La France, toujours sans défaite face au Brésil

Les Bleues, cinquième mondial avaient à s’opposer au Brésil, 7e mondial dans ce second match de la 2e édition du Tournoi de France, crée en 2020 pour occuper la fenêtre FIFA internationale d’une quinzaine de jours, réservée aux matches amicaux internationaux.

Sur les dix rencontres enregistrées par la FFF, les Bleues n’avaient jamais perdu. L’ouverture brésilienne sur un pénalty joué par l’icône Marta (multiple meilleure joueuse du monde sur la période 2005-2015), réussissant sa panenka (19′) devant Pauline Peyraud Magnin (0-1) sur une faute inutile de Kheira Hamraoui pouvait penser au pire pour ces Bleues, tout juste sorties d’une période médiatique très remuée.

Un geste volontaire de la parisienne au cœur de la tempête médiatique que tout le monde connait (Novembre 2021), un avantage brésilien (0-1) opposé au jeu des françaises, fortes de quatre corners et une transversale. Le tout dans un ensemble où les deux équipes, chacune au pressing de l’autre, réalisaient des fautes de transmission inhabituelles et bien trop tôt pour s’imposer à l’autre dans une construction qui n’arrivait pas souvent à son terme.

Un moment pas simple. Un moment où on a pu évaluer les Bleues quand rien n’allait de particulièrement bien sans que rien, chez l’adversaire, ne laissait penser que tout allait mieux.

Un no man’s land, à l’image des événements Russo-Ukrainien, où tout est possible sans que rien ne soit fait.

Marie-Antoinette Katoto, la Gerd Muller des Bleues

Il aura fallu une erreur incroyable de la gardienne brésilienne, venant au contact d’une verticale aérienne, comme une gardienne de hand dans sa zone, sans chercher à la prendre de ses mains, surprise par le rebond haut qui déclencha la réaction immédiate de Marie-Antoinette Katoto.

La meilleure buteuse actuelle du championnat de France, sur le podium de la D1FArkema depuis 2018, n’est plus la jeune joueuse de 19 ans, critiquée au Mondial 2018, au championnat du monde des U20. Reposée par Corinne Diacre en 2019, sous les critiques des passionnées.

Aujourd’hui, elle possède un instinct qui lui fait comprendre l’opportunité du moment, sans chercher l’idéal d’un but. A la manière d’un Gerd Muller des années 70-80, dans l’esprit d’un Kylian MBappé, dans l’esprit de la jeunesse actuelle, elle devient acteur de l’intention.

Nous sommes à la 23′, quelques minutes après le hold-up brésilien. Dans la surface, elle s’impose à sa défenseur centrale qui a plutôt fait une bonne partie. Elle a l’intention d’avance, pour finir par pousser un ballon inattendu. Et la certitude qu’elle ne peut pas être touchée dans la surface pour égaliser (1-1, 23′), éclatant autant de bonheur que si elle avait mis une lucarne !

Pour son doublé, là encore, elle réalisera cette performance, après avoir réalisé un travail de « première ligne de rugby » sur la défense centrale pendant toute la rencontre, mais conservant toujours la même concentration, pour bondir devant son adversaire et placer un plat du pied qui fera l’égalisation, avec le temps d’avance qui fait la différence entre une occasion et un but.

A l’évidence, la joueuse de 23 ans, aux 21 buts pour 25 sélections, est passée dans une nouvelle catégorie. Au micro de Carine Galli, elle a évoqué que tout n’était pas parfait. La plénitude viendra quand elle aura pu mettre le but qu’elle a mis face aux américaines et continuer à scorer contre les brésiliennes.

On ne sait jamais si on peut arriver à son idéal. On peut juste dire qu’elle évolue bien pour l’être.

Le Brésil est loin d’un podium international

Sur le reste de la partie qui ne restera pas dans les annales, on peut être surpris de la sélection de Marta par Pia Sundhage. A l’évidence, elle joue avec son passé plus qu’avec son présent. On peut penser qu’elle le sait, refusant la plupart des duels directs, notamment face à Tounkara et Renard, qui étaient auparavant, sa signature personnelle. J’ai trouvé la défense centrale plutôt bien concentrée sur la lecture du jeu des françaises. Sur les côtés, c’est faible. Ludmila, entrée et Duda ont des caractéristiques intéressantes. L’une dans l’impact, l’autre dans la taille.

Les Bleues, sereines.

Pour les Bleues, j’ai trouvé Aissatou Tounkara au niveau de Griedge M’Bock. Elle a acquis de la certitude et joue comme une titulaire. Pauline Peyraud Magnin justifie de la confiance accordée par Corinne Diacre. J’ai du mal à donner un caractère particulier à Sandie Toletti, un peu en-dessous de Grace Geyoro dans l’évolution de son jeu depuis ses 18 ans. Kheira Hamraoui est blanche ou noire. C’est la signature de son jeu, entre lumière et ombre.

Kadidiatou Diani est l’expression de la volonté tactique de son coach. Si vous la mettez au centre, elle jouera au centre. Si vous la mettez de côté, elle centrera. Si vous lui demandez de défendre, elle défendra. Par son jeu, vous pouvez savoir qu’elles ont été les consignes « cachées » du coach. C’est une joueuse qui a la capacité physique de sortir de sa zone tout en jouant sa zone.

Si j’étais un adversaire des Bleues, je pisterais Wendie Renard. Et je ne serais pas surpris de la voir 60% en défense et 40% devant. Même sur les côtés.

Si Delphine Cascarino, Awa Cissoko et Selma Bacha ont été moins en vergue c’est qu’à mon sens, l’équipe de france n’a pas la possibilité, sur la totalité d’une rencontre, de jouer dans les trente mètres adverses. On le voit, les Bleues jouent deux matches en un. Un à chaque fois différent selon les mi-temps.

A trop dominer, elle a du mal à marquer.

A mon avis et en considérant mon incompétence, l’équipe de France est une équipe qui sera championne en jouant médian. Toutes les joueuses sont excellentes dans le contre, rapides, exactes dans la passe, fulgurantes devant, face à une équipe adverse, quelque soit son niveau, souvent faible dans ce genre de situations dans le football féminin.

Trouver les joueuses qui s’adaptent avant les mi-temps

Je terminerais cette observation par la différence entre Selma Bacha et Sakina Karchaoui. Si j’étais la jeune lyonnaise, je m’interrogerais sur les raisons de la différence d’impact avec la parisienne. Même taille, même style de jeu, même volonté d’impacter et pourtant, la parisienne a explosé le Brésil quand Selma Bacha a titillé l’équipe adverse.

Je n’ai trouvé aucune raison à cette différence. La seule que je vois, c’est l’âge. Selma a 21 ans et 3 sélections, Sakina en a 26 et 45 sélections.

Ce qui me pousse à réfléchir sur l’importance de l’expérience.

Dans ce cadre, j’ai trouvé que l’équipe de France n’arrive pas à trouver la solution sur le terrain faute d’expérience. Il faut l’intervention de Corinne Diacre dans les vestiaires à la mi-temps.

Dans les tournois internationaux, il sera peut-être difficile d’attendre les 45′ pour réagir. A défaut de voir des joueuses trouver des solutions dans le groupe actuel, si mon observation est juste, cela pourrait ouvrir des portes et en fermer d’autres.

Ce qui fait réfléchir à l’utilité et l’importance d’Amandine Henry (31 ans, 93 sélections, 13 buts), d’Eugènie Le Sommer (31 ans, 175 sélections, 86 buts) voire de Gaetane Thiney (36 ans, 58 buts, 163 sélections) pour remporter des titres.

William Commegrain Lesfeminines.fr