Il faisait plutôt beau à Charlety, ce samedi après-midi. Un stade agréable à retrouver où je n’ai pas manqué d’aller prendre un café à la brasserie du coin, sachant d’expérience que sa gueule d’entrée laisse échapper un vent froid, vite glacial quand on est immobilisé sur un siège.

Rien n’a changé depuis que le Paris Fc masculin y joue, sauf que les bancs sont face au public, de l’autre côté du stade. Une nouveauté ponctuelle ou définitive ? L’idée m’est venue qu’elle a pu être la demande des coaches parisiens. Le stade est une cheminée d’écho et il est fort possible que les joueurs sur le banc, comme le coach, soient gênés par les commentaires du public, qu’on entend si bien qu’ils pourrait être à nos oreilles.

Là, il s’agissait d’un quart de finale de la Coupe de France féminine, à deux matches d’une finale. Un des seuls titres envisageables quand on évolue au plus haut niveau avec le Paris Saint Germain et l’Olympique Lyonnais dans son championnat.

Premières impressions

Lorsque les deux équipes se présentent, je trouve les joueuses de Fleury bien plus fines que celles du Paris FC où on sent un travail puissant au niveau des cuisses. Une observation qui aura sa raison d’être, tant le trio d’attaque polonais Grabowska, Kamczyk et Karczewska a été un feu follet constant sur les 95′ de la rencontre.

Trois joueuses qui ont crée le Mur de l’Atlantique devant les transitions offensives parisiennes, piquant à chaque initiative adverse, obligeant à une tension constante dans le jeu des défenseures parisiennes, se transformant en abeilles remuantes quand le jeu des rouges faisait son turn-over. La finesse de Kamczyk et Grabowska a été une des armes de Fleury. Elles se sont trouvées à l’idéal.

Un regard sur la fiche wikipedia du club l’explique : internationales A pour le niveau, venues du même club Gornik Leczna pour la complémentarité.

Un second point à restituer concerne le choix tactique du coach, Fabrice Abriel. En plaçant Marine Dafeur arrière latérale gauche, au marquage de l’attaquante parisienne, Clara Mateo, internationale A, faisant de la défense de Fleury, une défense à cinq.

Du côté du Paris Fc, à noter le capitanat au bras de Julie Soyer, une position de Daphnée Corboz en meneuse de jeu, Gaetane Thiney en avant-centre, et le déficit de taille comme de poids en défense centrale face à Karczewska, 183, 70 kgs pour Celine Ould Hocine et Théa Greboval.

L’entrée se fait sous les clameurs enfantines de Charlety. Un bruit qui est le bruit des fans du football féminin et semble faire plaisir aux joueuses parisiennes. On n’entend pas un souffle de supporters de Fleury, abandonné à son sort, sur une pelouse un peu haute peut-être, tellement les balles ont du mal à accélérer comme à sortir, quand le jeu est en profondeur.

Ainsi, Fleury jouera beaucoup sur la profondeur en première mi-temps. Un système qui mettra la pression sur la défense parisienne et donnera confiance aux milieux de terrain, à envoyer des balles, plat du pied, loin devant, pouvant être appelées à sortir et jamais sorties.

Première mi-temps : Fleury contre, Paris s’installe.

Par petites passes devant, en s’appuyant sur Gaetane Thiney, le Paris Fc s’installe chez Fleury sans pour autant dominer. Un Fleury qui montre sa qualité offensive avec une première faute non sifflée de Théa Greboval sur Karczewska, qui force sa chute, décidée à utiliser tous les moyens du football pour assurer la victoire de son équipe (1′) et un tacle de la gardienne parisienne sur le contre de Kamczyk (9′).

Gaetane Thiney jouera par deux fois sa chance. Le Paris FC ajoutera la confiance de Clara Mateo, justifiant une défense à cinq de Fleury. Laplacette, latérale gauche sans opposition, pour qui on notera en terme de limites, le manque de dédoublement offensif quand on se trouve sans attaquante directe dans sa zone, prend le temps d’un long centre sur Aigbogun, au contact de Meffometou, pour une balle qui s’offre à Gaetane Thiney, sans opposition, buteuse à la 21′ pour le Paris FC (1-0).

