La classe est joyeuse. C’est le sentiment qui m’habite au lever après ce stage de l’équipe de France version « avenir et futur », à conjuguer pour 2023 et 2024 plus que pour 2022. Le principe d’une classe, c’est qu’elle change à chaque nouvelle année avec une dynamique totalement différente, renvoyant au passé ce qui était le présent, il y a si peu de temps.

La classe est joyeuse.

A la fin de la rencontre, elles ont toutes des sourires qui éclatent à l’écran. Et la coach l’est tout autant. Pourtant, la victoire a été difficile face à la Suisse (19e FIFA), seconde de son groupe pour l’Euro 2020 ayant laissé la première place à la Belgique. Ce ne sont pas des indicateurs de grande performance. Mais les Bleues de l’équipe de France « s’en foutent ». Elles sont jeunes. A cet âge, le passé n’existe pas. Exit les attendus des autres qui ne sont pas Elles. A cet âge, tout ton être est concentré sur ce que tu ressens. Et elles nous montrent que ce qu’elles ressentent est positif.

Il s’est passé quelque chose dans cette équipe de France qui n’a rien à voir avec le football.

Lorsque la caméra prend en gros plan Corinne Diacre et Ella Palis, on a le sentiment d’une signature à la « Lelouch », réalisateur spécialiste des émotions sans mots, donnant une vérité à ce qui est notre intuition.

Corinne Diacre au naturel est heureuse de lancer une nouvelle joueuse. Cela fait plaisir à voir cet instant de vérité. Il me revient à l’écriture les sourires vraies de Corinne Diacre au retour sur le banc de Melvine Malard, Sandy Toletti. L’envie de les saluer, de partager ce moment en ne conduisant pas l’émotion mais on la proposant. Une envie qui relève de la confiance dans son groupe, dans ce groupe. Un sentiment d’appartenance qui la libère. Idem, à la fin de la rencontre, elle est là. Heureuse. Et ces mots sur W9 au micro de Carine Galli. Tout est dans le verre à demi-plein. « Il y a des choses positives dans ce stage ». 

Cette envie du positif semble ressentie de la part de la journaliste.

Nous rappelant les conditions du stage. Une dizaine de jours avec seulement deux matches du fait de l’annulation du Tournoi de France, désistement de la Norvège et de l’Islande, cause « risque Covid ». Du temps de disponible pour créer de nouveaux liens. Totalement différents dès lors que la sélection de Corinne Diacre, les événements et les désistements ont mis à Clairefontaine des joueuses nouvelles qui respirent le bonheur d’être là. Trois mois avant, elles ne pouvaient qu’y rêver. Trois mois après, elles y sont. Chez les A. La dynamique de groupe ne peut être que positive. « Bananes » sont au RDV.

Nouveaux liens car nouvelles joueuses.

Dans ce onze de départ, seules Wendie Renard et Amel Majri étaient des titulaires lors de la Coupe du Monde 2019. On pourrait associer Charlotte Bilbault et Grace Geyoro pour les amateurs de précisions. Cela fait peu. C’est bien une nouvelle classe.

Sur le terrain, en fin de rencontre, se trouvait sur le terrain quatre joueuses du Paris Sant Germain : Perle Morroni, Sandy Baltimore, Kadidiatou Diani, Léa Khelifi. Et le jeu offensif de l’équipe de France s’est animé. Si on rajoute Eve Perisset, joueuse du PSG et capitaine la saison dernière, cela fait cinq joueuses. La moitié des joueuses de champ de l’équipe.

Amel Majri ne s’y retrouve pas. 

Sans les opposer, on ne trouvait que trois joueuses de l’Olympique Lyonnais (Wendie Renard, Amel Majri, Melvine Malard) lorsque l’arbitre tchèque a ouvert les débats. Une joueuse comme Amel Majri, percutante, présente à l’habitude ne s’y est pas reconnue dans ce onze. Elle a fait un match sur une seule jambe quand il en fallait deux en mouvement. Elle a connu ce qui arrive lorsqu’on se détache d’un groupe professionnel. On est là, on fait le job mais quelque chose au fond de nous refuse de nous y impliquer, on s’y restreint. C’est le frein qui ressort quand on ne ressent pas un sentiment d’appartenance au groupe. On a l’envie de se décaler.

