Vingt cinq mille spectateurs pour le quart de finale retour du Paris Saint Germain féminin face au Bayern de Munich. Est-ce une performance ou un échec dans un stade de 49.690 spectateurs ?

L’affluence est une performance

C’est beaucoup moins que les cinquante mille spectateurs que le Parc des Princes peut contenir à chaque match des coéquipiers de Kylian MBappé mais c’est beaucoup pour un match de football féminin français. D’autant à ce simple stade de la compétition (quart de finale), sans grands enjeux puisque les parisiennes sont parties de l’Allianz Arena du Bayern sur une victoire (1-2) par un doublé de Marie-Antoinette Katoto, la meilleure buteuse du championnat français et de l’histoire de la section féminine parisienne.

Certains pourraient relativiser le volume, fort de tribunes vides qui ne pourraient qu’apparaitre à l’écran.

C’est une erreur.

Les stades de football féminin, naturellement -« organiquement » dirait un gestionnaire- ne doivent pas dépasser les cinq mille spectateurs. Celui du Groupama Stadium est fait d’une seule tribune de 1500 spectateurs par exemple. Le public est bien moins nombreux et personne ne pourrait utiliser ce fait comme argument pour en juger de l’intérêt.

Le football masculin, au quotidien, ne fait pas mieux

Il suffit de comparer l’énorme médiatisation du football masculin, pour d’ailleurs, s’interroger. En France, avec une telle dynamique, les stades de Ligue 1 ont déclaré une moyenne de 22.799 spectateurs sur la saison 2018-2019. Comment penser alors qu’avec seulement un peu plus de 15% du sport féminin sur les écrans télévisés, les foules soient au rendez-vous de la même manière que pour les hommes.

La Coupe du Monde féminine 2019 en France est un bon indicateur

Quelle référence alors pour une affiche du football féminin ?

Coupe du Monde – Equipe des Etats Unis féminine vs Equipe des Pays-Bas féminine – 07/07/2019 Finale – (c) 2019 Baledent

En France, l’indicateur le plus objectif, ayant la chance d’être encore récent, est celui le dernière Coupe du Monde de football féminine, organisée en 2019 dans l’hexagone. Le respect du cahier des charges de la FIFA, excluant toutes invitations gratuites, a montré que le public du football féminin peut être de 57.900 au Parc Olympique Lyonnais pour la finale entre les USA et Pays-Bas à 9.354 spectateurs pour un Suède-Thaïlande (5-1) niçois.

Avec 25.000 à Paris, la performance est à retenir d’autant que la Coupe du Monde s’intéresse aux équipes nationales, sources plus importantes de ferveur que le club local.

WORLD CUP 2019 – Calendrier et résultats du MONDIAL 2019 – Les Féminines (lesfeminines.fr)

Le PSG réalise le meilleur score, pour un match féminin européen en France

Les vingt cinq mille billets vendus pour des places à 6, 12, 25 €uros, est le 8e RDV des féminines avec le stade mythique des professionnels masculins.

Le résultat sera sportif, qualification ou non au stade des 1/2, mais dans le cadre de l’analyse stratégique du club sur sa version féminine, le résultat de la présence au stade est très intéressant car il est organique et donc réel.

  • faits par une bonne partie des Ultras, supporters des hommes comme des femmes,
  • travaillé sur un plan mercatique concret avec les affiches gigantesques des joueuses sur l’ensemble de l’enceinte du stade depuis le 8 mars dernier, soit trois semaines,
  • Politique opérationnelle, instaurée dans le cadre d’une stratégie de valeurs autour des thèmes de l’égalité femmes-hommes à travers ses différents programmes à l’image d’Allez les Filles, Allez les Femmes, l’École Rouge & Bleu ou encore la Cantine Solidaire.

Il constitue pour l’instant un record parisien. Un record qui peut être une continuité, puisque 19.000 spectateurs, pour un simple match de groupe, avaient suivi le match européen de novembre dernier face au Réal Madrid, remporté (4-0). Deux volumes qui touchent le dernier record européen (19.192) du Parc des Princes pour le football féminin, de 2017, face au FC Barcelone … mais là, pour une demi-finale européenne.

Le PSG semble avoir donc un niveau élevé de spectateurs pour une affiche européenne.

Les comparaisons internationales ne sont pas cohérentes

C’est bien moins qu’ailleurs ! Voilà le message qu’on entend de plus en plus ! Mais ailleurs n’est pas la France, avec ses spécificités comme le sont la Suède, sans clubs européens significatifs et pourtant, médaille d’Argent aux derniers JO, dans la continuité d’une 3e place mondiale en 2019 et du second rang mondial, au classement FIFA actuel.

En France, le volume n’a pas à être comparé avec celui des anglaises et des espagnoles. On le sait, ce sont des pays qui peuvent avoir dix mille personnes pour une quatrième division masculine quand le décompte de l’hexagone ne serait que de quelques centaines.

Les finales européennes féminines naviguent entre 10.000 (2010) et 50.000 (2012) avec une moyenne proche de 16.000 spectateurs (voir source ci-dessous).

Les records espagnols (90.000) comme anglais (50.000), sont en tel décalage que la performance relève plus du dopage que de la réalité. Une place achetée, trois offertes, par exemple.

Le PSG pour une affiche européenne chiffre vingt cinq mille fans.

C’est une performance et un niveau de référence pour un club sans titre européen, seulement deux fois finalistes (2015-2017), avec deux Coupes de France et un récent championnat (2021). L’OL, sept fois championnes d’Europe, quatorze titres au palmarès, huit coupes de France a un record européen de 22.911 en 1/2 finale face à Chelsea (2019).

Le football féminin évolue. Lui laisser le temps d’évoluer n’est pas une erreur. C’est lui donner une construction solide pour ne pas copier le système masculin et améliorer, au fil du temps, ses prestations pour convaincre plus, pour mieux convaincre tout autant.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Ligue des champions féminine de l’UEFA — Wikipédia (wikipedia.org)