La France est mécontente. Un pays que les autres nous envient et dont nous sommes les seuls, à autant aimer le critiquer.

Difficile de savoir si pour d’autres contrées, l’unité est de mise mais on peut facilement dire que depuis que le football féminin est sous les lumières médiatiques, … heureusement qu’il y a des cours de communication insérés au programme du BEPF !

Une France du football féminin, très ressemblante.

Trouvez moi une saison dans ces dix dernières années qui n’ait pas été discutée, critiquée, remise en question, bousculée. Trouvez-moi mais ne cherchez pas trop longtemps, vous n’y arriverez pas.

Dans les sélections et les commentaires qui vont avec, il y a du « Poutine-Macron » telle la photo récente -qui deviendra historique- nous le fait comprendre. Une discussion, une négociation, avec au milieu, un immense vide qui donne du sens au mot silence.

La séparation

Conjoncturellement, on aurait pu écrire que la France des Bleues vivait avec une opposition « droite-gauche » entre l’OL et la sélection. Le conjoncturel est devenu structurel.

Je pense par exemple à Lindsey Horan. Qui arrive en France pour jouer en D1F Arkema sait qu’à chaque sélection, la lecture des vingt trois Bleues se fera à l’angle des joueuses lyonnaises prises ou non.

Avant la prise de position d’Amandine Henry, les rapports se réglaient « en famille » mais laissaient autant de traces. Aujourd’hui, le football féminin est médiatisée, les choses se répètent au grand jour. Et lorsque aucun antagonisme particulier n’est à retenir par les médias, les réseaux sociaux s’activent tout autant.

L’opposition est devenue structurelle, comme l’a été pendant longtemps le rapport « droite-gauche » en politique.

Pour en rajouter, le football féminin est au centre récent de deux affaires.

La première, l’affaire Hamraoui dont on cherche encore les auteurs et commanditaires, de Novembre 2021 mettant sous les projecteurs la vie privée de joueurs et joueuses de notoriété ; et la seconde, tout juste sortie hier, Lundi 7 février, concernant la prise de position d’Ada Hegerberg sur l’inertie d’un championnat. Dont on se demande la cause, dans un championnat sans fait majeur, relevant plus de la revendication « syndicale » ou d’un message tiers. Légitime sans doute mais sans proposition aussi, reprise en cœur par celles qui partagent l’opinion, comme par la sororité (*) d’un réseau.

Attention, à trop s’échauffer, le football féminin se refroidit.

Des RDV à venir sur quatre ans, pour un programme historique.

Les Bleues ont trois RDV institutionnels, coup sur coup. En 2022, décalé d’un an, l’Euro en Angleterre. En 2023, le Mondial organisé par le duo Australie et la Nouvelle-Zélande, puis pour finir, les JO de Paris, à la maison en 2024.

Se profilant à l’horizon, l’Euro 2025 puisque la France s’est attelée au rôle de candidat. Cela ferait quatre évènements extraordinaires, pratiquement tous de proximité, où la France peut jouer sa carte … et c’est toujours un peu plus, un peu toujours, « le bordel » dirait un Michel Audiard.

Un calendrier historique qu’aucune fédération ne pourrait présenter. Et c’est le « bordel ».

L’unité, cela existe ?

En plein Jeux Olympiques de Bejing 2022 nous montrant l’unité de chaque nation, rares sont celles autant déchirées comme peut l’être la France, en football féminin. A croire que ce jeu est une sorte de jeu où chacun peut faire ce qu’il veut sans se préoccuper des effets, donnant raison à la notion de hiérarchie comme cadre protecteur ou à celui du participatif comme source d’unité.

Ce n’est pas une critique, c’est un fait.

Autre argument sur notre esprit critique de Descartes, en allant aux USA. Leur SheBelievesCup devait réunir les quatre meilleures nations mondiales au lendemain de la Coupe du Monde 2015, propose en 2022, des oppositions bien plus éloignées. La Nouvelle-Zélande, l’Islande et la République Tchèque. Tout cela se fait dans l’unité la plus totale.

Terminons par le gain très récent de la Coupe d’Asie des Nations par la Chine, assez loin sur le plan mondial pour en rêver (19e mondial) et dont le dernier titre remonte à 2006. Un pays culturellement et structurellement obligé à l’unité.

