C’est un derby, mais je ne sais pas si ce match se jouera avec le mot « derby » à l’esprit. J’ai choisi une photo de Giovani Pablo de 2013 où le derby avait un sens. Le PSG se battait pour passer Juvisy, Juvisy se battait pour rester devant le PSG. Les deux équipes étaient très proches.

Aujourd’hui, les deux équipes se battront mais plus pour l’enjeu que pour la rivalité francilienne. D’autres réalités s’imposeront à ce que le résultat indiquera. La première idée qui me vient à l’esprit : il ne faudra pas perdre. L’enjeu de la défaite est bien plus – bien trop- lourd.

Pour le Paris Fc dont les jeunes générations doivent aller sur wikipedia pour en connaître la qualité ; perdre alors qu’elles montrent un renouveau réussi et construit au fil du temps et de la saison, marqué par un doublé de Théa Greboval, kiné de métier, latérale gauche. Une fois toutes les cinquante du mois dans la surface adverse. Le premier de sa carrière et peut-être le dernier. Quand tu vis cela, psychologiquement, humainement, affectivement, tu es bien. Perdre et repartir dans l’anonymat des matches, on est proche de l’assassinat de ce qui fait le sport de haut niveau : la confiance, la joie, la certitude, la plénitude.

Pour le Paris Saint Germain, collée depuis 2012, à la seconde place de quelque chose et de quelqu’un. « Paris libéré ! » un soir de conquête contre l’OL en 1/4 de finale de la WCL. Avec des contenus spectaculaires et qui se trouve, avec ses valises, sur le quai d’une gare qui voit le train de la finale 2021 prendre la direction de Göteborg sans elles. Abandonnée, bousculée, aimée et quittée. Quand le second « graal » qui arrive, le championnat, les oblige à un martyr proche d’un « Koh Lanta ». « Tenir sur les poteaux » pour pouvoir jouer cette finale et reprendre la tête méritée de championnat.

Dans les deux cas. Il ne s’agit pas de gagner. Il s’agit de ne pas perdre.

Perdre trois points et perdre le reste : une saison entière qui s’envole sans elles.

Le Paris FC a une dynamique positive après une dynamique négative.

Pour le Paris Fc qui recevra à 18h30 (Charlety), l’enjeu est d’affirmer sa 4e place au championnat (31 points) et dont la plupart -dont moi- les éloignaient à l’écriture comme aux commentaires. Dix points séparent les coéquipières de Gaetane Thiney des bordelaises, 3e à 41 points, que l’actualité masculine environne de déboires. Reprise ou non du club ? financements ? départs ? liquidation ? Seront-elles qualifiables pour l’Europe ?

Khadija SHAW of Bordeaux during the Semi-Final French Women’s Cup soccer match between Bordeaux and Paris Saint Germain on August 2, 2020 in Libourne, France. (Photo by Baptiste Fernandez/Icon Sport)

Un ensemble d’ingrédients qui peuvent motiver le Paris Fc à mener un train d’enfer et prendre les douze points restant à jouer, en espérant un « zéro » du côté bordelais ou une élimination européenne sur tapis vert (le 3e se qualifie pour l’Europe), validant une grande différence avec Guingamp (5e, 27 points). Des bretonnes assez proches pour ramener le Paris Fc dans l’interrogation en cas de défaites supplémentaires sur les quatre futures rencontres à jouer. Il ne resterait qu’1 point de différence, fragilisant la 4e place parisienne.

Le Paris Fc s’est mis au chaud. Il ne faudrait qu’elles retournent dans le froid.

Le Paris Saint Germain a eu une émotion négative. Il ne faut pas que cela devienne une dynamique négative.

Le Paris Saint Germain vient en ex-leader du championnat, devant reprendre une place de premier acquise face à l’Ol en novembre dernier, et que le bénéfice des matches en retard a fait reculer d’un cran. A la seconde place. La place du « couillon » quand tu mènes depuis cinq mois le championnat, maintenant un effort auquel toi-même, tu ne croyais pas tant que cela.

Un recul que la victoire contre le Paris Fc remettrait à flot, faisant oublier la défaite en demi-finale de la Women’s Champions League et donnant du sens à la saison 2021 des parisiennes. Un excellent football, une maitrise des situations après cette position de leader réussie. Un seul accroc, cette élimination face au FC Barcelone, les mettant dans le second wagon européen quand tout le monde les voyait dans celui de tête. Légitimement.

