Les joueuses et les coaches nous auront offert une compétition très offensive. Cent et un buts ont été marqués pour dix-sept rencontres, soit une moyenne d’un peu moins de 6 buts par opposition (5.94) !

Un festival offensif, comparé à Rio, qui avait bien démarré dans les phases de groupes mais s’était éteint lors des matches couperets. Londres (2012) avait totalisé soixante-onze buts. L’édition 2016 s’était terminée sur soixante-six buts. Trente-trois buts de plus en 2021 !

Un florilège de buts dans lequel les Pays-bas ont brillé : 23 buts pour seulement quatre matches.

L’erreur serait de prendre la rencontre face à la Zambie (10-3) comme explication. En effet, les zambiennes ont encaissé un total de quinze buts dans la compétition mais le Zimbabwe, qualifié africain en 2016, avait pris le même total à Rio (15 buts encaissés). C’est bien l’ensemble d’une compétition qui a été très offensive ! Les Pays-Bas, mais aussi la Suède (14 buts), les USA (12 buts) et l’Australie (11 buts).

Des scores où Vivianne Miedema (Pays-Bas, 25 ans) a explosé les compteurs !

Dix buts de marqués en quatre rencontres. Un record pour une seule olympiade, à quelques unités du record des buts marqués sur toutes les olympiades, détenu par Christiane (14 buts). Deux tours de plus pour l’équipe championne d’Europe et vice-championne du Monde, et la néerlandaise entrait certainement dans l’histoire.

Cela devrait être pour 2024 à Paris mais le conditionnel reste de mise. La sélection européenne se faisant au Mondial 2023. On a vu, lors du Mondial 2019, que la France et l’Allemagne, numéro 3 et 2 mondial étaient restés à la maison faut de s’être qualifiés pour les demi-finale.

De plus, les Pays-bas perdent leur coach « fétiche », Sarina Wiegman, devenue au lendemain des Jeux, la sélectionneuse de l’Angleterre. Avant son passage à la tête des Oranje Women (2017), les Pays-Bas venait juste de connaître leur première qualification au Mondial en 2015, éliminé en 1/8e, et perdante d’un play-off à quatre équipes pour participer aux JO de Rio l’année suivante. Elles n’existaient pas et pour l’instant, personne peut affirmer que le niveau actuel de la sélection néerlandaise (4e FIFA) continuera après son passage.

D’un autre côté, les équipes européennes auront une garantie supplémentaire. La France, pays hôte directement qualifiée, ouvre une place supplémentaire à l’Europe (3). Sauf qu’il y aura du monde pour postuler. Trois équipes, à choisir pour 2024 entre l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Angleterre, la Suède, l’Espagne, le Danemark, la Norvège et l’Italie.

La Suède confirme, le Canada s’étonne !

La Suède n’a pas de championnat concurrentiel. Elle en a eu un au début du football européen des clubs (2000-2010). Aujourd’hui, il ne dépasse pas les quarts de la compétition européenne. Coquetterie de l’Histoire, elles suivent même un championnat qui commence en avril pour se terminer fin décembre. Actuellement, elles jouent la 15e journée. Les meilleures joueuses sont souvent à l’étranger. Et au final, la Suède a fini 3e du Mondial 2019, médaille d’argent aux JO 2016 et 2020. Le seul bémol depuis cinq ans : un quart de finale à l’Euro 2017.

Le Canada n’a pas de championnat professionnel. Au début, les canadiennes s’associaient avec le Mexique et les USA pour jouer dans le championnat américain. Le Mexique a crée son propre championnat, les canadiennes jouent à l’étranger ou dans la WNSL américaine. Elles ont obtenu une médaille de bronze en 2012 à Londres, une autre médaille de bronze à Rio en 2016. Elles viennent de prendre l’Or à Tokyo en 2020.

Si vous prenez les américaines avec le bronze, elles n’ont pas eu de championnat en 2020. Elles commencent aussi mi-avril pour finir mi-octobre. Elles partent avec le bronze.

Arrêtons de parler de championnat pour l’équipe nationale.

Le Brésil bute encore !

L’histoire du Brésil est faite de talents et d’échecs pour le titre suprême. De 2004 à 2008, elles sont sur le toit du monde. En 2004, à Athènes et 2008 (Séoul), elles touchent les deux finales olympiques. En 2007, elles sont en finale du Mondial. Manque de chance, pour les Jo elles butent sur les USA, numéro 1 mondial (2004 et 2008) et elles constatent le doublé allemand au Mondial en 2007.

