Mardi 12 avril 2022 – Dans cette rencontre jouée au Mans devant plus de 7.000 spectateurs et en direct sur W9, Corinne Diacre a apporté six changements dans le onze titulaire qui avait remporté le match au Pays de Galles de Vendredi dernier (1-2).

Du changement dans le onze

L’idée d’un groupe se confirme, appliquant à la lettre ses interventions dans les médias, parlant « de polyvalence » pour les postes et précédemment d’une cohésion de groupe.

Marion Torrent retrouvait une place en latérale droite. Elle qui a commencé son aventure avec les Bleues dès le début du mandat de la sélectionneuse (2017), pour en être maintenant à 43 sélections. Eve Perisset, en concurrence se déplaçait à gauche pour laisser Sakina Karchaoui au repos. Aissatou Tounkara prenait la place de Griedge M’Bock. Avec ce bilan défensif, on avait trois modification pour cinq joueuses.

Pauline Peyraud Magnin, excellente sur ses interventions et Wendie Renard, capitaine des Bleues, à deux doigts de mettre un 34e pour une tête s’écrasant sur le poteau, conservant leurs places.

A lire ainsi, on aurait écrit que la coach sanctionnait son groupe si on avait assisté à un match des Bleus de Didier Deschamps suite aux difficultés rencontrées face au Pays de Galles. Dans la construction du groupe de Corinne Diacre pour l’Euro 2022 à venir, il n’en est rien. Il s’agit réellement de donner corps à des propos.

Groupe et polyvalence ; polyvalence et groupe.

Delphine Cascarino était placée à droite quand elle prend une place à gauche depuis qu’Amel Majri est en maternité et qu’Eugénie Le Sommer n’est plus appelée. Clara Matéo se promenait en huit-dix alors qu’elle joue des fois à droite et plutôt attaquante au Paris FC. Ella Pallis, appelée de dernière heure, se plaçait en sentinelle pour jouer en forteresse les quatre vingt dix minutes qui se proposaient.

Tout le monde a sa chance et sa place dans le groupe qu’elle a constitué.

Est-ce une spécificité française ? Sans aller chercher très loin dans les archives, j’ai en mémoire le choix de Jill Ellis, coach de la sélection américaine 2019, championne du monde qui avait choisi de mettre latérale gauche, l’attaquante américaine Crystal Dunn (29 ans) lors du mondial français. Pourtant pas prise dans le groupe de 2015, maintenant repositionnée attaquante en NWSL, par le nouveau sélectionneur Vlatko Andonowski, élue meilleure joueuse de la Confédération CONCACAF (USA, Canada, Mexique et consœurs) pour 2021.

La réponse est claire, le football féminin ouvre à la polyvalence.

La cohésion n’est pas l’adhésion de tous. C’est la cohésion d’un groupe.

Les adeptes des critiques -légitimes ou non- liront facilement, en utilisant le moteur de recherche de Google, qu’il manque des joueuses à ce groupe de vingt trois, dernière liste de Corinne Diacre avant celle officielle de l’Euro anglais à venir début Juillet. Amandine Henry, Eugénie Le Sommer, Gaëtane Thiney, Amel Majri (maternité), Kheira Hamraoui (incompatibilité avec certaines joueuses du groupe), Valérie Gauvin, Sarah Bouhaddi, et c..

Effectivement la liste est importante. Mais pour reprendre l’exemple américain qui porte habituellement l’Or sur sa poitrine, la sélection est toujours une source de conflits. Reprenons la même joueuse américaine, Crystal Dunn, elle n’a pas été prise en 2015. Souvenons-nous de Hope Solo, un coup dedans, un coup dehors.

Le groupe choisi par Corinne Diacre a des limites actuelles en production.

C’est une vérité patente. On l’a vu avec le Pays de Galles, entre la 20e et la 30e place mondiale. Cela a été confirmé avec la Slovénie, entre 40 et 50e. A chaque fois, elles n’arrivent pas à prendre le meilleur sur les meilleures joueuses adverses, ce qui leur laisse toujours la possibilité aux adversaires de marquer car le jeu féminin est fait d’enthousiasme. Si l’une se bat et s’impose, les autres vont donner plus que ce qu’elles peuvent donner.

Et comme, les Bleues manquent actuellement d’efficacité, sa marge de sécurité est insuffisante pour se garantir une victoire facile.

On est d’accord sur ce constat mais il faut donner les bonnes cartes à celles qui les méritent. Ce groupe a une forte cohésion. Il est cohérent. La seconde mi-temps de la rencontre n’a rien avoir avec la première. Le groupe a répondu. Idem au Pays de galles.

Les Bleues vont vite ; les attaquantes adverses sont devenues bien meilleures.

La force des Bleues est dans l’animation offensive qui prépare des balles de buts aux attaquantes.

Sa limite actuelle est à mon sens, plus sur les équipes qui jouent « bloc bas ». Trop de joueuses dans la surface de réparation à défendre. A l’évidence, le physique et la technique individuelle des françaises ne permettent pas de gagner des duels offensifs qui créent la panique chez les autres.

Dans ce cadre, Clara Mateo, Sandy Toletti, Elle Pallis, Grace Geyoro, Viviane Asseyi, Kadidiatou Diani, Sandy Baltimore, Selma Bacha, Sakina Karchaoui, Marie Antoinette Katoto dans un autre registre et d’autres représentent la vitesse qui peut déstabiliser d’autres équipes, bien plus fortes qui jouent bien plus haut. Ayant besoin de le faire pour marquer et remporter la rencontre.

« Le seul truc », c’est qu’aujourd’hui, la France ne peut pas garantir qu’elle ne prendra pas de buts.

Non pas que la défense soit devenue mauvaise, c’est que les autres sont devenues bien meilleures. Et les meilleures des adversaires sont souvent leurs attaquantes. Le geste de Mateja Zver (8e) en est une illustration. L’impact de la galloise Jessica Fishlock, une autre.

Aujourd’hui, il y a dans toutes les équipes, une ou deux joueuses à très fort talent.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Le mardi 12 avril 2022 au Mans (MMArena) 
Éliminatoires Coupe du monde 2023 – Groupe I 

FRANCE – SLOVÉNIE : 1-0 (0-0)

Spectateurs : 7 000 environ
Arbitre : Sandra Bastos (Portugal)
Avertissement : Korosec (35e) à la Slovénie
But : Cascarino (48e)

France : Pauline Peyraud-Magnin – Marion Torrent, Aïssatou Tounkara, Wendie Renard (cap.), Eve Périsset – Kenza Dali puis Charlotte Bilbault (89e), Ella Palis, Clara Matéro puis Sandy Toletti (78e) – Delphine Cascarino, Marie-Antoinette Katoto puis Ouleymata Sarr (78e), Sandy Baltimore puis Viviane Asseyi (78e). Sélectionneure : Corinne Diacre

Slovénie : Zala Mersnik – Kaja Erzen, Lana Golob, Sara Agrez, Kristina Erman – Ana Milovic puis Spela (75e), Manja Rogan, Dominika Conc puis Sara Makovec (75e), Kaja Korosec, Mateja Zver (cap.) puis Izabela Krizaj (88e) – Lara Prasnikar. Sélectionneur : Jarc Borut.