Il existe un football féminin où les joueuses sont payées et les clubs attendent de l’espoir.

Les stars féminines fixent leur prix. Les joueuses ont la liberté de ne pas être au top à chaque fois, elles doivent d’abord assurer des performances dans une saison.

Dans ce rapport, on trouve quelques joueuses du PSG et de l’OL dans le championnat français.

Dans la même lignée, on note des clubs à haute renommée masculine en 1/2 finale de l’épreuve européenne féminine avec Chelsea, Barcelone, Paris Saint Germain et le Bayern de Munich. Pour finir on voit des budgets sortir sur le plan européen avec la Juventus en Italie qui commence à s’armer pour essayer de s’infiltrer dans cet ensemble ; le tout ayant des moyens pour répondre à la difficulté d’avoir des joueuses au niveau suffisant pour amortir cette course aux trois ou deux places européennes.

Dans cet environnement, on voit un fort phénomène inflationniste sur le plan salarial. Tout cela crée une grille de rémunération aux alentours de 5.000 à 30.000 € de salaires mensuels pour certaines joueuses de cette élite féminine.

Si tous les clubs masculins peuvent le faire, seuls certains décident de le faire dans le cadre d’une stratégie d’image décidée et choisie.

Un championnat étant fait de douze clubs en moyenne, il existe une seconde grille de rémunération bien plus compliquée à équilibrer pour les clubs faisant partie du ventre du championnat.

Il existe un football féminin où les joueuses sont payées et attendent de l’espoir pour en tirer un futur bénéfice. 

Les joueuses sont moins bien payées dans la globalité. Elles espèrent une performance collective qui les mettent en valeur individuellement pour y avoir largement participé.

Soit, les clubs tentent leurs chances de jouer la Coupe d’Europe et alors les salaires versés se mélangent néanmoins entre haut et petits salaires obligeant le club support à une stratégie différente pour justifier, autrement qu’en performance, les investissements réalisés.

Dans ce cadre, le Paris FC est l’exemple idoine. Le départ de Gaetane Thiney aux USA se fait d’abord avec une signature de contrat au Paris FC pour assurer son travail ; pour, ensuite, convenir avec le club d’un prêt avec le club américain du New Jersey, NJ/NY Gotham et accepter l’idée d’une expérience de six mois pour la capitaine parisienne. C’est donc une autre aventure qui est proposée à la joueuse, déjà impliquée dans d’autres opérations individuelles personnelles.

Une aventure réservée cependant à une joueuse ; d’autres comme Clara Mateo se plaçant dans ce futur potentiel. Il s’agit pour celles qui ont choisi exclusivement le football pour exister, d’un pari fort qui souvent les amènent à changer de clubs. A la condition d’avoir performé néanmoins pour aller dans une direction croissante plutôt que décroissante.

Une autre expérience a été celle de Bordeaux, dans un moment où les choses avaient été possibles.

L’analyse de la situation des joueuses avait été excellente. Profitant de situations compliquées de certains clubs, Ulrich Ramé avait réussi à faire passer le message que Bordeaux était la solution quand le Paris FC (Bilbault, Jaurena, Cascarino) ou Lille (Sarr), descendant en D2F avait montré leurs limites dans les saisons concernées.

De plus, il avait eu le « nez » de prendre une jamaïcaine inconnue, étudiante américaine d’1m80, au physique de déménageur devenue en cette fin de saison, meilleure buteuse du championnat avec vingt deux buts au compteur. Il fallait de la compétence pour choisir le physique quand d’autres auraient pu reprocher à Khadija Shaw, un manque de vitesse rendant les occasions moins percutantes.

Chacun ayant des raisons de s’investir, le salaire avait été augmenté mais les joueuses avaient été payées aussi d’espoirs. Ce qui d’ailleurs s’est avéré exact.

Bordeaux a fini troisième et qualifié européen. Les joueuses sont pour la plupart internationales. Elles changent de clubs pour une situation financière meilleure, comme Shaw, Cascarino, etc … Le deal est bon.

Dans ce cadre, pour ces joueuses, un des espoirs est la sélection internationale de Corinne Diacre. La sélectionneuse française a montré qu’elle est libre dans ses choix et les joueuses connaissent les règles qu’il faut respecter pour entrer dans le groupe.

