Quand les médias mettent le nez quelque part, cela prend une dimension incroyable. Rien de nouveau sauf que dans le milieu sportif, rien ne le mesurait vraiment à l’aune du regard de chacun. Les sponsors l’identifiaient juste assez pour justifier de dépenses de sponsoring lourdes mais pas assez, permettant ainsi d’expliquer les choix qui ne donnaient pas le rendement voulu. L’inconnu du sport.

Le geste de Cristiano Ronaldo en conférence de presse officielle sera la première page d’un MBA sur le management du sport.

Il a simplement déplacé deux bouteilles de Coca, partenaires de l’Euro 2021, pour les mettre hors cadre. Il a pris une bouteille d’eau, et ajouté un seul mot « Acqua » joignant le geste à la parole en mettant face caméra, la bouteille d’eau en substitution.

Un geste qui seraient passés inaperçu si les médias ne l’avaient pas amplifié, associant la communication du capitaine portugais, cinq fois Ballon d’Or, trois fois The Best FIFA, à une baisse de la valeur de l’action Coca-cola.

Cours de Coca-Cola sur une période semestrielle

Dans les faits, elle était à 55$11 pour passer à 54$67 soit une baisse de 0.79%. Soit rien car comme vous le voyez sur le graphique ci-dessus, l’action Coca-Cola a connu des mouvements bien plus significatifs à la baisse début 2021. Bien entendu, si l’action perd de la valeur, ce sont ses propriétaires qui sont touchés, pas la société comme son chiffre d’affaires.

Visiblement, le tempo entre la CFP et la baisse de l’action n’est pas évident.

Si vous regardez le graphique hebdomadaire qui a fait le tour des réseaux, vous notez la baisse …. le lundi matin. La conférence de presse s’est faite dans l’après-midi ?!!! Vous noterez d’ailleurs que c’est un phénomène habituel sur les cours de bourse et encore plus avec celui de Coca Cola qui a connu, début 2021, des variations bien plus importantes.

Bizarre que tout le monde ait repris l’information. Vous écouterez un nombre incroyable de commentaires sur le lien. Aucune vérification réelle. On a bondi sur l’information que les réseaux développaient. Les médias traditionnels ont écrit sur ce qu’ils voulaient croire.

Si on essaye de comprendre les titres de la presse « Ronaldo fait perdre 4 milliards d’euro à Coca-Cola », on note les caractéristiques suivantes :

  • les journalistes sont friands de titres excessifs, même si le contenu en est différent. Il existe un métier dans cette profession « Titreur » dont un des excès récent a été celui de l’Equipe, saluant la victoire récente de la France sur l’Allemagne (Euro 2021, 1-0), « comme en 18 ! ».
  • peu importe le contenu pour certains qui n’ont pas le temps d’en rechercher la véracité. C’est un métier où la rapidité de la production commande.
  • Ils sont souvent obligés de réagir à la rapidité de la réaction des réseaux sociaux,
  • les joueurs ayant une audience très forte oblige à la reprise de leurs messages,
  • Les joueurs privilégient leurs communications véridiques à leurs réseaux, ne laissant que de la langue de bois aux médias traditionnels. La numéro 1 mondial de tennis, Naomi Osaka l’a utilisé pour donner ses trois positions récentes. Fortes. Cela a débuté avec un message disant qu’elle ne se rendrait plus en conférence de presse, trop sensible aux questions négatives posées. Cela a suivi avec son abandon de Roland Garros et maintenant, elle utilise la même source d’informations pour confirmer qu’elle ne fera pas Wimbledon, mais sera bien aux JO dde Tokyo.

Les joueurs tentent de créer une véritable force avec leurs réseaux sociaux et ceux des autres.

Le joueur aux 500 millions de followers sur une planète qui compte 5 milliards d’individus (12-80 ans), soit 10% de la population mondiale en âge d’être sur un réseau, le sait. Son message est totalement calculé, certainement par intérêt. Vous pourrez trouver une vidéo où le sélectionneur est dans le cadre de la caméra. Son attitude est évidente : « il va le faire ». Cristiano Ronaldo savait ce qu’il voulait faire.

Là où le joueur a été encore plus réfléchi, c’est dans l’approche de la communication. Il n’a pas retweeté une seule vidéo de son message. Pourtant il possède plus de 500 millions de followers (300 millions d’instagram, 92,3 millions sur twitter, 148 millions sur facebook) sur une planète qui compte  5 milliards d’individus (12-80 ans) susceptible d’être sur un réseau. Calcul large, qui lui donne 10% de la planète sociale. On peut imaginez que les vaccinés aux réseaux sont moindre, ce qui lui donne une force correspondant à 20% de la planète sociale !

Il s’est contenté de voir son influence indirecte. Tous les médias l’ont repris. L’Equipe pour le sportif, mais aussi le Figaro, Libération et de multiples autres, comme tous les comptes sociaux qui ont eu envie de le communiquer.

Ainsi, son influence indirecte a pu être mesuré. Et effectivement, la planète sociale a tremblé.

Le cours va revenir dans sa phase croissante. Ronaldo a fait mesurer son influence indirecte qui lui donne les médias. Coca-Cola, pas mécontent, s’est payée une superbe publicité gratuite. C’est certainement ainsi que l’UEFA lui a expliqué la chose, sans avertissement spécial pour les joueurs.

Au bilan, les choses ne sont pas aussi simples que des mots dans un titre. Aujourd’hui, nous sommes en plein dans l’art de la manipulation.

William Commegrain Lesfeminines.fr