RMC découverte et Sport. Dimanche 18 avril 2021. 14h00. 1/4 de finale retour Olympique Lyonnais – Paris Saint Germain. 

Les lyonnaises, bloquées depuis plus de dix jours à la maison, n’ont pas joué depuis le 27 mars 2021. Elles s’entraînent depuis peu. La cause est connue, le Covid. Quinze cas positifs au sein du club lyonnais. Un record européen. La raison pour laquelle ce match retour a été décalé et reporté. Le FC Barcelona, adversaire du vainqueur en 1/2 prendra connaissance du match avec intérêt mais sans suspense, les deux équipes lui sont connues. Les barcelonaises (avec Kheira Hamraoui) regarderont certainement la rencontre, l’aller se jouera dans la foulée (24-25 avril) pour un retour au 1-2 mai 2021.

Les lyonnaises auront donc des jambes. Le souci parisien c’est qu’elles risquent aussi d’avoir la tête.

Les américaines nous l’ont montré face, certes à de faibles bleues mais pour avoir vu le match au stade, en pratiquant un contenu de très bonnes qualités. Discutées face à la Suède, elles ont fracassé les Bleues qui semblaient, à l’œil, être dans une division bien inférieure. J’ai encore en mémoire, le dégagement en touche d’Aissatou Toukara, pris à la gorge par une américaine en fin de rencontre, venue lui disputer une récupération dans la surface française.

La joueuse de l’Atletico Madrid poussée, par la pression cherche une partenaire latérale. Personne, elle continue vers la touche espérant un mouvement. Jaurena et De Almeida la laisse passer, immobiles. La fatigue et le danger sont là pour deux nouvelles Bleues. Sans partenaire qui veuille se proposer à proximité, trop fatiguées, mentalement explosées, n’attendant qu’une seule chose, qu’elle sorte la balle. Ce qu’elle a fait. Au niveau d’un match international, entre un 1er et 3e mondial. Un fait de jeu très rare. La joueuse bute en touche comme une joueuse de rugby. Et trouve une petite touche.

Cela montre l’impact que peuvent donner une équipe championne quand elle n’accepte pas de rater deux matches consécutifs. Elles ont raté l’aller. Elles ont raté le championnat. Personne ne pourra contester le parallèle entre la force américaine et celle des lyonnaises (15 titres nationaux, sept coupes d’europe et deux finales entre 2010 et 2020).

A cela je rajouterais les deux mots qui m’avaient interpellé d’Eugénie Le Sommer, capitaine de l’Equipe de France, à la sortie de la conférence de presse : « frustration » et « montrer sa valeur ». La joueuse lyonnaise avait eu un léger rictus en les prononçant. Elle n’acceptera pas deux défaites de suite d’autant qu’elle peut s’interroger sur la capacité de ses coéquipières parisiennes non pas « à être au niveau » du Top mondial mais « à avoir le niveau » de les gagner.

Si les lyonnaises auront les jambes, donnons aux parisiennes, la tête.

Coupez le son, changez d’image. De l’autre côté, le dynamisme est là.

Les parisiennes ont fait flamber les Bleues face à l’Angleterre. Sans elles, il n’y aurait pas eu le contenu qui a enchanté tout le monde. Le trio, Baltimore, Katoto et Diani a fait des merveilles. Morroni a été essentielle à cette dynamique et Grace Geyoro a été la régulatrice de ces ambitions et volontés qu’elles comprenaient. Elles ne peuvent pas sortir de ce match sans avoir le sourire « et la pêche » pour affronter l’OL dans la foulée.

La prestation négative face aux américaines dont il faut exclure Marie-Antoinette Katoto qui, à mon sens, a été excellente sur ce que j’ai vu au Havre. Baltimore est trop jeune pour insuffler un nouveau vent aux Bleues quand il est contraire et Geyoro, on le sait, est une joueuse qui suit exactement, le niveau de l’équipe où elle évolue, en cherchant à le réguler au mieux pour l’idéaliser, sans vouloir le renverser. Donc, elles sont en droit d’être positives.

Positives, confiantes, heureuses d’autant que les autres parisiennes ont eu une dynamique de victoires dans cette semaine FIFA.

Paredes (Espagne) avec une victoire contre les Pays-Bas vice-championne d’Europe et du Monde, Lawrence et Huitema fortes de deux victoires, notamment contre l’Angleterre leur donnant de la crédibilité pour réaliser l’objectif incroyable de 3 médailles au JO à venir (Londres 2012, Rio 2016), Nadia Nadim, Endler qualifiée pour les JO.

La tête et la confiance sont avec elles. Être plus fortes que les lyonnaises, elle l’ont montré en championnat (1-0). Elles l’ont même montré à l’aller, même si le score a été défavorable sur un pénalty (0-1).

Il faudra 2 buts. L’Ol au niveau européen, ne la subit qu’une seule fois : contre Potsdam en WCL 2015. Après avoir gagné en Allemagne (0-1), elles s’étaient fait battre (0-2) à Lyon. Le PSG avait aussi gagné à Lyon (0-1) comme Manchester City. Les lyonnaises perdent rarement, mais perdent des fois à Lyon.

Ce match de Coupe d’Europe, ce sera la tête contre les jambes.

L’équipe qui aura les deux : un vrai plaisir à vivre pour elles.

Le football féminin est juste magnifique à voir quand le jeu prend sur l’enjeu ; mais il est tout autant respectable quand l’enjeu entre en jeu.

« Montrer sa valeur. »

En trois mots, voici un bon résumé de ce 1/4 retour. Pour les deux équipes : « montrer sa valeur »

William Commegrain Lesfeminines.fr