L’Ol, très souvent devant le PSG quelque soit les années. Marre d’être seconde ? malgré qu’elles soient toujours très proches (photo 2018).

Deuxième. Encore second. Toujours second. Les parisiennes en ont une indigestion d’être seconde. Vite, retourner au soleil de la 1ère place. Donner le coup de reins pour le faire. C’est peut-être là qu’elles se prouveront leur première place 2021.

Un détail pas si neutre. Des deux côtés, on peut penser à la victoire. 

Derby ou pas derby, en football féminin, quelque soit le championnat, français, allemand, italien, espagnol ou suédois, tu peux rêver à une victoire mais le leadership des « gros » est tel que cela relève plus d’un rêve que d’une réalité. Les équipes de même niveau à portée de kilomètres, cela ne court pas les rues. Tu sors des vestiaires, douchées, habillées, rangées avec une défaite à la clé. Le sourire aux lèvres pourquoi pas si ta copie individuelle n’a pas été mauvaise. Il y a longtemps que tu savais que c’était un rêve.

Le match de Jeudi, 18h30, diffusé sur Canal aurait pu être dans cette dimension les saisons auparavant. Le PSG avait fait plus qu’un « trou ». Aujourd’hui, au moment présent, la vérité du 6 mai 2021 à venir, montre un espace qui s’est potentiellement rétréci au lavage.

Paris Saint Germain vient sans Diani, toujours pas relevée de sa blessure, et qui a terriblement manquée face au Barca. Une joueuse qui fait descendre toute l’équipe adverse par ses coups de boutoirs, obligeant les adversaires à courir sur la longueur du terrain quand les équipes dominantes, s’imposant dans le camp de l’adversaire, n’ont souvent que trente mètres à faire pour se trouver dans la surface de réparation, augmentant leurs chances de marquer pour gagner la rencontre.

Le second handicap du PSG vient du peu d’apports qu’ont réalisé Ramona Bachmann, Nadia Nadim lors de l’entrée face à Barcelone. Vivaient-elles bien ce statut de remplaçantes pour des internationales reconnues quand les lumières européennes s’allument réellement à ce stade de la compétition ? Nous autorisant à se poser la question de leurs qualités dans un jeu où la possession n’est pas parisienne. Trop peu d’occasions pour le PSG, une Marie-Antoinette Katoto esseulée, peu approvisionnée, rendant le PSG dans l’obligation d’une efficience difficile à garantir dans le football féminin. Et le sentiment, que les joueuses n’avaient pas la cohésion habituelle. Un déchet inhabituel dans les transmissions.

On le voit le match du PSG pose questions ; celui du Paris FC moins. Pas une ombre à l’horizon

Reste à situer la qualité des adversaires. Le Paris SG a rencontré le FC Barcelone, une très bonne équipe européenne, finaliste et leader tonitruant de son championnat. Le Paris FC a réalisé ses quatre dernières victoires contre Reims, Bordeaux, Fleury et Issy. La marge est en faveur des joueuses d’Olivier Echouafni.

Une victoire du Paris Fc et le club de Pierre Ferracci RE-prend du galon, dans la lignée des hommes qui se battent avec réussite, pour se maintenir dans les barrages de la L1. Une défaite et Guingamp s’annonce.

Une victoire du Paris Saint Germain et l’appétit lyonnais apprend à ne pas tout consommer pour en garder « sous le pied » lors de leur future opposition fin mai 2021 (30). Les parisiennes envoient un message. Une défaite et l’obligation d’une nouvelle victoire face à l’OL s’impose avec une image d’éternel second collée alors aux crampons. Plus difficile.

Des deux côtés, il va falloir gagner sinon, il faudra « panser » et « penser ». En sport de haut niveau, il n’est jamais bon de « panser » et « penser ».

L’enjeu est plus lourd du côté du PSG. Elles parlent de cinq finales. Je ne l’aurais pas joué comme cela. Dans l’histoire, les finales, avec l’OL, le PSG ne les gagnent pas souvent. Si elles les gagnent, alors elles se tailleront « un super costard » de championnes !

William Commegrain Lesfeminines.fr