Sans avoir à prendre en compte le contenu du match de Coupe d’Europe entre l’Ol et le Bayern (2-1) qui vient de se terminer et dont je n’ai vu que la seconde mi-temps, adversaire bien plus conséquent que le Real Madrid, tout jeune sur la scène européenne féminine, la seule question intéressante pour le Paris Saint Germain cette saison est d’affirmer ou d’infirmer une position de leader du football féminin en France.

Et puisqu’en France, en Europe.

Il n’existe pas d’autres interrogations à poser au club de la capitale, et la rencontre de dimanche 14 décembre au soir face à l’OL, n’en sera pas la preuve mais seulement l’étape qui se terminera à la fin de la saison nationale et européenne. En mai et début juin 2022.

Le PSG est-il le patron du football féminin ? 

Une question qui ne peut qu’être surprenante pour toute personne habituée à associer légitimement l’Olympique Lyonnais avec le football féminin de haut niveau. Quinze titres consécutifs de championne de France, sept titres européens et deux finales européennes sur la dernière décennie, cela marque une identité.

Sauf qu’on note un renversement des tendances de leadership dans des pays historiques du football féminin. Le Vfl Wofsburg est passé de la première à deuxième place nationale dans un certain silence, content maintenant d’assurer une seconde place qui pourrait devenir troisième assez rapidement. Régression qu’on retrouve au niveau européen. En France, l’Olympique Lyonnais assure les trois points dans un style de domination bien moins marqué que les années précédentes. Quelques fois menées, puis revenant au score. Perdant des liaisons offensives pour des passes mal ajustées, rares dans le passé.

En Angleterre, louée er idéalisée, les clubs anglais affrontent un plafond de verre européen et Barcelone, adoré par le football féminin pour son jeu pratiqué, ne peut pas encore affirmer que ce sont les catalanes qui possèdent le leadership européen.

Alors, la question de l’attribuer au PSG n’est pas une mauvaise question, voire serait plutôt une ambition légitime à solliciter au club parisien et à ses joueuses et staff.

Le PSG est-il le patron du football féminin ? Si personne ne peut l’affirmer sauf à en être supporter, on peut trouver des arguments pour le justifier et l’anticiper.

Un public unique fait des Ultras pour les hommes comme pour les femmes.

Au niveau du public, le PSG au féminin est le seul club à avoir les mêmes supporters entre les féminines et le jeu masculin. Des Ultras qui depuis trois saisons, enflamment le cœur de leurs joueuses, à les chanter dans le stade, sur le quai des gares, devant le Parc.

Là où d’autres, proposent un public de fans différents, le PSG offre une unité rare dans un milieu où qui aime le jeu masculin ne peut aimer celui féminin. Opposition quasi religieuse entre les deux mondes que les Ultras du PSG, ont balayé d’une voix. A l’unisson des 18.344 spectateurs au Parc.

Si vous demandez à Olivier Echouafni ce qu’il retient de son expérience au féminin, coach du club de la capitale, de 2018 à 2021, je crois qu’il aura ses premiers mots pour les Ultras. Et pourtant, il a gagné le championnat 2021, battant l’OL et ses quinze titres consécutifs. Son successeur, Didier Ollé Nicolle, ne dit pas autre chose, au lendemain de la fessée reçue par le Real Madrid (4-0) au Parc : « Notre douzième homme a répondu présent ». Le coach madrilène, parlant d’ambiance incroyable.

Notre douzième homme a répondu présent ! dixit Didier Ollé Nicolle, nouveau coach du PSG

A l’évidence, on ne peut pas être patron du football féminin avec seulement un public d’Ultras, d’autant que ce public est là depuis quasiment 2014 sur les grandes occasions. Laure Boulleau et Sabrina Delannoy, quinze saisons en bleu et rouge, historiques passées du club de la capitale, en parlent encore comme de la signature émotionnelle avec le PSG.

La question vaut pour d’autres raisons.

Le club a acquis une force structurelle qui dépasse le talent d’une ou plusieurs joueuses.

Regardez à quel point le club de la capitale reste dans ses performances passées malgré le départ important de joueuses historiques.

Irène Parèdes, internationale espagnole, élue dans le Onze européen de l’UEFA partie à Barcelone ; Christiane Endler, internationale chilienne, considérée comme la meilleure gardienne actuelle au monde partie à l’Olympique Lyonnais ; Formiga, internationale brésilienne, sénior du football féminin mondial à 43 ans, unique et saluée par la star américaine Carli Lloyd, en annonçant son dernier match international dans le mois à venir, repartie au Brésil. Nadia Nadim, internationale danoise, connue dans le monde entier, un exemple d’immigration réussie, orpheline afghane, future médecin, partie en NWSL aux Etats-Unis.

Moins connue mais pas moins performante, Alana Cook, défenseur centrale, repartie aux USA, élue dans la short-liste des meilleures défenseuses de la NWSL cette saisons. Signe Brunn, ataquante danoise, partie à l’Ol, auteur d’un quintuplé, avec son équipe nationale. Perle Morroni, parisienne depuis sa naissance quasiment, tout juste internationale, envolée pour l’OL.

Il y en a eu des départs à la fin de la saison dernière. Sans oublier la fin de contrat d’Olivier Echouafni, au 30 juin 2021, sans successeur. Le club sans coach après un titre de championne de France pris à l’ogre lyonnais.

