Rien n’est définitif dans ces quarts de finale aller de la Women’s Champions League 2022. Il reste que la performance de l’Ol , partie de (0-1) à l’extérieur à Turin, qui redécollera deux heures plus tard sur un (2-1) demande quelques écrits et observations. D’autant que la Juventus a mangé Chelsea (finaliste européen 2021) alors que Lyon s’est autorisé une défaite face au Bayern.

Rien n’est définitif, à l’exception du FC Barcelona, dans ce duel fratricide avec le Real Madrid au féminin, remporté par les championnes d’Europe 2021 à l’extérieur (1-3), sur un coup du sort, ou plutôt de la VAR, rappelant l’arbitre pour un pénalty potentiel alors que la première mi-temps était aux ordres des joueuses du Real (1-0).

La VAR qui, dans le quart de l’OL, à l’évidence, a oublié une sortie en touche turinoise permettant aux joueuses de la Juventus de revenir au score (1-1), alors que menées au tableau d’affichage et dans le jeu par l’Olympique Lyonnais (1-0). Une situation qui a entraîné un second but italien (2-1), faisant constater une défaite européenne de l’OL.

Une défaite lyonnaise plutôt rare dans la compétition européenne, notamment par deux buts encaissés ! Depuis que l’Ol est sur le trône européen, je n’ai que la rencontre face au Turbine Potsdam en mémoire (Novembre 2013), synonyme d’un tel retournement de tendance. L’OL l’avait emporté (0-1) à l’extérieur, les lyonnaises avaient perdu sur le score de (0-2) à domicile. Puis en 2021, l’exploit du PSG.

2013, 2021, 2022. Neuf saisons et un nouvel événement identique, cela ne peut que marquer les esprits d’autant que l’Ol est sorti sans titre de la saison précédente : pas de championnat de France, pas de Coupe d’Europe et pas de Coupe de France (annulée pour cause de Covid).

Que se passe-t-il dans le Rhône pour que les lyonnaises craquent, c’est à dire, ne remportent pas la victoire qui se dessinait ?

Tout d’abord, le niveau s’est relevé et inévitablement, l’OL marque moins souvent qu’elles ne le faisaient pas le passé. Soit pour des occasions ratées, mais plus encore par un manque d’occasions franches. La première mi-temps montre bien cela avec des initiatives mais rien de ce qui était lyonnais par le passé. Obligeant les joueuses à marquer dans des situations de jeu qui demande efficacité et efficience.

Deux sciences que les lyonnaises doivent retravailler et qui ne se gomment pas seulement avec des intentions mais dans un ensemble qui semble être bien moins fort à Lyon.

Un ensemble où le jeu demande plus de disponibilités et de jeu d’équipes que ne le propose Lyon actuellement. Peut-être trop axé dans la verticalité, avec un affrontement direct dans le jeu pour un centre qui suppose, une efficacité derrière que l’Ol n’a pas ou a moins que dans le passé. Il n’y a pas assez de fausses pistes, de créations inutiles sur le moment mais utiles à préparer des trous inattendus dans la défense adverse, que les attaquantes peuvent utiliser.

A l’écriture, j’ai en mémoire le premier but du PSG face au Bayern. Elles sont quatre parisiennes à être actrices d’un ballon qui n’est en rien une occasion mais qu’elles veulent transformer en occasion. Le but lyonnais de Macario, si on doit le comparer, est le fait d’un talent, bien plus difficile à répéter. D’ailleurs, un peu plus tôt, Macario, idéalement servie par Delphine Cascarino, seule au point de pénalty, « déchire » son plat du pied alors que la situation, pour une telle joueuse, l’oblige au minimum, à cadrer sa tentative.

En jouant ainsi, car les qualités lyonnaises sont dans le duel, l’Ol est obligé à de l’efficacité et de l’efficience. Ne l’ayant pas, elle prend le risque des errements défensifs.

A l’évidence, la défense du Rhône a des courants d’air.

On ne prend pas un but de Saint-Etienne (1-1) et deux à Turin en l’espace de quinze jours (2-1) sans avoir la vérité de le dire et donc de l’écrire.

Il suffit d’une ou deux erreurs pour que le but adverse se fasse. Plutôt que d’axer sur la défense, réfléchissons à l’efficience des adversaires car la Juventus peut compter sur les doigts de sa main ses occasions dans le jeu.

Pour quelles raisons les attaquantes adverses sont plus efficaces que les lyonnaises ? Simple, elles se sont préparées à avoir très peu d’occasions, elles ont l’envie de ne pas les rater et elles sont meilleures -dix années de football encadrées sont passées par là- que les attaquantes du passé.

En fait, l’OL constate que l’adversité est bien meilleure.

Reste le mental. Actuellement au goût du jour.

On pourra écrire que l’erreur de Carpenter (63′, carton rouge), transformant le jeu lyonnais de 11 à 10 est le phénomène déclencheur. Sauf que dans ce cas, l’équipe diminuée redouble de forces pour compenser les inévitables assauts de l’adversaire, galvanisé par l’opportunité présentée.

Et là, en dix minutes, l’OL s’est écroulé (71′, 83′)

L’Olympique Lyonnais nous a fait un PSG à sa façon. Une petite remontada italienne. La même déconvenue collective qui fait que chacune est bien à son poste, volontaire mais que le lien invisible qui fait une équipe n’est pas là.

Quand l’une est en retard, elle pense que l’autre a le niveau pour compenser alors que celle appelée à compenser pensera que l’autre va revenir. Les deux sont à 80%. les 20% manquants sont la signature de l’équipe.

Et alors, dans l’espace, les adversaires trouvent la place qui est là. Visible. Comme elles ont le niveau, elles ne ratent pas cette occasion, si rare mais dont elles savent maintenant, qu’il sera à un moment de la partie, disponible.

Solutions ?

L’Ol n’est plus l’OL. Les adversaires ne sont plus les mêmes adversaires.

Avec ce constat, il n’y a pas cinquante solutions. Soit l’espace n’est plus là, soit les joueuses retrouvent un état d’esprit de vingt ans, à compenser l’impensable. Pour le plaisir de le faire, pour l’envie de le faire, pour le besoin de le faire.

Ensuite, toute faute est une faute professionnelle. Elle doit coûter à la joueuse.

Soit elle coûte car la joueuse s’en veut et s’auto-régule, soit le système ou l’institution doit lui en donner un coût.

L’OL est peut-être trop mature. L’équipe a trop vécu la compensation de sa difficulté par l’autre. Aujourd’hui, la solution est d’abord de compenser ses erreurs afin que les autres n’aient pas à compenser les nôtres. Car je ne suis pas convaincu que l’OL ait la capacité ni l’envie de jouer comme à vingt ans, pendant quatre vingt dix minutes et plus.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Je n’ai jamais beaucoup écrit « pour cirer les chaussures » du Président Lyonnais Jean-Michel Aulas. Je ne sais pas s’il était à Turin, mais là, la VAR turinoise lui a fait une Bernard Tapie des temps anciens. Il y a bien plus d’évidence que la balle soit sortie qu’elle ne soit toujours en jeu.