Si on oublie l’émotion de l’élimination des Bleus, et qu’on replace tout cela dans un ensemble, la compétition de l’Euro 2020, reportée en 2021, montre que les 1/8e sont devenus le carrefour de tous les dangers. Ce sont des rencontres où les petits ont encore une énergie incroyable due à leur qualification face à un adversaire renommé qui se trouve bousculé dans ses certitudes.

L’Autriche (23e FIFA) nous a donné un signe face à l’Italie (1-2) !

L’Italie, si le but hors jeu de l’autrichien Arnautović (69′), n’est pas checké par la VAR récente, juge objective, la Squadra azzura, dans le temps réglementaire, était sortie par une équipe autrichienne dont quasiment tous les joueurs évoluent à l’étranger. Personne n’aurait pu le contester tellement le jeu montrait une égalité de contenus entre les deux formations.

Le match se terminera sur un (2-1) italien, pour un RDV en 1/4 à Munich face à la Belgique. La place aurait pu être prise par l’Autriche, menée (2-0) dans les prolongations par Chiesa (95′) et Pessina (105′) mais les autrichiens, revenus au score (114′, Kaladjdzic) auraient pu égaliser et obliger l’Italie aux tirs au but.

On parle de l’Autriche, 23e équipe mondiale au classement FIFA, face à l’Italie, impressionnante dans la phase de groupe de l’Euro, forte de séries sans défaite unique, encaissant son premier but depuis ses onze dernières rencontres !

Confirmé par la République Tchèque (40e FIFA), qui élimine les Pays-Bas. (0-2)

Le second huitième aurait dû nous informer. On a rien vu, pensant que l’affaire concernait les autres. L’Histoire nous le dit, lorsque le cœur s’emporte, la raison oublie de raisonner.  La République Tchèque, 40e FIFA, un classement qui commence à sentir la faiblesse … Et les tchèques, dont la seule histoire avec l’Euro remonte à 1976, avec un titre surprenant, illuminé par une « Panenka », sortent les Pays-Bas (16e mondial), sans leur laisser le moindre but pour se raccrocher (0-2, Holès 68′, Schick 80′).

La Belgique passe, sur un fil contre le Portugal

La Belgique (1ère mondial) a eu toutes les peines pour sortir le Portugal (1-0). Un seul tir cadré du côté Belge et T. Hazard (42′) peut courir, ivre de bonheur. Il n’aura pas de concurrence sur ce troisième huitième mais la rencontre aura été serrée. Il est dit que Ronaldo, en croisant Courtois, le gardien renommée des belges, lui aurait souhaité « bonne chance » sans avoir oublié de lui rappeler que tout cela s’était fait sur un fil.

Belgique – Portugal (crédit UEFA). Les 1/8e sont des combats.

Les deux huitièmes de Lundi l’affirment : les huitièmes, le carrefour de tous les dangers !

L’Espagne l’emporte (3-5) face à la Croatie. Vice-championne du monde mais descendue à la 14e place mondiale néanmoins. Une Croatie qui a bousculé la Roja sur un csc (1-0, 20′) de son gardien Pedri, obligeant les espagnoles à s’imposer (1-3) avec Sarabia (38′), Azpilicueta (57′) et Ferran Torres (77′) ; mais ne pouvant aller à l’encontre de leurs déterminations. Orsic (85′) réduit le score à (2-3) et l’incroyable arrive à (90’+2′, 3-3) avec Pasalic.

(3-3) à la fin du temps réglementaire et une remontée impensable. Que dire alors des Espagnoles, trouvant assez de forces, pour finir par en mettre deux de plus (Morata, 100′ ; Oyarzabal, 103′). (3-5), dans un euro, c’est unique.

Personne n’a fait le lien avec la Suisse.

Et que dire de notre match contre les Suisses, 13′ FIFA.

Les Suisses prennent le large dès le début de la rencontre (Seferovic, 15′ 0-1). On prend le bouillon avec un pénalty qui nous envoie potentiellement en enfer (56′), arrêté par Lloris. On revient grâce à un exploit de Benzema (57′, 59′) pour écraser la Suisse (2-1). Qui devienne des petits suisses avec le but magnifique de Pogba (75′, 3-1).

Mais là, encore, la petite équipe se rebelle et bouscule la grosse. (3-3) à la fin du temps réglementaire par Seferovic (81′) et Gavranovic (90′).

Tout se termine aux tirs aux buts (4-5). La France sort de la compétition.

Bilan : il n’y a plus de petites équipes.

Je suis de la génération qui a vu l’irruption de cette phrase. Du Thierry Roland et Jean-Michel Larqué de l’époque. C’est d’autant une vérité que tous les joueurs des petites nations évoluent à l’étranger. Même culture tactique et psychologique. Des joueurs qui souvent ne sont pas titulaires et s’expriment totalement avec leur équipe nationale, ayant peu l’occasion d’une telle exposition et motivation.

Ils sont convaincus, à juste titre, d’avoir en face non pas des stars mais des adversaires.

Sur 90′, pour un match dont le seul enjeu réel est la victoire, toutes les joueurs des petites équipes ont le coffre, l’expérience et le mental pour y croire. Il se peut, avec, une force collective que les gros soient renversés.

A bien regarder, c’est bien une force collective qui a éliminé les Pays-Bas et les Bleus. Une autre qui est revenue face à l’Espagne. Une puissance qui s’est opposée à la Belgique. Et sur le premier match, un mental collectif des autrichiens qui a obligé l’Italie aux prolongations.

L’Equipe de France a perdu mentalement sa rencontre face à la Suisse, quand l’Espagne, bousculé, l’a emporté au mental contre la Croatie.

Les 1/8e sont devenus une phase de tous les dangers. Les petites équipes qui viennent juste de sortir de leur groupe ont une motivation exceptionnelle et ne sont pas encore émoussées par une série de rencontres. Elles ont un mental qui peut renverser n’importe quel autre adversaire.

Au mondial 2022, il faudra commencer à craindre l’adversaire, dès les huitièmes.

Pour les féminines, l’écart reste important entre les nations. Le risque est plus rare. Les hiérarchies établies et souvent respectées faute de quantité de joueuses, de mobilité internationales, d’homogénéités techniques et surtout tactiques. Dans moins de dix ans, on ne pourra pas écrire la même chose, le football féminin international évolue très vite.

William Commegrain Lesfeminines.fr