milliard d’euros, le reste entre les collectivités territoriales (12 milliards d’après la BPCE) et les initiatives d’entreprises privées, actrices, évaluées à 360.000, ou partenaires par le sponsoring et la publicité.

Sur le plan de la représentation, on se promène de manière équilibrée, de secrétaire d’Etat en secrétaire d’Etat (13) dans les gouvernements de la 5e, avec l’apparition partagée de titres de Ministre (16).

Chez nous, le sport doit être politiquement correct.

De nombreux sportifs, particulièrement dans le tennis, s’interrogent sur la justice de bloquer l’accès aux compétitions internationales aux sportifs russes. Cela se comprend, comme le fait d’intégrer le sport comme un acte politique.

A l’Est de l’Europe, le sport a toujours été politique !

En 1972 pour les JO de Munich, la TV est rare. La vie des jeunes est faite d’actions et non pas d’observations des autres. Toi tu cours, tu plonges, tu tapes la balle sur une plage africaine. De temps en temps, par le hasard de la vie des adultes, tu entends la radio. Les parents lisent les journaux, sans partage. Ta vie est ailleurs. C’est bien plus tard que tu mesureras l’attaque palestinienne tuant 11 athlètes israéliens. Les yeux collés sur le livre qui t’as été offert, tu ne vois que le chiffre de sept médailles d’Or d’un moustachu appelé Mark Spitz.

En 1976, les premiers mots politiques que tu entends en les comprenant sont ceux de Guy Drut, reconnaissant toucher de l’argent pour concourir. Là, tu restes estomaqué. Le monde des adultes fait son entrée dans celui de tes rêves.

En 1978, pour la France, il y avait eu une tentative de rébellion pour la Coupe du Monde en Argentine. Avec le dictateur Videla, colonel de son état, qui avait poussé Isabel Peron hors du pays. Une petite tentative gauchiste de l’époque, prenant en otage moral, Dominique Rocheteau. Une action vite éteinte, l’Equipe nous expliquant les histoires des trois bandes de Dominique Bathenay. Toi encore, tu restes à digérer la remontée de l’Italie sur le but de Bernard Lacombe et ce Luques inconnu, et diable argentin.

En fait, seule l’invasion de l’Afghanistan par la Russie (1979) est la grosse histoire politique sportive. Diminuant les JO de Moscou (1980) de 53 sélections amies des USA. Mais ce dont tu souviens, c’est le bras d’honneur de Kosakiewicz au public soviétique plus que russe, médaille d’Or à la perche, alors que la France espérait en Houvion et Vigneron.

En parallèle, les pays frères du bloc communiste avaient rendu la pareille en 1984 pour Los Angeles (13).

Rappelez-vous, dans cette époque qui suivait la révolution des Jeunes de Mai 1968, l’attrait collectif était soit politique, soit réservé à la mesure de la longueur des mini-jupes, de sorties. A 70 ans, les vieux étaient vieux. Résignés à partir, battu par un cancer dont l’énonciation laissait sa marque blanche à une chevelure noire.

Les infos se limitaient aux 30 minutes des journaux télévisés. Le sport et la politique se mariaient, sauf que cela se faisait au second plan.

Le sportif et sa paire de basket avait tout du sectarisme et de la passion exclusive.

Là, où on comprenait que le sport des pays de l’Est était politique, c’était avec la gente féminine.

Celui qui a vu tourner Kratochvilova sur un 400 ou un 800 mètres dans les années 1980 sait que pour les Pays de l’Est, le sport était politique. Une athlète aux épaules carrées d’un homme, laissant sur deux simples tours de stade, à peu près 100 mètres de différence, non pas sur la dernière, mais sur la seconde, et donc médaille d’argent. Le tout dans des compétitions internationales où les meilleures s’opposaient.

Son record mondial de 1983 sur la double boucle tient toujours ! Quarante après, on ne sait pas si la République Tchèque devait se mettre, plus sur le podium des spécialistes du dopage que sur celui des récompenses sportives.

Celui qui a vu la roumaine Nadia Comaneci gagner Montréal 1976 sur les agrès de gymnastiques sait que le sport est politique du côté de l’Est de l’Europe. Celui qui a vu Marita Koch sur 200 et 400, sait que la RDA (ex-Allemagne de l’Est) faisait des athlètes politiques. Et performant …., son record du 400 tient encore depuis 1985.

En fait on ne savait rien de concret sur l’autre côté du Mur. Ne sachant rien, les pays soviétiques communiquaient leurs performances à travers le sport.

De la même manière que la Chine a fait du sport une politique publique lorsqu’ils ont obtenu les JO de Pekin en 2001, passant de 58 médailles en 2000 à Sydney, à la première place mondiale en 2008 pour Pekin avec 100 médailles, devant les USA (108) habituels premiers aux médailles d’Or (48 pour 36 américaines).

Alors ne soyons pas surpris que tout s’arrête sur le plan sportif pour la nation de Vladimir Poutine.

L’UEFA vient de sortir des compétitions l’ensemble des représentants russes. Pour l’Euro féminin, c’est le Portugal qui prend le ticket rendu disponible. Elles ne sont pas vernies les russes avec l’Euro. En 2013, dans le groupe de la France, elles avaient fini 3e et ont du jouer la seconde place de meilleur 3e à la pièce ! « Pile ou face ». Un truc qui a pris deux secondes et hop, elles rentrent à la maison et laissent la place au Danemark.

Remarquez, on aurait aimé qu’elles restent. Le tour suivant, les danoises nous éliminent.

Une continuité, après l’éviction pour dix ans, des athlètes russes s’entrainant en Russie, pour cause de dopage national présumé de 1985 à 2018 soit 33 ans, dénoncé par son directeur anti-dopage, en fuite aux USA. Une sanction renouvelée par l’agence mondiale anti-dopage, jusqu’en 2022. Ils sont têtus en Russie.

C’est clair, le sport est politique dans ce pays. Les sanctions politiques ont donc logiquement à s’étendre sur le plan sportif.

William Commegrain Lesfeminines.fr