Il y en a eu des raisons pour que la section féminine tombe.

Le PSG fait des clean-sheets quand l’OL prend des buts.

Et, à l’orée de la huitième journée, le PSG va aller à Lyon pour son « face à face ». Les yeux dans les yeux. Avec autant de points des deux côtés, 21. Une arithmétique simple, 3×7=21. Sept victoires chacun.

Seule, une différence de buts les sépare. 32 pour l’OL, 23 pour le PSG. Une approche favorable aux lyonnaises mais avec un arrière-goût qui déplait à la coach, Sonia Bompastor. Deux buts encaissés quand le PSG n’en a pris aucun.

Comme la règle est claire. En cas d’égalité entre les deux clubs, c’est le goal average particulier qui s’impose. Elles ont perdu en quart de finale de la WCL, face au PSG, sur cette règle. Elles en connaissent le prix.

Le parcours du PSG est, à l’évidence, un argument qui justifie de poser la question.

Des nouvelles têtes et la performance se maintient

Un nouveau coach, Didier Ollé Nicolle, recruté mi-Août. Un nouveau directeur sportif, Ulrich Ramé, recruté mi-juillet. Des nouvelles joueuses arrivées, Sakina Karchaoui,  trois nouvelles gardiennes (Labbé, Votikova, Picaud) pour un clean-sheet depuis le début de la saison, des jeunes en pleine évolution mais devant confirmer, Cascarino, De Almeida, des retours de prêts de Khelifi et Diallo, une renommée avec Hamraoui, etc .. et pourtant, le PSG est là et bien là dans ces RDV.

Les joueuses restées, renommées, ont communiqué une réalité aux quelles les filles sont sensibles. L’état d’esprit, la réalité, la force, le niveau et l’envie de continuer à gagner, de pérenniser. Diani, Geyoro, Däbritz, Lawrence, Baltimore, Katoto, Huitema, Dudek et Bernard Mendy comme d’autres sont les pierres solides de cette histoire. Comme l’intendant, Guillaume, au presque début de l’aventure.

Le PSG, version féminine, a pris les couleurs du club de la capitale, inscrit dans le Top 10 mondial et peut-être futur Champion d’Europe.

Le PSG est devenue une entreprise mondiale et internationale, les joueuses du PSG le ressentent dans leur jeu, travail, certitude. C’est devenu une évidence structurelle, non-verbale mais bien là.

Le PSG produit un jeu de leader. Elles agissent, les autres subissent. 

Si structurellement, le PSG est un patron potentiel, pour que la section féminine le soit, il faut qu’elle produise un jeu qui le justifie.

C’est la troisième partie de mon argumentation et de ma –« maybe »– prise de position.

En différents RDV rendant impossible d’être au stade mardi soir, je viens de voir le premier but du PSG face au Real Madrid, tout juste lancé dans l’aventure européenne du football féminin.

Le premier but est un but de championne. A chaque touche, la parisienne impliquée est devant, avant son adversaire. Tout est joué au-dessus des adversaires, rendant à la sortie de la gardienne madrilène et française, Méline Gérard, tout le poids de l’erreur. Mais peut-être de la vérité, sentant ou pressentant que la numéro 20, Rocio Calvez, défenseur centrale, larguée sur la vitesse de Marie-Antoinette Katoto (13’, 1-0) comme sur sa détente (54’, 3-0), impliquée sur trois buts parisiens (csc, 65’, 4-0), va passer la plus mauvaise soirée de son existence footballistique.

Quand vous voyez les percussions d‘Ashley Lawrence et Sakina Karchaoui, vous restez bouche bée sur la différence et l’implication qu’elles donnent à leurs courses. A aucun moment, elles ne ralentissent.

Et ce premier but est une symphonie de football. Tout est joué dans un espace où la partenaire évolue sans effort, en pleine concentration pour faire sa différence et délivrer à sa partenaire, la balle pour qu’elle le fasse avec la même performance.

Ce mouvement, aucune équipe actuelle n’est capable de le délivrer de la même manière dans un football où le but est aussi celui dû à des erreurs adverses. Là, le Real regarde et le PSG féminin régale.

Didier Ollé Nicolle, en statisticien des indicateurs d’un bon résultat de football, dira : «on a gagné les deux mi-temps avec deux buts ; une transversale et une ligne ; un clean sheet ; un public incroyable qui a donné de la force aux joueuses ; un Parc des princes de 19.000 spectateurs » et un Real Madrid perdu.

Le PSG n’est pas loin d’être le patron du football féminin, à elles de le confirmer ou de l’affirmer, voire de l’infirmer.

Le PSG n’est pas loin, dans et avec cet ensemble, d’être le patron du football féminin. Le PSG est solide comme le sont les fondations d’un stade. L’Histoire d’Aminata Diallo est une péripétie qui retourne un club mais pas une entreprise internationalisée et mondialisée de 850 personnes.

Dimanche, face à l’OL, le PSG et pas seulement les joueuses, confirmeront ou infirmeront ces six mots. Peu importe le résultat, le PSG féminin doit regarder plus loin et peut avoir comme ambition 2022, d’écrire ces quelques mots comme une vérité.

Le PSG, patron du football féminin.

C’est dans la simplicité qu’on fait les meilleurs slogans.

William Commegrain Lesfeminines.fr