Une finale sans l’Olympique Lyonnais, est-ce possible ?

Inutile d’être un spécialiste du football féminin pour connaître l’enjeu de cette finale ! Un premier titre pour l’une des deux équipes dans une finale qui ne connaîtra ni l’OL, ni Wolfsburg, ni le Paris SG. Les trois équipes ayant participé aux dix dernières finales avec le Turbine Potsdam et Frankfurt.

L’Olympique Lyonnais est la seule à avoir conservé le trophée après cinq victoires. L’UEFA leur a donné. Alors, une finale sans l’OL ? Ca marque.

La renommée des joueuses de l’Olympique Lyonnais a dépassé les frontières de l’hexagone et des pratiquants du football. Sept titres européens construits sur la décennie dont une série de cinq consécutifs (2016, 2017, 2018, 2019, 2020). Voilà une performance qui n’a pas manqué de faire les gros titres sportifs. On les appelle « les Légendaires » à la demande de Jean-Michel Aulas aux différents médias sportifs.

Même aux USA, numéro 1 mondial pour l’équipe nationale, les joueuses comme les joueurs sont baignés aux compétitions européennes ; l’Europe, la Ligue des Champions, la Women’s Champions League, cela n’existe pas de l’autre côté de l’Atlantique. Le « Dream » est au RDV. Une « date » qui touche à l’imaginaire. Ligue des Champions, Women’s Champions League et Ballon d’Or sont des rêves sur la terre de l’Oncle Sam.

OL, vainqueur de leur 7e titre sur dix ans avec deux finales perdues.

Alors buvez un café même « américain » aux USA, évoquez l’Olympique Lyonnais et inévitablement vous aurez une remarque sur leur performance. Que dire si de plus, vous êtes dans un univers de fans de soccer féminin ? « Le Sommer » devient un autre nom avec un accent « stars and stripes ». L’Olympique Lyonnais a du LVMH dans la peau. Une marque comme une marque employeur.

OL, Ol, il faudrait presque vous excuser d’être de Paris ! Fatiguant. Heureusement le PSG existe.

Mais ne ratez surtout pas les yeux écarquillés de vos correspondants si vous leur dîtes que l’OL a été éliminé en 1/4 par le Paris Saint Germain !

Dans un monde où on envoie avec une précision millimétrique une capsule se coller aux fesses d’une station dans l’espace, l’incompréhension est au RDV. Emotion garantie. A croire que Jules Verne a renvoyé tout le monde sur terre.

Quel est l’enjeu de cette finale ? L’enjeu pour l’avenir ?

S’il faut l’expliquer simplement en quelques mots acceptables par un tiers. Comme tout ce qui est vieux est vieux, l’Ol passe au rayon des souvenirs. Le Paris SG ne sera candidat à un débat oral que lorsque les gars auront gagné la Coupe d’Europe. C’est ainsi, la notoriété des hommes est trop forte. Le Bayern (éliminé sur un sévère 4-1 en 1/2 retour par Chelsea) se pointe mais rafistole avec de l’usager.

Donc, Barcelona et Chelsea, ce sont la jeunesse et la nouveauté européenne.

Princesses avec des 1/2 respectives, finaliste en plus lors de la saison 2019 pour Barcelone. Passées par la case « Apprentisage et expérience » ; l’enjeu, c’est maintenant de savoir qui sera Reine d’Europe ?

Qui seront les nouvelles Reines D’Europe ?

Ou, le tango du Fc Barcelona

Les sénoritas barcelonaises, qui jouent au football comme on fait un tango. Toujours à tourner, petits pas qui se succèdent, devant, derrière. La balle tourne, tourne dans un rythme précis et cadencé. La tête tourne, où se trouve cette balle qui s’échappe quand on croit la tenir ? Un tango où Jennifer Hermoso se courbe, longiligne, vous emmenant dans un dribble pour qu’Hamraoui, d’un coup de rein, vous fasse redescendre sur terre. A se demander si la française au physique allemand n’a pas occupé l’Espagne, tellement la joueuse vous soulève de terre à l’impact.

128 buts en championnat, saison pas terminée. Cinq encaissés. Martens, Oshoala, Hansen, Hermoso ont fait tourner la tête à plus d’une joueuse, d’une gardienne. Où est la balle ? Dans les filets.

Hamraoui, française ou espagnole, qui brille au soleil barcelonais. La vie est espagnole, chaude, brûlante, vivante.

Et Lieke Martens, meilleure joueuse FIFA 2017, poupée Barbie du football international qui vous plante un gauche et un droit en trente minutes face au Paris Saint Germain (1/2 retour). Explosant de joie sur les photos, gueule ouverte, yeux exorbités, rappelant que les poupées Barbie de l’an 2000, c’est du feu à l’intérieur.