Il existe un football féminin où il n’y a pas d’espoir.

C’est la difficulté des clubs du bas de tableau.

Ignorée de la sélection -à l’exception de Constance Picaud (Le Havre) et auparavant de Viviane Asseyi à l’OM- ils cherchent un équilibre qui leur fait faire le grand écart pour la plupart, les amenant sur une saison, aux dernières places.

D’abord l’aspect financier qui oblige à avoir des certitudes avant le début du championnat par le système de la DNCG. Certitudes fluctuantes quand les clubs sont autonomes (GPSO Issy 92, Soyaux) ; limitées pour les autres clubs mais ayant au moins le mérite d’exister lorsque les sections féminines sont adossées à une masculine professionnelle.

Même là, le ROI (Retour On Investment) demande des raisons stratégiques autres que financières, créant un gap avec les quelques équipes s’y prêtant. Pas facile d’y trouver un intérêt médiatique face à la concurrence des hommes qui leur apporte déjà la notoriété suffisante. De fait, cette source, essentielle, donne très peu d’intérêt.

Le gap avec les leaders devient trop important. Sans joueuse pouvant pousser le club bien plus haut, sans moyens financiers particuliers pour une élite en concurrence avec celle des hommes, la situation n’a pas de solution structurelle.

Le constat n’a rien de particulier. Il était le même dans les années précédentes. Ce qui ne va pas, c’est que le raisonnement vaut même pour les clubs terminant à la cinquième place.

EN ce sens, la situation n’a pas évolué. Elle s’est même compliquée puisque rien n’est fait d’innovant pour la mettre au passé. Ne pas innover dans le monde d’aujourd’hui, c’est sortir de l’intérêt des consommateurs.

La solution serait de lancer les jeunes. Sauf que le football féminin est un jeu, tel qu’il est pratiqué aujourd’hui, au plus haut niveau, qui demande une culture tactique que les jeunes talents qui ne sont pas passés par les centres de formation n’ont pas. Physiquement, les jeunes joueuses ne font pas la différence avec des trentenaires. On voit la même situation sur le plan technique. Les cas rares se comptent à l’unité. Elles sont déjà intégrées à l’élite et souvent dans les clubs leaders.

De fait, les joueuses d’expérience font la différence et pour les club sans moyens, il est difficile de pouvoir monter une équipe jeune probante.

Le Havre en est l’exemple.

A court terme, la solution est donc le financement en capitaux propres. Payer pour faire plutôt que pour voir.

On arrive à la situation où Nancy décide de ne pas jouer en D2F. Elle descend au niveau régional, elle aura bien des sections féminines mais s’éloignent d’une élite.

On arrive à la situation de Soyaux Charente, versé administrativement en D2F. C’est la troisième fois de suite que le club charentais est notifié par la DNCG.

L’accepter, pour elles, c’est se condamner définitivement à ne jamais y revenir. En effet, seuls les deux premiers de la D2F remonte dans une division qui comprend des sections féminines avec des moyens financiers leur permettant d’investir pour jouer les premiers rôles à l’échelon inférieur. Une mission encore plus impossible pour Soyaux.

En déficit en D1F, avec la répartition des droits TV et du naming de la D1FArkema ; où seraient-elles sans cela en D2F ?

L’organisation du football féminin les a exclu. Depuis longtemps.

Au final, ces filles qui revendiquaient d’être des filles au début des années 2010; veulent maintenant ne plus être des filles mais des footeuses pour 2020.

J’ai une question. Au final qui gagne ? Les gros sont les mêmes. Ils sont même plus gros et le Gap est encore plus conséquent avec les autres.

Si on veut redonner un vrai sens artistique à ces joueuses, il faut un championnat européen exclusif et une D2F dans chaque pays qui soit les neuf clubs de D1F actuel. Chaque pays ayant son propre championnat. Ce qui créera une D3F par la D2F.

De base, c’est impossible car cela donnerait de l’image au club quand les sélections nationales font le bonheur des fédérations. A moins de trouver un consensus.

Sinon, intérêt nul. Réservé à quatre matches de championnat.

William Commegrain Lesfeminines.fr