Fleury contre et contre bien mais le contre ne vaut que s’il se termine dans les buts adverses. Et là, Karczewska va rater ce qu’on ne doit pas rater dans un match de Coupe alors que l’on est internationale A. La capitaine Le Garrec, trouve à l’opposé, l’excellente Kamczyk, qui plonge. Se défait de Soyer, trouve le temps du plat du pied maitrisé pour Karczewska, en avance sur une défense centrale parisienne bousculée par sa force et taille, pour rater son tir. Trop vite, qui s’écrase et s’écroule devant la gardienne (35′). L’action semble si bien construite que la fin en devient une erreur.

On se dit que Fleury est fort offensivement, on se dit que le Paris Fc est bousculé mais présent mais on ne peut pas dire que Fleury va revenir au score. Sauf que Kamczyk, la meilleure joueuse de cette rencontre, renouvelle sa performance en plaçant un tir cadré en coin (44′) que Nnadozie va chercher avec qualité.

Là, on commence à se dire que Fleury a trop de qualités pour ne pas revenir. Et on cherche comment ?

Seconde mi-temps : Fleury prend la tête, Paris perd trop de duels.

Paris semble revenir avec une certitude que le score lui permet (1-0) sans que le jeu ne l’ait confirmé. Fleury a plus d’espoir. D’abord, en retard au tableau d’affichage, elles n’ont pas d’autres options que de l’avoir. Ensuite, elles ont montré des choses qui le justifient. Enfin, il s’agit d’un derby dans lequel elles sont David pour renverser un Goliath.

Tout cela fait que tous les duels du premier quart d’heure seront au crédit de Fleury. Le Paris Fc subit, subit tant que Karczewska, bien servie par Grabowska, maitrise sa défenseur dans la surface, tir en pivot cadré pour trouver Nnadozie, pas loin de faire son 3e arrêt. Comme Talaslahti, sauf que la gardienne de Fleury n’aura eu qu’à les prendre dans sa niche.

L’égalisation viendra sur un centre long de Léa Le Garrec. La gardienne du Paris FC l’a quasiment en main. Celine Ould Hocine l’a quasiment du bout du pied. Qui la prend ? Kamczyk ne s’en préoccupe pas. Elle se glisse, incognito, et lance un pointu qui finit dans les buts (1-1, 59′).

Les équipes se jaugent. Le Paris Fc n’est pas assez uni en performance pour ne pas faire croire à Fleury qu’elles ne sont pas prenables. Cela crée chez Fleury une volonté qui les aménera à la performance.

Une performance qui se jouera pendant quinze minutes par des aller-retours des deux équipes, l’une attaquant, l’autre défendant. Dans un sens et dans l’autre. Cherchant, à l’ancienne, la rupture de l’autre, qui ne viendra pas.

A cet effet, j’ai en mémoire une iènième balle en profondeur pour Karczewska, suivie comme une ombre par Théa Greboval. La polonaise, d’habitude plus rapide, court à l’énergie. La parisienne, plus lente, court à l’énergie. Aucune ne se lâche. Gréboval, joueuse qui défend debout, envoie un tacle rageur qui sort la balle.

Ce seront quinze minutes de bagarre.

D’ailleurs, les joueuses dans ce match seront restées à terre. Loin de l’image que l’on veut donner au football féminin. Deux raisons simples : la première, elles soufflent. La seconde, le jeu est bien plus rude qu’avant.

Puis viendra le temps des tirs au but (1-1).

Fleury passera. Le Paris Fc sera éliminé. un peu comme d’habitude avec la Coupe de France.

Personne ne pourra dire que le Paris Fc a mal joué. Elles ont fait un match. Personne ne pourra pas dire que Fleury ne mérite pas sa qualification. Elle est justifiée.

A mon sens, Fleury a rêvé d’éliminer le Paris FC. Le Paris FC n’a pas assez rêvé d’éliminer Fleury.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Paris FC
Nnadozie ; Laplacette, Ould Hocine (Butel 68′), Greboval, Soyer (c) ; Samoura (Bourdieu 58′), Vaysse (Ribadeira 73′), Corboz ; Matéo, Thiney, Aigbogun
Banc : Pecharman (G), Tchakounté,
Blessées : Jean-Francois, Sarr, Sow, Binate

Fleury
Talaslahti ; Meffometou, Debever, Chebel, Piga ; Yango ; Le Garrec (c) (Kassi 90+2′), Kamczyk, Grabowska, Dafeur ; Karczewska (Kouassi 90+2′)
Banc : Mainguy (G), Levasseur, Chapelle
Blessées : Fernandes, Bigot