Le monde des médias n’est pas un monde simple en 2021. D’abord partenaires consanguins avec le sport et les évènements, dans le football, les relations étaient plutôt calmes. Mediapro a été la première pierre démontrant que chacun doit jouer en fonction de ses intérêts. La LFP avec Amazon nous montre que l’habitude n’est pas bonne conseillère. Les amis d’hier deviennent les ennemis de Demain.

Un séisme similaire s’était passée dans le temps lorsqu’on a commencé à négocier des exclusivités pour le foot. Je me souviens du transfert immédiat de Thierry Roland, star du journalisme, spécialisé football, vers la Une qui venait de récupérer les droits, laissant à la Deux de l’époque, seulement le droit à l’information. Il avait quitté dans l’instant le service public qui nous offrait gratuitement du football, celui de l’Equipe de France. Le championnat ne trouvait pas preneur et personne ne pensait à le vendre.

Après il y a eu une période plutôt longue d’une quarantaine d’années sans grands changements hors l’influence récente des réseaux sociaux. Cela a instauré des habitudes.

Aujourd’hui, les médias sont la propriété des grands chefs d’entreprise. La liste est longue, je n’en extrais que quelques unités. Bouygues, spécialiste du bâtiment, avait lancé le process en 1980 en s’appropriant la Une, TF1. Dassault (avionneur), lui s’était placé sur la scène généraliste, propriétaire de Paris-Match, lecture des salles d’attente françaises. Lagardère, le Père, Jean-Luc, avait construit un groupe qui s’est organisé entre les médias et le militaire. Bernard Arnault (groupe LVMH, deuxième fortune mondiale), détient l’économique avec les Echos et d’autres tout en s’offrant le quotidien avec Le Parisien.

Autres poids lourds de l’économie française, Bolloré, avec le groupe Canal+ et Europe 1, au cœur du débat. Il n’y a guère que Kering (Famille Pinault) qui ne s’est pas mis dans ce monde de l’information, de l’opinion et de la tendance.

Bolloré nous montre une nouvelle voie de management.

Les affaires de Canal+ l’ont montré. Europe 1 et Lagardère suivent le mouvement.

Twitter nous dit que lors d’une récente Assemblée Générale des journalistes, une salariée RH aurait été prise en plein enregistrement des interventions avec son téléphone portable. Le reconnaissant sans s’expliquer plus avant sur ses raisons.

Des pratiques qu’ont peut imaginer dans les entreprises et qui semblaient éloignées de ce milieu, empreint d’une forte liberté des salariés journalistes, leur donnant un quasi pouvoir de propriétaires. Du fait d’y agissant alors que dans tous les autres entreprises de ces propriétaires, c’est celui qui possède le capital qui en donne la direction.

On s’aperçoit qu’en France, dans le monde des médias, pour un salarié, on se baigne définitivement dans le monde de l’entreprise.

Le Canard Enchaîné devient iconique. (Source wikipédia) Pour rappel, ses statuts (SA Les Éditions Maréchal) le préservent de toute intervention extérieure (cela depuis une tentative de prise en main par le groupe Hachette, en 1953), puisque seuls sont actionnaires ceux qui y travaillent, ainsi que les fondateurs (les 1 000 titres du journal sont incessibles et sans valeur). Seul journal sans publicité, avec un CA supérieure à 20 millions d’euros et un bénéfice annuel mis en réserve d’environ deux millions d’euros.

William Commegrain Lesfeminines.fr