Je ne peux que clore ce sujet sur l’unité avec le gain du tournoi olympique par le Canada en 2021. Plus unis que cette équipe ? Il est difficile de le contester après leur élimination des USA dans la compétition. Une victoire qu’elles avaient oublié depuis 20 ans.

Il faudrait demander à Brigitte Henriques, ex- vice présidente de la FFF, passée à la présidence du CNOSF (Comité Olympique français), si la controverse dialectique et factuel qui existe dans le football n’est pas sa caractéristique première.

En attendant le constat est clair : A trop s’échauffer, le football féminin se refroidit.

Les Bleues

La sélection française pour le Tournoi de France, a été communiquée aujourd’hui par Corinne Diacre, en charge des Bleues depuis le 1er septembre 2017, 4e mondial, à la recherche d’un podium ou d’un titre dans une compétition internationale.

Corinne Diacre décide de mettre au centre de son jeu Kheira Hamraoui (PSG), future capitaine de l’Equipe de France à l’évidence. Voici ces mots : « Kheira est performante. L’histoire sortie relève du domaine privé. Il faudra faire preuve de respect car Kheira est une victime, on l’oublie un peu ces deniers temps. » Sa qualité dans les transversales donnant le second but du Paris SG face à l’Olympique Lyonnais a du surprendre la coach française, présente au stade lors de l’opposition en Coupe de France gagnée par le club de la capitale : « Ses qualités ? Kheira a une capacité athlétique impressionnante, elle possède un jeu long très intéressant surtout quand on observe celui de nos futurs adversaires. Elle peut jouer dans les pieds, au sol, ce qu’elle avait un peu perdu au FC Barcelone qui adopte un jeu de possession. »

On note la confirmation de Selma Bacha (Ol), qui joue plutôt comme milieu excentrée sur la gauche, auteure d’un superbe but pour sa première sélection. Certainement future titulaire à ce poste.

On peut noter le retour d’Ouleymata Sarr (Paris FC), sélectionnée sans beaucoup jouer au Paris Fc et pour laquelle Corinne Diacre précisera : « On ne peut pas dire qu’Ouleymata (Sarr) ait beaucoup de temps de jeu car elle évolue dans une équipe (le Paris FC) qui tourne bien mais c’était le moment de la voir alors qu’elle a été pas mal touchée par des blessures. C’est l’un des derniers moments pour faire des essais. »

Une joueuse offensive qui semble condamner définitivement Eugénie Le Sommer (32 ans), très performante aux USA, meilleure buteuse des Bleues (86 buts), 175 sélections : « Eugénie ? Plus le temps avance, plus ça paraît compliqué mais la vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain. Je ne peux pas vous dire qu’Eugénie ne sera pas dans la liste pour l’Euro, je ne le sais pas. »

La vice-capitaine de l’Equipe de France rentrerait potentiellement dans l’équipe des 23 à la double condition d’une perte de forme de Selma Bacha et d’une impossibilité de retour d’Amel Majri, blessée, ayant déclaré sa maternité.

Car la liste semble bien arrêtée au niveau des joueuses connues, ne laissant la place qu’à un talent inattendu. « (Cette liste sera-t-elle proche de celle pour l’Euro ?) Non car il y a 25 joueuses mais oui car il y en aura une grosse partie qui la composeront. On ne va pas tout changer d’ici avril ni juin.« 

Un tournoi à venir, une identité à affirmer. Un sport à réchauffer. Un planning à venir plutôt motivant.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Mercredi 16 février 2022

  • Brésil – Pays-Bas (19h00, stade Michel-d’Ornano, Caen, en direct sur FFFtv)
  • France – Finlande (21h10, au stade Océane, Le Havre, en direct sur W9)

Samedi 19 février 2022

  • Finlande – Pays-Bas (18h00, au stade Océane, Le Havre, en direct sur FFFtv)
  • France – Brésil (21h10, au stade Michel-d’Ornano, Caen, en direct sur W9)

Mardi 22 février 2022

  • Brésil – Finlande (18h30, au stade Michel-d’Ornano, Caen, en direct sur FFFtv)
  • France – Pays-Bas (21h10, au stade Océane, Le Havre, en direct sur W9)