L’heure est au retour pour les barcelonaises. L’heure est au repos pour les parisiennes. C’est un moment où on reprend pied dans le présent et le futur, puis nous vient, par moment brusque, ce qu’on a vécu et ressenti comme moment fort dans notre match.

C’est le moment de la vérité, de notre vérité.

Assisat Ashoala, capitaine du Nigéria, meilleure joueuse au Mondial U20 du Canada en 2014, star attendue à son plus jeune âge, jamais réellement arrivée à 26 ans après un passage à Liverpool (2015), Arsenal (2016). Un peu mieux mais à un niveau moindre en Chine sous le coaching de Farid Benstiti au Dalian Quanjian (championnes). Enfin installée au FC Barcelona depuis 2019, seconde buteuse du club, et qui rate l’immanquable.

Une profondeur de la norvégienne Graham Hansen (77’) qui fait passer une balle sans opposition devant les buts parisiens et la nigériane rate au contact, la voyant même lui passer entre les jambes.

A ce niveau, à ce moment où les deux équipes sont à (1-1) et n’arrête pas de se taper dessus. Tu le gardes longtemps en toi ce geste raté.

Elle va avoir du mal à dormir.

Perle Morroni, dite « Perlito » a connu la difficulté du très haut niveau. 23 ans, intégrée récemment en Equipe de France, toujours à l’aise dans ses oppositions face à des clientes. La dernière Delphine Cascarino de l’Olympique Lyonnais, la parisienne a mangé de la difficulté face à Graham Hansen, la norvégienne, toujours en verve en équipe nationale, jamais gagnante face aux françaises en WCL (Juvisy, OL avec Wolfsburg).

Coup de chance, la joueuse norvégienne est une passeuse. La meilleure du club. Pas une finisseuse. Alors, elle a fait de la passe sans jamais tirer au but.

« Perlito », joueuse du Paris Saint Germain depuis quasiment qu’elle avait l’âge de prendre le « biberon du football », va avoir du mal à s’endormir. Pourtant, en deuxième mi-temps, elle a percuté. Perlito est toujours très bonne quand elle attaque. Là, elle a subi tactiquement le FC Barcelone.

Le premier but est pour elle. Pourtant, elle a bien Graham Hansen devant elle au moment ou Kheira Hamraoui glisse son ballon en profondeur. Sauf que l’italienne Bonmati s’est mise en aillière. Seule, dix mètres derrière la parisienne. Pas alignée.

Et l’internationale italienne prend le couloir comme un boulevard floridien pour faire du « cruising » et déposer un centre inarrêtable à Jennifer Hermoso, meilleure buteuse du FC Barcelone.

Trop contente de marquer au PSG, là où elle n’avait pas apprécié goûter au banc (2018), soixante minutes après le début de chaque rencontre. Un classique de Patrice Lair. La joueuse l’avait en travers.

Nous sommes à la 13’ et l’espagnole, va bien dormir. Elle a marqué à l’extérieur (0-1, 13’). Elle sourit en se rappelant qu’à chaque fois, c’est elle qui allait sur Irène Paredes pour l’empêcher de relancer. Un quasi-marquage individuel.

Un truc qui vous fait sourire quand vous connaissez la capitaine espagnole du Paris Saint Germain.

Paulina Dudek, intervient sur Graham Hansen, après que Perle Morroni l’ait bloqué. (UEFA)

Ashoala qui va regarder la route défiler pour penser à autre chose. Hermoso qui va sourire, satisfaite de son bon tour de joué au PSG et à son amie Paredes. « Perlito » qui a fait un court passage au FC Barcelone pour un prêt de six mois en formation (2018) qui commence à se motiver pour faire mal aux catalanes en Espagne. A midi, à dix-huit heures. Peu importe.  Elle, qu’on annonce au Bayern de Munich, vainqueur (2-1) de Chelsea, ogre annoncé de l’autre ½ finale.

Christiane Endler, la gardienne parisienne, est tranquille. Depuis 2012, elle se balade dans le monde du football. Ses valises se sont posées en 2017 au PSG. Tous ses coaches disent que c’est la meilleure gardienne du PSG depuis son histoire. Sur BeIn sports, l’ex-internationale lyonnaise, Louisa Necib, dite « Louisa » a ses mots : « la meilleure gardienne du moment ».

Une joueuse qui ne lâche pas facilement des compliments.

Là, tranquille, elle a été là, comme un chat, sur les occasions barcelonaises qui auraient du donner but. Elle a dit « non ». (35’, 36’, 53’). Elle dort tranquille. Sans ses parades, le PSG était éliminé. Elle le sait. Ses coéquipières le savent. Son président le sait.

Pas sûr qu’elle réponde au téléphone si Léo l’appelle ce soir pour finaliser un renouvellement de contrat.

Elle est calme. Cela attendra demain. Honnêtement, elle a raison.

Lieke Martens, en 2017, joueuse barcelonaise a été élue la meilleure joueuse de l’année 2017 par la FIFA. The Best.

Lieke Martens, The Best FIFA 2017. Néerlandaise. Elégante mais pas assez présente (UEFA).

La néerlandaise, comme toutes les néerlandaises, n’est jamais la même suivant qu’elle joue en Oranje ou en club.

Là, sur le banc, certaines joueuses lui en ont voulu. Des concurrentes au poste qui voient cette jeune femme toucher des € par milliers et produire de la qualité « Bio » à l’époque des premières créations écologiques. C’est beau, c’est sympa, et au bout de 5 minutes, ca marche plus.

