Nous sommes en 1999. Qui se souvient de la jeune femme de 20 ans, championne du monde junior depuis 1996, déclarant avec un grand sourire plutôt que d’avouer, aux journalistes présents, son homosexualité.

Insolente, quand on a du talent. C’est l’expression de sa différence !

Une surprise, pour cette jeune finaliste d’un grand chelem face à Martina Hingis (Open d’Australie) dans le milieu du sport, médiatique, n’ayant jamais osé glisser sur le bout des lèvres, le goût féminin de stars comme Bille Jean King (129 titres selon wikipedia) et Martina Navratilova (18 titres gagnés), numéro 1 et 2 de leur période.

Le sport féminin en est à ses balbutiements et le tennis en est le nouveau porte-drapeau. Les joueuses en blanc donnant de la grace à ceux, très nombreux, qui n’y voyaient de la performance, qu’une fois tous les quatre ans, lors de la grande messe des Jeux Olympiques.

Amélie Mauresmo et ses producteurs de vins. Photo La revue du vin français.

« Insolente », c’est le nom qu’elle a voulu donner à sa cave, lorsqu’elle a immatriculé son activité au registre du commerce de Bayonne, Présidente d’une SASU créée en 2017, « La cave de l’insolente » à Anglet. Une passion, le vin, annonçant sur le site « la revue française du vin », posséder plus de 2.500 bouteilles, capable de se souvenir de ses découvertes passées « Je me souviens d’ailleurs que le premier grand vin de Bordeaux qui ait marqué mon esprit était un saint-julien, un Château Gruaud Larose dégusté il y a une quinzaine d’années » comme un Château d’Yquem 1937, achété aux enchères et ouvert pour son premier Grand Chelem.

Il est vrai qu’à ce moment, elle paraissait décalée, différente à nos yeux de spectateurs. Une différence qu’en 2017, à 38 ans, elle a voulu identifier comme « insolente ».

42 ans, mère de deux jeunes enfants, en couple avec Pascale, elle a du se rappeler de cette période où elle envoyait ses vérités de cœur aussi facilement que ses coups de tennis.  Abordant, les yeux dans les yeux de ceux qui l’interviewaient, l’évidence de parents peu présents dans ses décisions et dans son jeune parcours. Renvoyant ces derniers au stade de spectateurs, quand d’autres leur disaient, leur reconnaissance ou leur présence. Elle affirmait un parcours indépendant.

Il y avait une forme d’insolence et de vérités. Un peu, cheval fougueux.

La vérité d’une jeune femme, cœur sauvage, préférant la clarté à l’ombre des vérités. Dans un monde sportif de silence et d’unité. Fait d’un goût sans saveur, de peur de perdre les quelques lumières apparaissantes. Alors Insolente, certainement. Pour le plaisir de le remuer, ce monde qui s’annonçait pour elle. 20 ans, l’âge où on bouillonne quand on a du talent.

Qui peut être alors surpris de son goût du vin, 20 ans plus tard ? Fondez-vous dans ses mots, édités sous une plume professionnelle. Vous serez surpris de la qualité de son sens du goût qu’elle délivre. Il y a longtemps que pour elle, l’émotion est une amie qu’elle comprend.

A la manière d’un Noah parti aux USA pour vivre une vie qui soit la sienne, tous nous pouvons nous souvenir de ses joies comme de ses peines. Elle était une fleur d’émotion sur un court de tennis. Voilà bien des années plus tard, les notes qu’il me reste de son parcours.

Le sport est une arithmétique de performances, Amélie Mauresmo, à jamais la première.

A jamais la première comme joueuse

25 titres en simple, des finales, 3 titres en double, cela fait un palmarès. Top 10 (1999), Top 5 (2002), 39 fois numéro 1 mondial de 2004 à 2007, quand aucun joueur français n’a pu s’en approcher.

La Fed Cup avec Guy Forget comme capitaine en 2003. Médaille d’Argent aux JO d’Athènes (2004). Une première place de numéro 1 en 2004 pendant cinq semaines. Le Top 1 en 2006 avec l’Open d’Australie et Wimbledon, trente quatre semaines numéro 1 mondial. Personne n’aura fait mieux dans le tennis français.

A jamais la première comme coach

Capitaine de la Fed Cup (2012-2016) après Noah, Forget et Goven, elle s’affirme dans le coaching féminin. Suit Marion Bartoli dans sa victoire à Wimbledon (2013).

Touche du pied le milieu masculin avec Michael Llodra, pour devenir première femme à entraîner un Top 4 masculin mondial, Andy Murray (2014-2016) à la surprise générale. Une femme qui entraîne un homme, d’autant plus qu’elle le fait pendant aussi sa maternité. Enchaînant les premières des plafonds de verre comme un alpiniste le ferait dans les chaînes himalayennes.

Amélie Mauresmo entraînant Andy Murray

Première femme à être nommée Capitaine d’une équipe de France masculine de Coupe Davis à la suite de Yannick Noah en juin 2018. Décembre 2018, première à en sortir sans avoir produit le moindre match, refusé par les joueurs compte tenu de son coaching futur de Lucas Pouille : « La Fédération française de tennis a confirmé à 18h00 que Mauresmo quittait ses fonctions à la tête de la sélection masculine, ainsi que de « responsable de la délégation masculine Olympique des JO de Tokyo et tuteur des parcours garçons dans la perspective des Jeux Olympiques de Paris 2024 ».

La fougueuse Amélie avait lancé un nouveau projet, qui demandait l’agrément des joueurs et de la Fédération. Qu’elle pensait acquit pour les deux, compte tenu que Lucas Pouille semblait s’engager dans une voie où il refuserait la sélection, n’acceptant pas le nouveau format. Visiblement, non.

A jamais la première comme manageuse

Nommée par Gilles Moretton et le Comex, pour au minimum trois saisons à la tête de Roland Garros et de Bercy, elle passe au-delà du terrain. A 42 ans, c’est jeune et c’est encore une première. Bouillonnante, insolente, elle semble suivre la même voie que celui du vin. Avec le temps, elle prend de la valeur, de l’identité, de la reconnaissance et de la qualité.

Est-elle vraiment insolente ? Cela doit être sa part d’ombre et d’intime. De l’extérieur, elle est épanouie.

Souvent, dans le sport féminin, les femmes cherchent à être inspirantes. Une sorte de leitmotiv pour d’autres joueuses ou femmes. D’elle, on se doit de dire qu’elle aime briser les « plafonds de verre ».

A jamais la première.

Demandez-lui de se préparer pour un vol spatial. Première, elle partira.

Insolente ? Elle a certainement raison, elle a le talent « du goût de la différence ». Le talent est une forme d’insolence.

William Commegrain Lesfeminines.fr

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