Paris Saint Germain féminin. 29/08/2021. Stade Georges Lefèvre. Interview du coach Didier Ollé Nicolle après la victoire du PSG (5-0) pour la première journée de championnat et son premier match dans le championnat de l’élite féminine D1FArkema.

Sur son manque d’antériorité dans le football féminin ? 

Je ne lis jamais la presse et j’ai lu l’Equipe avant-hier, que c’était surprenant qu’on m’ait choisi, que je n’avais jamais rien fait avec les hommes ces derniers temps. On oublie juste qu’il y a deux ans en arrière, j’étais dans le trophée des entraîneurs de Ligue 2 et que j’ai fini deuxième derrière Gastien (montée de Clermont 63 en L1) et on voit où en est Gastien actuellement (L1). Et j’avais le plus petit budget.

Deux ans en arrière, je suis nommé au Trophée UNFP. Et tout le monde sait ce que j’ai fait pendant quatre ans à Orléans. C’est mon avant-dernier club. Didier Ollé Nicolle sur ses réussites passées.

Peut-être qu’on connait un petit peu le foot. On essaie d’avoir un style. Des fois, cela prend, cela ne prend pas. Et aujourd’hui, je suis content d’entraîner le PSG fille et que mon équipe, sur le premier match, ait fait ce match là.

Sur la préparation du PSG féminin ? 

On a fait une grosse préparation. Je me répète, les trois premières semaines, le but était de travailler pour le mois d’octobre-novembre, où il va y avoir beaucoup de matches. Eviter les blessures. Sachant qu’il manquait beaucoup de joueuses cadres aux JO du fait du recrutement. j’ai amené beaucoup aussi de jeunes joueuses. J’avais un aspect pédagogique pour leur montrer ce qu’était le haut niveau.

Venant du monde des hommes, j’ai calqué la préparation comme si elles venaient du monde professionnel. Homme ou femme. Didier Ollé Nicolle, zone mixte après la victoire face à Fleury 91 (5-0).

Les filles ont eu beaucoup de mal à digérer. Elles n’avaient pas de jambes. On l’a vu au niveau des matches amicaux. Il manquait deux ou trois mètres sur tout. Ce n’était pas grave.

Les trois dernières semaines, on a beaucoup axé sur notre jeu, notre organisation. On a fait de vraies bonnes séances, agréables. Beaucoup de récupération, du jeu haut. Beaucoup de répétitions par les côtés, beaucoup de mouvements, les déplacements combinés ». Et cela s’est vu. Les trois dernières semaines étaient faites pour préparer ce match de Fleury.

Les filles ont été vraiment présentes et je suis très satisfait de leurs prestations.

Sur le résultat (5-0), le plus important de cette première journée ?

Pas du tout, car je découvre. Je découvre le championnat féminin. Je découvre aussi mon équipe. Non, je ne m’attendais à rien du tout.

J’ai dit aux filles. Je veux un vrai match collectif, par rapport à nos principes et que le résultat vienne au fond, de cela ! Je ne veux pas un match de guerre. Didier Ollé Nicolle, pour expliquer les nouveautés tactiques du PSG féminin.

Il y avait plein de signes positifs.

On a joué le Bayern (NDLR : aux USA). Quinze jours avant, le Bayern mettaient cinq buts à la Roma, quatre à Lyon. Et nous on en prenait cinq contre Lyon. Il y avait un gap terrible entre les deux équipes. Au final, on fait (2-2), en menant (1-0) à la 45’ et perdant (1-2) à la mi-temps. Deux minutes complétement d’étourderies. Après on a fait une deuxième mi-temps où on a pris les choses en mains et on les a dominés.

C’était bon signe. Il fallait éviter ses petites erreurs. Lyon et le Bayern ont joué des équipes américaines, elles ont été battues. Nous, on est la seule équipe française à les avoir battus.

Sur son sentiment quant au championnat féminin de l’élite ?

Avant je ne connaissais pas.  Je connaissais Lyon et le PSG, l’Equipe de France mais je ne connaissais pas les autres équipes, les autres joueuses. J’ai beaucoup analysé.

J’ai regardé beaucoup de matches. Toutes les équipes de l’année dernière, pour avoir une idée de Dijon, de Guingamp. Didier Ollé Nicolle, sur son travail personnel quant au football féminin.

Cela avait énormément évolué par rapport à ce que je connaissais du football féminin de haut niveau. Pour avoir joué contre Bordeaux en amical (défaite 0-3), j’ai trouvé que c’était une très bonne équipe. Nous, on n’avait pas de jambes, elles ont été très intéressantes dans leur style. Equipe très regroupée avec attaques rapides. Avec des joueuses offensives très rapides, très toniques.

Sur ses choix tactiques ?

Après on a étudié Fleury sur leur préparation. Les bases. Mais très sincèrement, on s’est occupé à 95% que de nous. Et ce sera tout le temps le cas.

L’idée est de beaucoup plus jouer en deux touches de balles. On donne, on prend. Cela suppose du mouvement combiné. Les choix tactiques de Didier Ollé Nicolle.

