L’arbitre internationale française, ayant officiée en finale de la Coupe du Monde féminine 2019, star de l’idée « que les femmes en football ont leur présence », s’est trouvée hier entre bonheur et malheur.

Au top le mardi,

Le bonheur d’être sélectionnée par la FIFA comme 4e arbitre pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2021. La première sélection pour une compétition internationale masculine d’une arbitre féminine, accompagnée de son éternelle équipière, Manuela Nicolisi à la touche.

Un bonheur communiqué la veille, faisant le tour des rédactions sportives et des titres. Félicitations.

Sur la sellette le mercredi, 

Le lendemain, la francilienne est au centre du dernier 1/4 de finale de la Coupe de France entre l’OL et Monaco.

Un match où la femme, au cœur de la Ligue 1 depuis le 28 avril 2019 (Amiens – Rc Strasbourg), a donné pas moins de huit cartons jaunes et deux rouges.  Soit : Volland (1er), Ballo Toure (56e) Kovac (coach, 57e) pour Monaco ; Diomande (7e, 51e), Mendes (9e) ; Paqueta (49e), De Sciglio (57e) Depay (68e) pour l’OL.

Et pour les rouges, le coach lyonnais est invité à aller dans les tribunes dès la 23′. Le jeune défenseur central, Diomandé ira le rejoindre pour un second carton à la 51′ occasionnant l’ouverture du score monégasque sur un pénalty réussi par Ben Yedder.

Une équipe de Monaco heureuse de ce hold-up n’ayant, avant la décision de l’arbitre, quasiment jamais tiré au but. Et subissant les vagues lyonnaises.

Le jeune latéral Bart à la 12′, tête de Diomande, tir de Cornet sur l’arête de Majecki, second gardien monégasque. Trois poteaux lyonnais (Cornet, Marcelo, Caqueret) et tout le reste. La balade tactique et technique lyonnaise au Groupama Stadium, rendant incompréhensible et frustrant le (0-0) à la mi-temps.

Au final, Monaco, 3e du championnat l’emporte (0-2, Ben Yeder et Volland) sur l’OL (4e) dans une bagarre où chacun a sa chance pour aller chercher le titre dès lors qu’un des autres, fasse une erreur (Losc, PSG, Monaco, OL).

Depuis, Stéphanie Frappart (38 ans) est vilipendée sur les réseaux sociaux dont sa vocation première est de donner la parole à toutes les émotions.

A mon sens, elle subit ce que tout arbitre masculin subirait. A la différence qu’on ne peut pas demander à un homme « d’aller faire la cuisine ». Les twittos trouveraient d’autres expressions tout autant stéréotypés.

A-t-elle fait un mauvais match ? Pas plus, pas moins que d’autres.

Pour avoir suivi la rencontre, les joueurs m’ont semblé vouloir la tester.

La faute de l’allemand Volland (1′, Monaco) dès l’ouverture du jeu est sportivement comme émotionnellement, totalement incompréhensible et inutile. Ils ont voulu la tester.

Dans la foulée l’arbitre a manqué de discernement en appliquant les règles à la lettre. Elle est tombée dans le piège de la légitimité et de l’application stricte des règles. Est-ce sa récente nomination qui l’a mise dans un carcan de décisions ? Peut-être.

Fallait-il qu’elle sanctionne Paqueta (49′) d’un carton pour l’ensemble de son œuvre quand la tension était à son paroxysme. L’OL butant sur un (0-0) illégitime, d’autant que les arbitres venaient justes de refuser le but lyonnais pour un hors jeu invisible du terrain et nécessitant la VAR ?  Fallait-il qu’elle sanctionne Memphis Depay pour simulation même si la règle le permettait ? Fallait-il ? C’est peut-être là où l’arbitre devra prendre de l’expérience.

Avec un tel volume d’émotions, toutes les décisions qui ont été prises semblaient être un acharnement contre les lyonnais.

Comment expliquer autrement qu’ils contestent le pied très haut de leur défenseur Diomande, touchant à hauteur du crâne, le visage du monégasque Ballo Toure, ne pouvant entraîner qu’un pénalty logique (51′) ? D’autant qu’elle avait accordé la même chose aux américaines en finale de la Coupe du Monde 2019 … au Groupama Stadium. Un pied haut de la néerlandaise Dekker sur Alex Morgan.

A mon sens, Stéphanie Frappart a été au RDV de la règle. Elle l’a moins été au niveau de l’émotion de la rencontre, entre un 4e recevant son 3e, adversaire à venir dans cette fin de championnat. Mais ni plus ni moins qu’un autre.

Maintenant n’a-t-on rien à dire à Cornet quand il part pour recevoir la balle de Memphis Depay ? Joueur professionnel qui se laisse prendre au hors jeu tout simplement en ne regardant pas son pied quand il le pose pour son contre. Un 1/2 pied hors jeu alors qu’il n’a personne comme adversaire direct. La ligne, un sauteur en longueur le sait. Un triple sauteur le sait. Un joueur professionnel de tennis le sait. Il y a des hors jeu qui sont difficiles à empêcher. Celui-là, il est 100% pour le joueur lyonnais, d’autant que la ligne n’est pas fictive mais effective sur le terrain, en séparant les deux parties du jeu.

D’un autre côté, on a beaucoup travaillé sur cette affaire de la main dans une surface de réparation. On a beaucoup travaillé sur la position du gardien avant le tir du joueur quand un pénalty est joué. On n’a rien fait sur cette règle qui interdit au tireur d’arrêter sa course avant de tirer. Là, c’est un vrai manque. Plus de rigueur arbitrale dans ce domaine me semble nécessaire. Surtout si vous calculez le nombre de pénaltys dans un championnat.

Au bilan, il n’a pas manqué de qualités à l’OL. Il a manqué des détails professionnels à l’OL.

Peut-être que cette frustration, si elle est bien analysée, sera le moteur d’une amélioration et d’une future réussite lyonnaise en championnat ?

William Commegrain Lesfeminines.fr