Si elle est Cendrillon qui aime se voir belle dans son miroir, elle dormira. Si elle est chevalière, combattant les ennemis pour sauver la patrie. Elle va prendre la télécommande et ne pourra s’endormir qu’après avoir vu la septième saison d’une série imbuvable sur Netflix.

S’il y avait un recruteur dans cette rencontre, bien qu’elle soit à huis clos. Il aurait noté la numéro 4 du Paris Saint Germain. Paulina Dudek, internationale polonaise a fait un match parfait. Excellente en défense, très utile à ses partenaires, juste dans la relance.

Voilà une défenseuse qui vaut une perle et que personne ne viendra contester. Le scout malin se retourne vers les habitués du club. Il apprend que la fille est venue en 2018 et chacun se demandait si elle avait prévu son billet retour en Pologne. Sauf que de matches en matches, de saison en saison, la jeune femme de 23 ans n’a fait que s’améliorer.

Une joueuse qui s’améliore, c’est si rare que le scout est prêt à écouter le commissaire-priseur lui faire monter les enchères. Il a là, la joueuse qui cimentera sa défense. A 23 ans, il court, et n’oublie pas les fleurs, .. avec le contrat.

La défense barcelonaise est rentrée à « la casa ». Par avion. On ne parle jamais de la défense barcelonaise, l’attaque est tellement prolifique (125 buts en championnat). Alors, elle dort. Tant mieux, cette défense est fragile. Le PSG marquera contre elle.

Elles se marrent. En lisant ces lignes. « Et, le français », pas un tir significatif en seconde mi-temps de tes parisiennes. Panos, elle n’a eu peur que sur une balle. Et encore, un truc de jeu sans incidence.

Elles ont raison.

Si le PSG n’est pas meilleur offensivement, elles ne passeront pas.

A l’inverse, si Baltimore joue mieux, si Marie-Antoinette Katoto trouve le cadre (41’, 43’), si Däbritz est plus servie par Grace Geyoro alors le Paris Saint Germain sera plus complet que le FC Barcelona.

Dans le cas contraire, les barcelonaises valideront le fait qu’elles ont été légèrement devant les parisiennes dans ce match où chacune a donné un coup à l’autre pour le mettre KO, en constatant qu’à chaque fois, il y avait une coéquipière pour compenser et repartir.

A ce jeu du « je suis plus fort que toi », Formiga a joué une prestation qui nous a montré ce que veut dire l’expérience. Au-dessus de ce rapport, elle a trouvé des angles et des transmissions d’un autre niveau.

2000 matches peut-être en calculant mieux. Des finales mondiales et Olympiques. Des échecs. Tu sais ce qu’il faut faire quand cela chauffe. 43 ans.

Une frappe révélatrice.

Barcelone n’a pas cette expérience.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Formiga arrive à 43 ans, à se trouver seule, devant son adversaire, pour envoyer du lourd.

UEFA Women’s Champions League – Demi-finaler aller
Dimanche 25 avril 2021 – 15h00
PARIS SAINT-GERMAIN (FRA) – FC BARCELONE (ESP) : 1-1 (1-1)
Saint-Germain-en-Laye (Stade Georges Lefèvre)
Match joué à huis clos (100 accrédités)
Temps ensoleillé (17°C) – Vent fort – Terrain excellent
Arbitres : Olga Zadinová (République tchèque) assistée de Lucie Ratajová (République tchèque) et Paulina Baranowska (Pologne). 4e arbitre : Monika Mularczyk (Pologne)

Buts :
0-1 Jennifer HERMOSO 13′ (Lancée sur la droite par Hamraoui, Bonmati délivre de l’angle de la surface un centre qui lobe Paredes et retombe au second poteau sur la tête de Hermoso à 4 m, Endler sort en retard)
1-1 Alana COOK 21′ (Corner côté gauche de Baltimore qui arrive sur Katoto au 2e poteau qui remet de la tête sur Cook, esseulée au premier poteau, qui conclut de la tête à 1 m)

Avertissements : Formiga 30′, Perle Morroni 52′, Irene Paredes 71′ ; Andrea Pereira 36′, María León 63′

PSG : 16-Christiane Endler ; 5-Alana Cook (7-Ramona Bachmann 73′), 14-Irene Paredes (cap.), 4-Paulina Dudek, 20-Perle Morroni ; 8-Grace Geyoro, 24-Formiga (10-Nadia Nadim 76′), 13-Sara Däbritz ; 12-Ashley Lawrence, 9-Marie-Antoinette Katoto, 21-Sandy Baltimore. Entr.: Olivier Echouafni
Non utilisées : 1-Charlotte Voll, 40-Alice Pinguet, 2-Bénédicte Simon, 18-Laurina Fazer, 22-Signe Bruun, 23-Jordyn Huitema, 25-Magnaba Folquet, 27-Océane Hurtré, 28-Jade Le Guilly

Barcelone : 1-Sandra Paños ; 8-Marta Torrejón, 17-Andrea Pereira, 4-María León, 15-Leila Ouahabi ; 14-Aitana Bonmati, 10-Kheira Hamraoui (6-Vicky Losada 84′), 11-Alexia Putellas (cap.) ; 16-Caroline Graham Hansen, 7-Jennifer Hermoso (20-Asisat Oshoala 74′), 22-Lieke Martens (9-Mariona Caldentey 74′). Entr.: Lluís Cortés
Non utilisées : 13-Catalina Coll, 25-Gemma Font, 3-Laia Codina, 5-Melanie Serrano, 18-Ana-Maria Crnogorčević, 23-Jana Fernàndez, 24-Bruna Vilamala