Les Bleues de Corinne Diacre ont le sourire aux lèvres des gagnantes à la formule des fameux « trois points » qui les mettent hors de portée du Pays de Galles au match retour (8 avril 2022), si le normal reste normal : victoires contre la Slovénie (avril 2022), l’Estonie et la Grèce (septembre 2022).

Le triplé Euro 2022, mondial 2023, Jo 2024 quasiment acquit

Ce qui donnera, « Après six victoires consécutives dans ce groupe, un leadership assuré, fait de neuf victoires en neuf rencontres. Qualification acquise pour la Coupe du Monde 2023 en Australie et Nouvelle-Zélande. »

Voici la note sibylline que Corinne Diacre peut envoyer ce matin aux membres du Comex et à son Président Noël Le Graët, adeptes des notes courtes, claires et précises.

Sur un tableau de bord imaginaire, 2023 vient de se cocher, dernier blanc entre l’Euro 2022 à venir et les Jeux Olympiques de Paris en 2024, qualification acquise en tant que pays hôte. Le football féminin français sera là. C’est bien suffisant dans un premier temps.

Les Bleues, entre deux eaux !

Corinne Diacre se garderait bien d’écrire le mot « FINALE » ou « TITRE » au même titre que le Président ne ferait pas l’erreur d’en parler. Une fois, cela va avec la Coupe du Monde 2019.

D’autant que présent au stade puisque le match se jouait à Guingamp dont Le Graët a été Président du club, maire de la ville, député de manière indirecte certainement, et représentant breton bien affirmé dans la capitale parisienne ; les « forts coups de vent » gallois sont encore en mémoire de l’homme d’expérience, même s’ils seront vite oubliés.

Qu’ont-ils vus ? Une première mi-temps transformant les plats chaud en plats froids.

Une équipe de France dominatrice en première mi-temps, jouant un football mécanique, devenu habituel, faits d’arabesques de mouvements d’horlogers sur les côtés qui, s’ils ne donnent pas de buts dans le premier quart d’heure, devient un mouvement sans puissance offensive concrète, les adversaires au niveau d’un Top 30 mondial ayant assez d’énergies et de volontés pour mettre le bout du pied, la demi-tête, le coup d’épaule qui rend l’initiative chaude, en un plat froid.

A se demander si le jeu des Bleues n’est pas de subir pour partie afin de bénéficier de leur vitesse supérieure, tant dans la qualité individuelle que dans le mouvement organisé ? C’est ainsi que Kadidiatou Diani (1-0, 43′) finira proprement une action de contre lancée par Toletti, assurée rapidement avec Katoto qui joue et lance Cascarino pour que la lyonnaise envoie la poudre et choisisse Diani au centre, ayant même la solution de Geyoro en second rideau.

Les galloises ont toutes un train de retard. Les Bleues mènent (1-0) à la 43′.

Les supporters écriront qu’elles ont dominé ce premier acte ; les critiques reprocheront les actions chaudes transformées en plat froid. La gardienne galloise, 1m80 au garrot, en forçant le trait, peu soumise mais bien présente sur les tentatives physiques françaises.

Le Pays de Galles est un pays imaginaire. Le saviez-vous ?

C’est une pointe d’encre sur le globe qui semblent avoir marqué chacun de ses habitants. Comme une marque au fer forgé, non pas sur le corps mais « inside » la tête, le mental. Ces gens, habitués à être partout sur le globe, chantent un hymne qui monte en vibrations et combats. Ce ne sont pas les mots qui doivent faire peur à l’adversaire, c’est le ton utilisé, le cri jeté. Jamais seul, toujours ensemble.

Ce qui fait que de onze, ils deviennent mille.

La seconde mi-temps sera « all the time » galloise. Et que je t’envoie des balles en profondeur, toujours ratées pour les puristes, mais faites pour t’habituer à descendre, à reculer. Une fois, deux fois, trois fois, puis naturellement tu trouves normal d’être dans tes quarante mètres, puis trente, puis vingt et les voilà dans la surface !

Et là ne cherchez pas des centres, les galloises se transforment en lutins.

Que je danse à droite, à gauche. Hop là, tu me touches, attention à toi. C’est 1m52 de Jess Fishlock, meilleure joueuse de la saison écoulée aux USA quand même, qui vient s’insérer, te piquer la balle, t’envoyer une reprise de volée cadrée qui aurait fait but sans l’arrêt incroyable de Pauline Peyraud Magnin, de te glisser une pointe qui fracasse le poteau, quand les muscles et la candeur française, pensaient que cette dernière était déjà à elles, normalement.

Rien n’est normal avec les galloises, surtout en compétition. On est à la 89′ et le cœur français vient de recevoir un uppercut d’émotions du pays des lutins.

Il aura fallu l’insouciance et la fougue de Selma Bacha (lucarne 2-0, 90′), -dans la foulée, deux sélections pour un premier stage- pour te cadrer un but d’artiste comme de mélomane du football, afin que les Bleues fasse écrire à l’UEFA (2-0) entre France et Pays de Galles. Une performance rare de la petite bouillonnante française, qui vit le football comme un art du spectacle, validant un ticket pour février et le Tournoi de France 2022, et se plaçant pour un futur capitanat de l’Equipe de France après 2024.

Avec le mental qu’elle a, j’ordonnerais à cette fille de rêver tous les soirs à postuler pour recevoir le Ballon d’Or, un futur soir de Novembre.

Au bilan, pour qui n’a pas vu la rencontre, score de puissance de football. Pour qui a vu le match, il y a encore du « job » pour aller chercher un titre international.

Ce qui est bien, c’est que Corinne Diacre et Noël Le Graët le savent. Ce qui serait bien, c’est que les joueuses le savent et y travaillent. Cela éviterait une baisse de production conséquente dans la qualité de jeu individuel et collectif de certaines joueuses.

A cet égard, je trouve que le titre de la FFF, « Les bleues passent la sixième » corporate, mais un peu présomptueux.

William Commegrain Lesfeminines.fr