Paris – 5 février 2022. La FFF envoie du lourd dans le domaine de la pratique du sport de haut niveau féminin. A sa tête et nommé comme Président, Jean-Michel Aulas, dont chacun connait la force et le passé avec l’Olympique Lyonnais au féminin. Un parcours commencé au milieu des années 2000 pour quatorze titres en championnat, neuf coupes de France, sept Coupes d’Europe. Un bilan unique en Europe.

Un homme dont le réseau est conséquent tant national (membre du Comex de la FFF) qu’européen puisqu’il fait partie ou a fait partie d’une commission identique au sein de l’UEFA. Sans parler de son influence auprès des médias nationaux, base essentielle de développement de la pratique pour une diffusion gratuite si on compare avec ce qui se fait en Angleterre et aux USA.

L’impact en France

Une structuration professionnelle

Au niveau national, la question de l’impact de son travail et influence se posera pour les petits clubs autonomes dans la D1F Arkema que sont Soyaux Charente et GPSO Issy 92 dont on voit mal, une continuité au plus haut niveau compte tenu que des clubs masculins professionnels se pointent à l’horizon au niveau inférieur : le FC Nantes, Le Havre, le FC Metz, Lille, Lens, Strasbourg pour le groupe A pour moins de monde dans le groupe B, puisque seul Rodez, leader pointe à l’horizon quand l’OM a abandonné l’affaire (8e) et que Nice affute ses crampons (4e).

Des clubs professionnels à qui il va proposer un business modèle gagnant, et qui sera écouté s’il a une réalité économique prouvée, pour une activité financière française en difficulté avec le Covid, habituée à ne plus être leader nationaux et donc toujours à l’écoute de plus-values, sources essentielles de leurs équilibres financiers.

Dans ce cadre, les joueuses essentiellement intéressées par le message : « rémunération et notoriété » suivront les yeux fermés dès lors que ces deux missions donnent un revenu mensuel supérieur à une première tranche (minimum) de 5.000 € mensuel. A ce niveau, la concurrence proche du Hand-ball et de sa réussite, Basket-ball français avec pour exemple et source de motivation, les 75 millions de dollars payés par les sponsors pour le basket féminin américain, s’éloignent un peu.

L’impact en Europe

Le football féminin français subit la concurrence frontale de l’Angleterre et de l’Espagne, valeurs montantes parties de loin et portés par les médias et réseaux sociaux. Une dynamique positive, qui aux détails, n’est pas au niveau de la réalité exposée, comme toute nouveauté (voir le récent départ d’Everton pour jean-Luc Vasseur) mais dont on sait, qu’il est impossible d’aller à l’encontre du stéréotype en cours de formation, quand une vague médiatique ne pratique pas la controverse.

L’Allemagne se réveille sur le plan sportif dans un championnat très serré à son Top, quatre points de différence entre le premier et quatrième, et l’Italie pourrait s’affirmer à travers son équipe nationale.

Une équipe nationale qui est, pour chaque pays, le premier vecteur de médiatisation du sport féminin, quelque soit sa pratique.

Il y a du goût et du caractère dans cette commission

Dans le sport féminin collectif, football, basket, hand, autres et dans la pratique féminine individuelle -même si le postulat est moindre- c’est l’équipe nationale qui porte l’intérêt des médias. Compte tenu que pour la France, -les Bleues-, la diffusion va toucher de Lille à Marseille, de Lyon à Nantes et Bordeaux quand la réussite d’un club est, de fait, l’échec des autres.

La question qui se pose est donc celle de l’équilibre de la vision et surtout de l’implication de Jean-Michel Aulas entre les Bleues et leurs performances avec celles de l’Olympique Lyonnais, en cours de restructuration. Un équilibre pas si facile, l’homme ayant réussi à mettre l’OL au centre de toute la performance féminine pendant si longtemps que l’équilibre, a un risque de se transformer en déséquilibre. Une mission pouvant diminuer l’autre.

D’autant qu’on peut se poser la question de l’efficacité de cette double mission :

  • Les USA sont championnes du monde 2015 et 2019 avec une équipe nationale forte mais des joueuses qui changent de clubs comme de chemises. Le club vainqueur du titre peut être le dernier des franchises l’année suivante. Les Pays-Bas, devenu vice-champion du monde en 2019 après le gain de l’Euro en 2017, sans club européen. La Suède, 3e mondial, avec des clubs qui ne dépassent pas les 1/4 européen de Women’s Champion League
  • Plus, le Canada est champion Olympique en 2021 sans aucun club professionnel dans son championnat. Contre la Suède déjà mentionnée ci-dessus et les USA, toujours avec des joueuses qui changent de clubs aussi facilement que d’opérateurs téléphoniques.

La réussite des clubs et de l’équipe nationale a été une grande vérité dans la décennie précédente (2000 – 2014) avec les clubs allemands, vainqueurs de la Women’s Champion League (Frankfurt, Turbine Potsdam, Wolfsburg) avec une équipe nationale huit fois championne d’Europe mais l’arrivée de l’OL (sept titres, deux finales) et du PSG a remis en question cette vérité.

Sans aucun titre pour la France avec sept éliminations en quart de finale. Difficile de faire les deux.

Mon analyse était donc la suivante. Tant que l’OL brillera, la France ne gagnera pas.

Sauf qu’Aulas n’était pas le représentant de la performance du football féminin français. Quand Aulas n’est pas quelque part, alors les autres sont des adversaires.

Là, il y est. Donc, il faut voir.

D’autant qu’il y a du lourd dans cette commission : Marie-Christine Terroni (Paris FC) dans le milieu depuis plus de dix ans ; Aline Riera, consultante sur Canal, programmée aussi pour gagner : les deux assez proches du « l’essentiel sont les trois points ». Pascal Bovis, qui a su s’opposer et s’organiser pour ces fameux 6 millions d’euros à partager. Laurent Nicollin qui s’est fait plus qu’un prénom dans le milieu, assez ouvert pour donner une identité au football féminin qui en manque pas mal.

Olivier Blanc est un « diplomate » lyonnais ; pour les autres je ne connais pas. Il reste à connaître le nom du représentant du Paris Saint Germain. Peut-être du talent à l’horizon ?

Il y a du caractère et du goût dans cette commission. Une sorte de commandos pour partir à la guerre.

En attendant, la candidature de la France pour le prochain Euro féminin 2025 montre bien que le football féminin français et son développement passe par la réussite et la médiatisation de l’Equipe de France car elle représente l’hexagone et son identité.

En cas de succès dans cette démarche que les allemands, anglais et espagnols ne voudront certainement pas, le football féminin français aurait les JO de Paris et dans la foulée, l’Euro 2025. Les médias du monde et dans la foulée, les médias européens.

C’est peut-être le moment d’investir dans cette pratique.

William Commegrain Lesfeminines.fr