Le ballon va toujours plus vite et lui ne se fatigue jamais. Un des messages que je fais passer aux filles. Ce qui m’a marqué. Dans le football féminin, même nos joueuses qui sont de très bonnes joueuses, sur le plan mondial, elles ont tendance à la toucher une fois, deux fois, trois fois avant de la donner. Quand il y en a une qui décroche, cela suppose des déplacements différents de deux autres. La relation sur les côtés. Là aussi. Pour que ce soit notre adversaire qui ait à nous chercher. Que ce soit eux qui s’adaptent à nous. C’est l’idée de base.

L’idée c’est de faire vivre ce ballon. De répéter. De gérer temps fort, temps faible.

Quand j’entrainais en Ligue 2 ou en National, ou à l’étranger. C’était exactement la même chose. Je considère que si on travaille tous les jours, c’est pour avoir un style et ensuite on l’adapte un peu par rapport à l’adversaire suivant leurs individualités, leur style. Cela joue direct ou pas ? Il faut faire attention à cela. Ce que l’on a fait aujourd’hui, si on avait joué contre Montpellier ou Guingamp, ou une autre équipe ou Lyon, on aurait essayé de faire la même chose avant tout.

Et sur le match, aujourd’hui sur une première, effectivement je suis satisfait.

Le jeu combiné ? 

On savait qu’on allait jouer contre une équipe très renforcée, et qu’il fallait sans arrêt varier au milieu de terrain et beaucoup passer sur les côtés pour les user. On marque le premier but de la gauche, le troisième but de la droite. Le deuxième sur une frappe.

J’ai beaucoup de filles qui apprennent une nouvelle façon de jouer. Que ce soit Baltimore, Kadi, Marie Katoto, Bachmann. Elles ont beaucoup de qualités individuelles de forces, mais elles ne faisaient pas de différences, sur le plan collectif, dans la relation de jeu.

L’idée c’est de garder leurs forces et qualités individuelles et en même temps, varier pour que, pour l’adversaire, cela soit plus compliqué. De temps en temps, venir à l’intérieur du jeu pour ouvrir à la latérale, et de temps en temps, percuter.

Sur les recrues et leurs utilisations ? 

Je ne sais pas. Les deux gardiennes (Barbora Votikova, tchèque et Stéphanie Labbé, canada, Or Olympique), présentes dans les tribunes. Une a fait deux séances et puis l’autre, trois. Elles n’avaient vu jamais l’équipe jouer. L’idée c’est aussi qu’elles apprennent. Qu’elles aient vu le match par rapport à nos principes. Amanda, Ilested (défenseure centrale, suéde, Argent Olympique), avait mal au genou aux USA. Elle ne s’est quasiment pas entraînée. Elle n’a pas joué une fois avec l’Equipe. Si on veut avoir un style, il faut que les filles travaillent ensemble, s’entraînent, apprennent à se connaître.

Le moment opportun se fera par rapport à leur degré de connaissance de l’équipe. Didier Ollé Nicolle sur leurs entrées en jeu

Stéphanie avait eu un petit problème aux côtés. Les deux cela va nettement mieux. Elles feront une semaine normale et elles peuvent postuler pour Montpellier ou pour Soyaux.

Contre Chicago Red Star (dernier match de préparation), j’ai fait jouer toute l’équipe pratiquement tout le match pour qu’elles prennent du rythme et de la complicité pour ce premier match. Celles qui ont joué aujourd’hui, ce sont celles qui avaient le plus de temps de jeu possible.

Sur les choix, entre titulaires et remplaçantes

J’adore l’attitude de Bachmann (elle marque le cinquième but, entrée à la 74′, je lui fais remarquer son envie de marquer). La petite Ramona, elle a joué contre Chicago. C’est Sandy que j’ai ménagée. C’était l’une ou l’autre.

J’ai essayé de mettre, sur un premier match, le plus de complicités entre les filles qui jouaient ensemble l’année dernière. Didier Ollé Nicolle sur ses choix entre titulaire et remplaçante.

La relation Karchaoui-Baltimore a tout de suite fonctionné. Depuis deux ou trois matches, elles ont eu l’habitude de jouer ensemble. Côté droit, j’attendais Ashley même si elle est arrivée un peu juste de Tokyo (Canada, Or Olympique). Ashley avec Kadi elles se connaissaient.

Ramona était blessée pendant la préparation. Cela ne fait que quinze jours qu’elle s’entraîne réellement avec nous et on se rend compte, pour l’instant, c’est une fille qui a des jambes extraordinaires sur la façon de se retourner, toucher du ballon. Après au niveau du jeu combiné, elle a du gros progrès à faire pour devenir – elle est déjà une grande joueuse internationale – une joueuse du très haut niveau. Et le très haut niveau, le fait d’avoir deux armes : la qualité individuelle plus d’être un maillon d’un collectif, cela peut aussi leur permettre de grandir.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Réorganisation de l’interview obtenue en zone mixte, après la rencontre. Durée 13′