Lieke Martens explose après son premier but face au Paris SG, en 1/2 finale de la WCL 2021

Quand tu écoute de la musique, ce jeu espagnol a la vie en lui. Torero qui tourne autour du taureau. Pique et marque.

Ou, la royauté Européenne de l’an 2000. Doigt tendu. Libre.

La Reine Elisabeth II, quasiment centenaire, se lève et, crampons aux pieds, se met à chanter à tue-tête, « God Save Chelsea ! ». Laissant ses sujets éberlués, estomaqués. C’est à dire stoïque dans la tradition anglaise qui ne vous fait pas bouger le petit doigt quand vous avez le bonheur de toucher un sein royal. Stoïque, les sujets !

Mais les Reines anglaises n’ont jamais été stoïques. Cela part dans tous les sens de l’autre côté de la Manche !

A croire qu’ils existent des écoles aristocratiques pour apprendre l’art de s’éclater quand les autres sont obligés à ne pas bouger. « Les chariots de Feu » version féminine.

Et à cet égard, Chelsea possède une Reine d’Angleterre en la personne de Pernille Harder. La meilleure joueuse d’Europe fait exactement ce qu’elle veut comme elle le veut. Sabre au clair, elle attaque dans « une verticalité » qui ferait le bonheur de beaucoup de jeunes. Elle ne s’en préoccupe pas. Son graal, sur l’instant. Le but. Dans les instant suivants, sa compagne. La vie est simple pour la danoise. Elle te met son talent sur la table et on verra.

Pernille Harder, buteuse face au Bayern de Munich

Chelsea, très cher aux mètres carrés, s’est construit une équipe européenne, mondiale.

Incroyable à remarquer que les joueuses des deux côtés sont toutes issues d’un pays où la Royauté est forte comme présente : Espagne, Royaume Uni et Commonwealth (avec Sam Kerr) , Danemark (Pernille Harder), Norvège (Guro Reiten, Maren Mjelde), Suède (Eriksson, Musovic, Andersson).

Pas une américaine dans cette finale.

Chelsea qui a décidé de ne pas jouer à l’américaine. Pas une fille de l’Oncle Sam dans ce groupe de 23. Idem du côté de Barcelone. Une rareté à noter quand les joueuses de l’Oncle Sam ont pour la plupart pris un billet pour l’Europe, faute de championnat en 2020.

Une finale explosive comparable à celle de 2014 entre Tyreso et Wolfsburg (3-4). Un scénario de fou.

Dans cette finale, vous allez avoir ce qui se fait le mieux en intentions offensives sur cette année en Europe.

Des « mortes de faim » pour gagner ce titre, avec des filles qui n’ont gagné que leur championnat et qui voit l’Europe leur donner la possibilité d’être des Reines.

Il y a eu une finale explosive dans l’Histoire européenne ; elle opposait Tyresö à Wolfsburg en 2014. Finie (4-3) pour les allemandes après avoir été menées (0-2, 30′) avec une Marta, dix fois sur le podium de la meilleure joueuse mondiale, six fois avec le titre, brésilienne jouant en Suède sept saisons de suite.

Tyresö se devait de gagner, sinon c’était dépôt de bilan.

Elles ont déposé le bilan, car en face Nadine Kessler, avait poussé son équipe à la folie. (0-1, 28′), (0-2, 30′). Tyresö menait et se voyait sauvé et vainqueur. De retour des vestiaires, Wolfsburg avait tout renversé en quatre minutes (1-2, 47′), (2-2, 53′). Quatre minutes plus tard, Marta marquait (2-3, 57′) et sauvait Tyresö. A la 68′, Faist égalisait (3-3) plantant une banderille. Alexandra Popp, à la 80′ prenait le titre (4-3). Le doublé pour Wolfsburg. Une finale explosive avec sept buts.

Tyresö emprunta à la banque pour faire le voyage retour.

Une finale vraiment explosive.

Sérieusement, vous douterez du match quand l’enjeu est pour des filles, d’être des R-EI-NES ?

Si oui, reprenez votre dico et lisez la définition au mot « fille », associée la à « sport de haut niveau », mettez un grain de « famille, papa, maman, amie, compagne » ; laissez mijoter le tout dans un grand récipient qui jamais ne s’arrête, appelé « rêves ». Et finissez par la vérité cruelle, il n’y a qu’une équipe à venir à la table de la consécration.

Les autres, dehors. A l’année prochaine.

Silence dans les rangs. La fille est éduquée à la promotion et la rareté. Le produit est là, beau. Une Coupe d’Europe. La première pour Elles.

Pas pour Elle(s) ?

IM-POS-SI-BLE !

Explosion attendue à Göteborg, dimanche 16 mai 21 heures. Sur UEFA TV, normalement.

« Venez rêver ! ».

William Commegrain Lesféminines.fr