Le Tournoi de l’Algarve était le grand tournoi suivi par toutes les équipes de club pour aller chercher la perle rare de Demain. Le monde a évolué et depuis 2016, les tournois de proximité à quatre s’imposent. Chaque fédération voulant avoir sa vitrine. Intéressant sur le plan du message, moins en terme sportif. A quatre équipes, il est plus facile d’être premier qu’à douze. Aujourd’hui, les tournois de février sont le dernier RDV pour les joueuses afin de passer de sélectionnables à sélectionnées.

Février, une date FIFA à part dans le calendrier

Football féminin. Paris le 26.02.2022. Le tournoi de février a toujours été l’occasion d’estimer les forces des futures favoris de la compétition de juillet ou d’août qui s’en suivait.

Une fenêtre internationale particulière sur les sept qui organisent la saison.

Le regard était assez simple jusqu’en 2016 et la création par les américaines de la SheBelievesCup, au lendemain de leur reconquête du titre mondial au Canada (1991, 1999, 2015). Deux tournois significatifs écumaient les équipes de la moitié de la planète comprenant la fédération Concacaf (USA et autres), l’UEFA et la zone Asie avec le Japon.

L’Afrique ne se déplaçait pas faute de moyens et d’invitations comme les équipes d’Amérique du Sud, y compris le Brésil pourtant deux fois finalistes des Jo en 2004 et 2008 comme du Mondial de 2007.

L’Algarve et Chypre, deux tournois significatifs jusqu’en 2015.

Un format proche des compétitions.

Le tournoi significatif était celui de l’Algarve au Portugal, sorte de grand chelem si on devait le comparer avec le tennis. Crée en 1994, celui qui l’emportait gagnait une reconnaissance. Peu suivaient pourtant avec un titre, mais composé d’une douzaine d’équipes au format des compétitions internationales (JO), terminer dans les quatre étaient un réel signe de force.

Classé plus loin et le sélectionneur se faisait des cheveux blancs ou perdait son poste. Jill Ellis, future meilleure coach FIFA, vainqueur de la Coupe du Monde 2015 et 2019 avec les USA, y a gagné sa place de numéro 1 après la déconvenue américaine les classant à la 7e place en 2014. Bruno Bini, 10e avec la Chine avait joué sa place en 2017, au lendemain d’un 1/4 de finale au Jo de Rio.

Un tournoi rarement joué par la France sous l’ère Bini (2007-2013) qui préférait jouer le Tournoi de Chypre, réservé aux équipes au-delà du Top 10 mondial. La cause était la fatigue enclenchée face aux nombre valeureux d’adversaires au Portugal quand celui du Sud de l’Europe, permettait des turn-overs, découvertes, pour un match serré lors de la finale.

La France alignera deux titres à Chypre (2012 et 2014) et seulement une finale pour le tournoi de l’Algarve face aux USA en 2015.

Les USA lancent les nouveaux tournois en 2016

Les américaines veulent surfer sur la reconquête de leur titre au Canada et crée un tournoi international avec les meilleures équipes mondiales, le Top Four de l’époque, leur demandant de s’y engager pour quatre saisons.

Un format court, une médiatisation sur le pays du soccer, c’est assez d’arguments pour que la France, l’Allemagne, l’Angleterre et les USA chamboulent le paysage du passé.

Dans la foulée, la France crée son tournoi en 2020, appelé Tournoi de France pour apprendre, qu’en février 2022, l’Angleterre organise le sien, appelé « Arnold Clark Cup ».

Tout le monde étant quelque part, les tournois de février ne réunissent plus que peu d’équipes. Celui de l’Algarve en 2022 n’a réuni que cinq équipes, la SheBelievesCup a réduit ses ambitions avec quatre équipes dont la République Tchèque (24e mondial), le Tournoi de France en a pris quatre (France, Finlande, Brésil et Pays-Bas) quand le nouvel « Arnold Clark Cup » a reçu l’Angleterre, l’Allemagne, l’Espagne et le Canada.

Il ne manque plus qu’une organisation en Amérique du Sud, Afrique et Asie d’un même concept pour que Février de chaque année soit la période des tournois en football féminin.

De douze à quatre, la lecture des résultats n’est pas la même

Que vaut la SheBelievesCup américaine en 2022, sans RDV de juillet pour l’équipe américaine ?

Que vaut la dernière place de l’Allemagne au tout récent tournoi anglais dans ce contexte ? Faut-il oublier que l’Allemagne, dont la Bundesliga est essentiellement composée de joueuses allemandes, éliminant les clubs anglais dans la WCL 2022, ne vaudra rien en Juillet 2022 pour reconquérir un titre européen, laissé au Pays-Bas en 2017 après huit victoires au palmarès de la compétition européenne ?

Que vaut la 1er place de la Suède au Tournoi de l’Algarve, dans un tournoi à cinq avec deux matches et 45 minutes pour se distinguer avec le 5e, Danemark. Un tournoi famélique quand on le compare aux années 2015 et qui sera amené à disparaître.

Le mieux est de ne pas s’engager en délivrant simplement les résultats (en gras, les équipes qualifiées pour l’Euro 2022).

  • Tournoi de France 2022 : France (4e mondial 3V), Pays-bas (5e mondial 1V, 1N, 1D), Brésil (7e mondial, 2N, 1D), Finlande (25e mondial, 1N, 2D)
  • Tournoi « Arnold Clark Cup » : Angleterre (8e mondial, 2V, 1N), Canada (6e mondial, 1V, 1N, 1D), Espagne (9e mondial, 1V, 2N), Allemagne (2e mondial, 1N, 2D)
  • Tournoi de l’Algarve : Suède (2V, 2e place mondiale), Italie (2V, 15e mondial), Portugal (1V, 1D, 29e place mondiale), Norvège (2D, 12e mondial), Danemark (2D, 14e mondial)
  • Tournoi « SheBelievesCup » : USA (1ère mondiale, 2V, 1N), Islande (16e mondial, 2V, 1D), République Tchèque (24e mondiale, 2N, 1D), Nouvelle-Zélande (22e mondial, 1N, 2D)

Et de rappeler les équipes qualifiées pour l’Euro 2022 à venir : Angleterre, Allemagne, Pays-Bas, Danemark, Norvège, Suède, France, Belgique, Islande, Espagne, Finlande, Autriche, Italie, Russie, Suisse, Irlande du Nord.

En fait, ce sont des tournois faits pour constituer les joueuses à sélectionner des équipes.

William Commegrain Lesféminines.fr