La raison ou les raisons ? Un groupe trop jeune où elle ne se reconnait pas. Les jeunes sont très respectueux de la hiérarchie quand ils sont peu nombreux. Ils sont indifférents à la hiérarchise quand ils sont en groupe. Ils vivent entre eux. Sourient entre eux. Echangent sans mot entre eux. J’imagine que c’est la première raison. Celle du quotidien, celle du stage. La seconde, c’est que le niveau n’y est pas. Et Amel Majri ne veut pas s’associer à ce niveau qu’elle juge inférieur. Qu’elle ressent inférieur. A juste raison. Donc, psychologiquement, elle prend la « tangente ».

Un ressenti personnel réconforté par l’attention incroyable qu’elle portait aux coups francs qu’elle jouait. Enfin, là elle est là. C’est son job. A elle. Un fait de jeu totalement individuel où elle peut marquer sa différence. Elle s’y reconnait, s’y identifie et s’y fait identifier par les autres. Là dans ce moment, elle a envie de redevenir la joueuse du Top 10 mondial. A la mi-temps, elle sera sortie par Corinne Diacre.

La performance n’y est pas.

Face au 19e FIFA, le 3e mondial doit sortir autre chose. C’est un jugement factuel. Après les deux rencontres jouées par l’Equipe de France, en constatant les quatre buts marqués par des joueuses défensives dont trois par Wendie Renard (défenseure centrale) et le peu d’occasions dans le jeu obtenus devant une équipe faible offensivement et seulement concentrée défensivement, on doit en tirer la situation suivante : la France joue comme une équipe après le Top 10 mondial. Imaginons simplement que Wendie Renard soit moins performante.

A ce titre, soyons « fans » du moindre but marqué ; regardons les Bleues comme des jeunes qui font une performance en gagnant une rencontre, sans garantie de la garantir. Un but sera la performance.

Oublions le passé. Soyons jeunes si on a envie de suivre les Bleues dans ces quatre années.

William Commegrain Lesfeminines.fr

PS : tout ceci relève de l’interprétation. A prendre donc comme un sentiment.

Match amical
Mardi 23 février 2021 – 21h10
FRANCE – SUISSE : 2-0 (0-0)
Longeville-lès-Metz (Stade Saint-Symphorien)
Temps dégagé (12°C) – Terrain excellent
Arbitres : Olga Zadinová (République tchèque) assistée de Lucie Ratajová (République tchèque) et Nikol Šafránková (République tchèque). 4e arbitre : Maïka Vanderstichel (France)

Buts :
1-0 Wendie RENARD 77′ (Coup franc excentré à gauche à 25 m enroulé du droit par Périsset qui trouve la tête de Renard à 5 m du but qui s’impose dans le duel aérien face à Widmer)
2-0 Wendie RENARD 90+1′ s.p. (Faute sur Diani. Penalty frappé par Renard du droit dans le petit filet sur la gauche de la gardienne partie du bon côté)

Avertissements : Ramona Bachmann 47′, Marilena Widmer 85′, Vanessa Bernauer 85′ pour la Suisse

France : 21-Pauline Peyraud-Magnin ; 2-Eve Périsset, 5-Aïssatou Tounkara, 3-Wendie Renard, 23-Perle Morroni ; 18-Clara Matéo (20-Delphine Cascarino 46′), 6-Sandie Toletti (24-Ella Palis 84′), 14-Charlotte Bilbault (cap.), 10-Amel Majri (15-Sandy Baltimore 46′) ; 8-Grace Geyoro (27-Léa Khelifi 64′), 12-Melvine Malard (11-Kadidiatou Diani 64′). Entr.: Corinne Diacre
Non utilisées : 1-Solène Durand, 16-Mylène Chavas, 26-Constance Picaud, 4-Marion Torrent, 7-Sakina Karchaoui, 19-Estelle Cascarino, 22-Elisa De Almeida

Suisse : 21-Seraina Friedli ; 16-Thaïs Hurni, 15-Luana Bühler, 2-Julia Stierli, 19-Eseosa Aigbogun (4-Rachel Rinast 67′) ; 22-Vanessa Bernauer, 13-Sandrine Mauron (11-Coumba Sow 82′) ; 17-Svenja Fölmli (5-Lara Marti 67′), 18-Riola Xhemaili (23-Marilena Widmer 62′), 6-Géraldine Reuteler (14-Rahel Kiwic 62′) ; 10-Ramona Bachmann (cap.). Entr.: Nils Nielsen
Non utilisées : 1-Gaëlle Thalmann, 7-Sandy Maendly, 8-Irina Brütsch, 20-Camille Surdez