Les féminines, vous venez de vous réveiller ou quoi ? « 90 minutes » pour être pro ! Mais il y a longtemps que les joueuses sont professionnelles ! Il est à la ramasse le gars ! Scotché en 2012. Pire que la Belle au Bois dormant, il a fumé grave !!

Lesféminines, tranquille, répond. Être professionnelle, ce n’est pas seulement recevoir un salaire, discuter d’un montant. Être professionnel c’est être « là, à ce niveau » quand les autres ne peuvent pas être là. C’est faire une différence avec l’amateur. C’est faire penser, à celui qui vous paie, que le prix à décaisser est inférieur au bénéfice qu’il en tire. Le sourire est là au règlement. Il est content.

Être professionnel, c’est donner envie aux Autres à vous utiliser. C’est voir le sourire de celui qui vous a payé, à recevoir le compliment de celui auprès de qui il vous a conseillé. « Merci ! »

Être professionnelle, c’est quand vous valez plus que le temps passé, qu’une fonction remplie. Vous avez un « Prix ».

Oui, « 90 minutes » pour être professionnelles.

Car ne me dîtes pas que le championnat de la D1FArkema, sans le critiquer, pousse les joueuses de l’OL comme du PSG à cette exigence de qualité comme de référence. Vingt deux joueuses des deux côtés et quarante quatre internationales à peu d’unités près. Elles ont de la marge.

Quelques matches à être professionnelles

Ne me dîtes pas plus que les championnats européens poussent les joueuses au professionnalisme extrême. N’essayez pas de me convaincre que les qualifications aux compétitions internationales, l’Euro comme le Mondial, poussent les joueuses à l’intensité dans le football féminin. Exclusion faite de la NWSL américaine, construite pour être très homogène, le reste se conjugue à l’hétérogénéité.

Il n’y aura pas cinquante possibilités où les joueuses des deux équipes, la crème de la crème européenne voire mondiale, vont avoir à « upgrader » leur jeu pour toucher des limites. Leurs limites, ressentir la possibilité de les dépasser, individuellement comme collectivement.

C’est à cette table de la demi-finale européenne que cela commence.

Barcelone a montré qu’elles étaient professionnelles. Sortir un (5-1) contre le VFL Wolfsburg, devant un peu plus de 99.600 spectateurs, record mondial. C’est très professionnel. C’est d’autant plus professionnel que le FC Barcelone est le junior et récent champion d’Europe (2021) quand le Vfl Wolfsburg écume la WCL depuis dix ans, avec deux titres (2013 et 2014) et trois finales (2016, 2018, 2020).

Un Vfl Wolfsburg qui se met au goût du jour avec 20.000 spectateurs attendus à 18h00 pour recevoir les barcelonaises, dans un match sans espoir mais on ne sait jamais, même s’il leur faut au minimum un (4-0) pour tester les prolongations. Avec les allemandes, on les sait très professionnelles.

Revenons à nos deux clubs leaders du championnat.

Deux mastodontes. L’Ol, ogre avec sept titres et deux finales perdues depuis 2010. Le PSG, sans titre mais avec deux finales (2015 et 2017) et ma bénédiction qu’elles auraient gagné 2021 si le match au Camp des Loges n’avait pas bénéficié, de par trop, au FC Barcelone (2-3) sur les deux rencontres.

La porte de la finale ne fait pas plus de 90 cms de large. C’est fin comme passage. L’aller s’est terminé sur un (3-2) lyonnais, avec trois erreurs parisiennes qui ne devraient pas se reproduire au retour.

A la mi-temps de la qualification, le bilan est de (1-0) en faveur des lyonnaises. Il n’y a pas deux ans, c’était largement suffisant pour que tout le monde pense, qu’elles passent. Deux ans après, covid ou pas, le temps qui passe ? Rien n’est certain. On est même sur un fil, d’un côté ou de l’autre. Une sorte de funambulisme avec 40.000 paires d’yeux qui vont s’enflammer à la moindre tentative d’accrochage, d’espoir comme de désespoir.

Money time

Les fins de championnat et de coupe sont palpitantes. Au Basket, le titre féminin de la Coupe de France s’est joué après deux prolongations. Monaco est sorti comme un beau diable de l’enfer de son 4e match pour l’espoir d’un 5e au Pirée. Strasbourg a fait chavirer la Meinau en égalisant à la 90+2 face au PSG. Feyenoord de Rotterdam a brulé ses cartes en se faisant boxer par l’OM (2-2), coincé dans les cordes, après avoir mené (2-0), pour finir par un (3-2) plein d’espoir. Manchester City et le Real ont donné envie à plein de passionnés de s’abonner.

Money Time, c’est la place « où il faut être » au moment ou « il faut Être ».

La motivation externe

Être professionnel, c’est « s’upgrader » par l’enjeu, une finale européenne. C’est « s’upgrader » par rapport au contexte. Une foule immense, du bruit, de l’humain. C’est « s’upgrader » avec le lot parisien de mots entendus, soupesés, réels, irréels, concevables, inconcevables. On aurait été à Marseille, on aurait dit « c’est Marseille ». Aujourd’hui on est à Paris, et on dit facilement, « c’est Paris ».

Être professionnel, c’est aller chercher plus loin que la motivation externe. La mettre de côté pour privilégier la motivation interne.

La motivation interne

Celle qui a fait que chacune de ses filles, sait, depuis qu’elle est née, qu’elle est différente. Il faut être différente pour avoir autant travaillé à écrire sa vie quand personne ne pouvait lui garantir de la réussite. Il faut être d’un autre monde quand, à l’âge où tout devrait être facile, l’idée qui vous amine, c’est souffrir.

Il faut avoir convaincu les autres, ses parents. La plupart, ayant démarré quand le football féminin ne s’écrivait sur aucun média et que les spectateurs étaient limités à l’oncle et la tante, obligés à venir voir la nièce, un dimanche de Pâques quand le soir annonçait, le match des pros masculins.

Il faut être bizarre quand pour une fille, il faut partir de-ci, de là, à travers le monde et laisser à chaque fois, son Histoire au placard.

Tout cela qui fait votre différence. Cette force, aujourd’hui, samedi 30 avril 2022, elle vous donne RDV pour écrire votre histoire. C’est maintenant que le salaire tombe. Celui qui est net d’impôt et de charges. L’identité, votre identité.

On sera là pour vous regarder. On sera déçu si vous ratez.

Mais on sera là pour vous respecter.

Le respect aux professionnels. C’est simple. Il fait bien mieux ce qu’il doit faire, en comparaison de ce que font les Autres.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Les équipes possibles :

Paris Saint Germain : Votikova – Lawrence, Ilestedt, Dudek, Karchaoui – Diallo, Geyoro (cap), Däbritz – Diani, Katoto, Baltimore. Coach : Didier Ollé Nicolle.

Absences : De Almeida (blessée), Hamraoui (mise à l’écart).

Banc : Voll (GK), Picaud (GK), E. Cascarino, Le Guilly, Luana, Fazer, Folquet, Khelifi, Bizet, Bachmann, Huitema.

Olympique Lyonnais : Endler – Carpenter, Buchanan, Renard (cap), Bacha – Horan, Egurrola, Macario -Cascarino, Hegerberg, Malard. Coach Sonia Bompastor.

Absences : Gunnarsdottir, Marozsan, Van de Donk, Laurent (blessée), Majri (grosesse).

Banc : Bouhaddi (GK), Holmgren (GK), Morroni, M’Bock, Sombath, Sylla, Cayman, Benyahia, Henri, Le Sommer.