Le Brésil a les chaussettes basses. Celles que l’on portent après avoir joué un match difficile, et que l’on fini, perdant et surtout fatigué. Sans espoir, ayant tout donné.

Depuis, à l’image du Japon, championne du monde en 2011, médaille d’Argent aux JO en 2012 à Londres, finaliste au Mondial 2015 ; elles tombent dans les matches couperets après les phases de groupe. En quart ou en huitième. L’arrivée de Pia Sundhage comme coach n’aura pas changé la donne. Elles sortent en 1/4 (0-0) aux tirs au but. Les tirs au but, c’est ce qu’elles avaient subi à Rio, face à la Suède, les bloquant en demi-finale quand le football masculin allait gagner l’Or à la maison. Un doublé raté, cinq ans plus tard, qui n’aura pas donné la revanche souhaitée.

Le Brésil comme le Japon sont des championnes continentales, Conmebol (Amérique du Sud) et ACF (Asie), mais elles ne passent plus les deux épreuves internationales : le Mondial, les JO.

Les buteuses de la compétition

La joueuse qui a marqué ces JO est sans contexte Viviane Miedema (Pays-bas). Présente pour son équipe, excellente dans les rencontres à son poste, elle a confirmé son talent en équipe nationale depuis 2017 (Euro) et 2019 (Mondial). Dans le même cadre de référence, les « stars » de chaque nation se sont exprimées. Marta (Brésil) avec six buts et deuxième au classement des buteuses. Position partagée avec Sam Kerr (Australie, 6 buts). Si on rajoute Ellen White (six buts) pour le Royaume-Uni, on a un trio significatif dans lequel s’incruste la zambienne Banda Babra, six buts en trois rencontres. Enfin, au moment des médailles, Megan Rapinoe (36 ans) et Carli Lloyd (39 ans), avec leurs doublés, ont permis aux USA de revenir bronzés.

La joueuse de la compétition

A prendre dans les finalistes, je vois bien Jessie Fleming, 23 ans (voir photo de l’article). Canadienne, médaille d’Or, titulaire au milieu de terrain. Infatigable. Et surtout, une tête solide. C’est elle qui égalise à chaque fois sur pénalty pour le Canada. Contre les USA en 1/2. Contre le Suède en finale et à chaque fois, elle a terminé vainqueur de sa séance de tirs au but. Dans le jeu, elle a été extraordinaire d’abnégation, de volonté mais tout autant de dynamisme et d’allant.

Sans elle, jamais le Canada n’aurait été en finale et ne serait repartie avec l’Or olympique. Graal du Graal.

The Best FIFA ?

Barcelone a gagné la WCL 2021 mais l’Espagne n’a pas été aux Jeux. Les étrangères de Barcelone, qualifiées pour les JO, n’ont pas individuellement brillé. Aux JO, Vivianne Miedema est devant les autres avec dix buts de marqués mais Arsenal n’était pas qualifiée pour la WCL 2021 et l’attaquante néerlandaise a été sortie en quart de la compétition. Asllani Kosovare a tenu le jeu de la Suède (médaille d’argent) mais n’a pas marqué.

Je pense qu’il y a deux joueuses candidates si le critère est le jeu : Jennifer Hermoso (Barcelone) et Vivianne Miedema (Pays-Bas). Si le critère est l’Histoire, une joueuse gagnera : Christine Sinclair (Canada), meilleure buteuse mondiale de l’histoire avec 187 buts, 306 sélections pour le Canada, vingt deux années pour l’Equipe nationale et médaille d’Or aux JO.

Bilan des équipes :

On a eu la confirmation de deux équipes européennes de qualité : les Pays-Bas et la Suède. Le Canada est un finaliste surprenant, les USA sont en retrait, moins dominateur. L’Australie a du caractère mais manque de joueuses. Le Royaume-Uni, avec essentiellement l’Angleterre, attend la coach néerlandaise avec impatience, elle qui organise le prochain Euro en 2022. Le Brésil, décevant, n’arrive plus à passer les 1/4. Le Japon est loin de son titre au Mondial 2011, de sa finale olympique de 2012 et de sa finale au mondial 2015. Six années sont passées, elles ne sont plus là.

Classement officiel

  1. Or – Suède
  2. Argent – Canada
  3. Bronze – USA
  4. Australie
  5. Pays-Bas
  6. Brésil
  7. Royaume-Uni
  8. Japon
  9. Zambie
  10. Chine
  11. Chili
  12. Nouvelle-Zélande.