Prendre position. En France, on sort des régionales avec un taux d’absentéisme record moyen de 65% sur les 17 régions administratives françaises (DOM-TOM compris). Beaucoup de commentaires ont cité un désamour avec la notion de la politique. Certainement exact, mais d’autres voies ont porté un autre regard, pas moins pertinent.

Sur France Inter, un politologue proposait un argument intéressant, peu développé par d’autres. Les français, particulièrement ceux de la génération 18-34 ans, était très averti des problèmes de la société mais souhaitait s’engager sur un axe précis, -par exemple la gestion du climat- mais pas avec un parti politique, ne voulant pas s’associer aux autres caractéristiques.

En fait, pour cette nouvelle génération, le français fait bien de la politique mais « à la demande ». Telle action ici, pour ensuite aller vers une autre « action » là-bas. Ce n’était plus un parti dans son ensemble qui l’intéresse mais une action.

Les élections étant politiques. Les politiques étant tenu par les partis. On peut trouver une raison pour qu’il y ait une telle baisse, constante d’ailleurs, mais criante dans cette tranche d’âge. On parle de 85% d’abstentionnistes pour cette tranche d’âge au premier tour de ces régionales et départementales.

Appliquons l’idée proposée au football 

Les politiques sont contraints à des politiques de consensus

On retrouve exactement la même situation avec l’illumination ou non de l’Allianz Arena du Bayern de Munich, aux couleurs de l’Arc en Ciel des LGBT, pour la rencontre de ce soir, 3e et dernière journée du groupe F de l’Euro, entre l’Allemagne et la Hongrie.

Le politique, là l’UEFA, interdit la prise de position proposée par le Maire de Munich et les gérants du stade, de l’illuminer aux couleurs Arc-en-ciel des LGBT. Une proposition faite pour condamner une loi hongroise qui interdit la promotion auprès des mineurs de l’homosexualité dans ce pays.

Les institutions non concernées prennent des positions contraires

L’UE, pas concernée sur cette affaire, puisque l’UEFA est l’organisateur de l’Euro 2021, condamne ce refus à travers sa Présidente de la Commission Européenne, Ursula Von der Leyen, qui précise auprès de l’AFP « que la loi interdisant cette promotion est une honte qui va à l’encontre des valeurs fondamentales de l’UE ». Pour les non-spécialistes, c’est en quelque sorte la Première Ministre de l’UE qui s’exprime.

Pour autant, au sein de l’UE, rien n’est fait pour sanctionner le Président hongrois ? Ils ne manquent pas d’outils, ils pourraient intervenir, rien n’est fait.

Dans une mesure moindre mais tout autant symbolique sur le plan politique, l’Ambassadeur d’Allemagne en France, -peu concerné politiquement- se fend d’un tweet pour exprimer une forme de désappointement quant à la décision de l’organisme européen.

Rien, sur le plan de la politique de la première chancelière, Mme Merkel, qui ne vienne poser de problèmes à la Hongrie en raison de cette prise de position dans son arsenal juridique.

Puisque les institutions concernées ne prennent jamais de position, les gens s’en éloignent et prennent leur propre décision.

Il s’agit de ne jeter la pierre à personne mais les pays ont de tels intérêts croisés organisés autour de la mondialisation des économies et de leurs interactions que les institutions ne peuvent plus « bouger » sans que cela n’entraîne des conséquences lourdes dont ils ne savent pas s’ils pourront les rééquilibrer ailleurs.

Ils se promènent de consensus en consensus.

Cela donne la parole aux gens. Notamment ceux qui possèdent une notoriété et donc un impact médiatique. 

Antoine Griezmann se fend d’un tweet aux couleurs Arc-en-ciel de l’Allienz Arena ; le capitaine néerlandais Wijnaldum, -pas impliqué dans cette affaire-, signale qu’il portera un brassard aux couleurs Arc en ciel lors du prochain match en 1/8e de finale. Le gardien allemand Neuer en portait un face au Portugal.

Et de multiples comptes sur les réseaux sociaux, s’enflamment à cette interdiction, prenant partie pour développer leur message.

Les réseaux sociaux ont donné à la parole à la réaction individuelle. Cette lame de fond qui est le bain dans lequel se promène les générations d’aujourd’hui, va transformer notre consommation des choses. Rappelez-vous de Ronaldo et Pogba avec les bouteilles des partenaires Coca-Cola et Heineken de l’Euro 2021.

L’UEFA est critiquée sur cette position ; demain elle sera saluée par les mêmes si une autre proposition leur correspond.

L’institution n’est plus le sanctuaire. Les gens sont au contraire très politisés, prêt à agir individuellement, en vérité, mais à la demande :

« Un jour ici, demain ailleurs. »

Cela explique la percée d’Emmanuel Macron, centriste très large comme la baisse du RN, intéressant pour certaines idées pour une partie importante de la population française, mais moins pour un ensemble de politiques.

En politique, avec les nouvelles générations, le français picore des idées comme un coq, quelque soit la basse-cour. C’est nouveau.

William Commegrain Lesfeminines.fr