Elles étaient cinq à postuler au titre de Meilleure gardienne pour l’année 2021, la FIFA (1) en a retenu trois. Il y a quelque chose d’individuel, de personnel en chacune d’elles. Un écrivain pourrait y trouver une personnalité, comme une signature. Je ne sais pas, à cette heure tardive où j’écris ces mots, si les gardiennes ne sont pas les dernières joueuses à avoir encore la flamme du football féminin ?

D’avoir conservé encore cette différence qui donnait une raison aux kilomètres à parcourir comme aux écrits à faire scintiller. Aujourd’hui, le football féminin est devenu du football.

Endler, la coqueluche des spécialistes

Christiane Endler (Chili, PSG et OL). Honnêtement, je n’ai jamais compris les raisons pour lesquelles le monde entier encense la capitaine chilienne, quitte à la porter au plus haut des firmaments. D’abord, le Chili est très loin des plateaux télévisés du football féminin, classé au-delà de la 30e place mondiale.

Certes, exceptionnellement, les chiliennes se sont qualifiées pour deux compétitions majeures qu’ont été la Coupe du Monde de football en France (2019) et les Jeux Olympiques de Tokyo (2020, joué en 2021). Les résultats n’ont rien eu d’exceptionnels. A l’inverse, si le PSG a obtenu le titre de championne de France, c’est à l’évidence grâce à Christiane Endler, magnifique dans les cages sur cette saison comme lors de l’élimination en Coupe d’Europe, de l’OL sur les terres lyonnaises. Même si c’est du très bon, est-ce que cela vaut le titre de meilleure gardienne au monde ?

Berger, brille à la trentaine

Ann-Katrin Berger (Allemagne, Chelsea) est la seconde. Joueuse parisienne pendant deux saisons (2014-2016), elle a peu joué puisque les statistiques de footofeminin lui reconnaissent douze matches en deux saisons. Six chacune. Elle est partie en Angleterre pour jouer sous les couleurs de Birmingham, un club de milieu de tableau voire moins de la FAWSL où elle a évolué pendant trois saisons (2016-2019). C’est à un âge avancé qu’elle a pris les rênes de sa carrière pour être titulaire avec Chelsea (vainqueur du championnat, finaliste de la WCL en 2020) et depuis 2020, gardienne titulaire de la Mannschaft.

Elle a su se battre contre un cancer de la tyroïde, pour revenir au combat. Chelsea a été sorti en 2021 de la compétition européenne et pour cette année 2022, est restée que le quai de la phase de groupe.

Labbé, héroïne des JO ombragés de Tokyo

Normalement, Christiane Endler, connue et reconnue de par le monde, devrait prendre le trophée, donné au milieu du mois de janvier 2021 (le 17). Compte tenu que « les lauréats et lauréates de ces prix sont sélectionnés par un jury international composé des sélectionneurs actuel(le)s de toutes les équipes nationales féminines et masculines (un(e) par équipe), des capitaines actuelles de toutes les équipes nationales féminines et masculines (un(e) par équipe), d’un(e) journaliste spécialisé(e) de chaque territoire représenté par une équipe nationale, ainsi que des supporters et supportrices inscrits sur FIFA.com« .

On le sait, le football féminin n’est pas assez suivi pour que des finesses et subtilités puissent y trouver leur place.

C’est le double malheur que pourrait retenir Stéphanie Labbé, gardienne de l’équipe du Canada, championne olympique en titre. Actuellement au PSG, après avoir vadrouillé aux USA, Suède, dans les équipes de garçons. Ce serait un double malheur car le premier est retentissant. La trentenaire a réalisé une performance extraordinaire permettant à son équipe de gagner les matches olympiques (JO de Tokyo) sur l’épreuve des tirs au but, deux fois consécutivement et une fois pour le titre, alors qu’en face, se trouvait les USA et la Suède ! Une présence sur le terrain indéniable, quand les résultats des canadiennes se jouaient à l’unité.

Personne ne peut dire que le Canada aurait eu sa médaille, sans Stéphanie.

Une prestation au moment où tout se joue. Une prestation répétée. Une prestation pour un titre olympique. Le malheur étant que ces Jeux sont restés dans l’ombre du Covid.

A mon sens, pour avoir suivi la compétition de Canada, pas du tout attendue à un tel niveau, le titre doit revenir à Stéphanie Labbé. L’argument est simple : un titre de championne de France ne peut pas valoir un titre olympique !

Je ne suis pas convaincu qu’il en sera ainsi. Alors Christiane Endler aura le mérite unique d’être récompensée pour ses qualités pures quand, souvent, le mérite avec la FIFA, revient aux exploits des équipes nationales. Le Chili est trop loin pour cela se fasse. La récompense ne sera pas usurpée, mais il y aura un « mais » et ce n’est jamais très bon qu’il y ait un « mais » avec une récompense mondiale.

Dans les deux cas, le Paris Saint Germain sortira gagnant. Sa gardienne 2020-2021 récompensée ou sa gardienne 2022 avec le titre ; voire sa gardienne en 2014-2016 pour Ann-Katrin Berger.

Ce qui est certain, du côté des joueuses, c’est que les trois gardiennes comme les cinq ont l’esprit « football féminin ».

William Commegrain Lesfeminines.fr

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