L’exploit a été réalisé pour les joueuses du Paris Saint Germain, un Vendredi soir dans un Parc des Princes mythique mais vide, raison Covid.

Tant de larmes parisiennes ont perlé en constatant l’OL prendre les devants depuis 2013 et les sempiternelles face à face entre ces deux leaders français. On se souvient de celles de Grace Geyoro, en 2017, pour une seconde défaite aux tirs au but parisiens, à la lutte d’une finale européenne.

A chaque rencontre serrée, finale de Coupe de France, Coupe d’Europe, championnat ; la bascule était lyonnaise. Le pire était même arrivé avec une première place le 17 décembre 2016 (1-0, Marie -Laure Delie) au Camp des Loges pour revenir début Janvier avec quatre points en moins, sur une faute technique face à Albi. Kierdzynek, la gardienne polonaise du PSG de l’époque avait fait un tweet incrédule sur cette situation.

L’exploit d’Olivier Echouafni

Un exploit anonyme mais un exploit qui pourrait en ouvrir d’autres, vers d’autres coaches de la D1F. L’ex-sélectionneur des Bleues (2017) est le premier coach non-lyonnais à gagner face à l’Olympique Lyonnais. Un domaine réservé à Farid Benstiti (deux victoires, une en championnat ; l’autre en Coupe d’Europe) et Patrice Lair (2016-2018), vainqueur de l’OL en 2016.

L’exploit était d’autant plus fort que ces deux anciens coachs du PSG, Patrice Lair (2016-2018) et Farid Benstiti (2012-2016), anciens aussi de l’OL, avaient pris faits et voeux quant à la victoire de l’Olympique Lyonnais au PSG sur la chaîne OLTV.

Une victoire qui relève de l’exploit à plusieurs titres ; puisque que c’était le 80e match de l’OL sans défaite en championnat et le 73e, toutes compétitions confondues. Mais une victoire qui n’était pas imprévisible. Seulement la 6e défaite de l’Olympique Lyonnais depuis sa main mise sur le championnat (2007) soit en 311 matches … mais dont les trois dernières ont toutes été l’oeuvre du Paris Saint Germain féminin.

Une victoire parisienne avant d’être une défaite lyonnaise.

Les parisiennes ont très rarement débordé les lyonnaises. Athlétiquement, les septuples championnes d’Europe vont plus vite que leurs homologues parisiennes. C’est donc ailleurs que la décision s’est faite.

La force parisienne a été d’être bien plus fortes sur tous les ballons à disputer à leurs adversaires, trouvant le souffle et la volonté de s’opposer -à deux-, à trois, à toutes constructions olympiennes adverses. Une telle détermination qui a limité à quelques unités la verticalité du jeu lyonnais ; dans un football où on sait que c’est dans ce domaine que les décisions se font dès lors que l’opposition est d’égale valeur.

Une force collective incroyable est surgi de ce groupe de onze joueuses face à des adversaires qui leur avaient fait couler plus d’une fois des larmes de tristesse, de frustration et d’injustice. Aujourd’hui, Christiana Endler, Ashley Lawrence, Irène Paredes, Paulina Dudek, Perle Morroni, Grace Geyoro, Luana, Sarah Dabritz, Kadidiatou Diani, Marie-Antoinette Katoto, Sandy Baltimore ont été les justicières de leur passé.

Ce sont elles qui ont mis la barre de la détermination à une hauteur trop élevée pour que les lyonnaises puissent s’y opposer. Olivier Echouafni a senti que cet exploit était possible. Il leur a proposé un plan de jeu ambitieux, en allant les chercher haut, qui se traduit, d’habitude, par un sévère (0-5) lyonnais.

L’histoire a été toute différente et en cela, elles ont réalisé un exploit dont elles ne peuvent qu’être fières. Toutes ont joué pour ne pas faire de fautes et pour aider l’autre. Un plan réussi à merveille, demandant une efficience extrême : ce fut le but de Marie-Antoinette Katoto, plein de subtilité et dans un silence de cathédrale, a franchi une ligne fatale, prenant à contre pied Kadeisha Buchanan. (11′).

Elles ont su marquer. Elles ont su conserver. Un programme de champion.

La défaite lyonnaise

Les partisans lyonnais, et il sont nombreux, diront que cette défaite n’est pas inquiétante tant elle se comprend du côté du Rhône par des insuffisances dramatiques dans la construction du jeu. Wendie Renard le disait à la sortie de la rencontre : « C’est le néant. Paris mérite leur victoire. Tous nos contrôles allaient vers l’arrière, on a plein de choses à rectifier. »

Au contraire, cette défaite est très inquiétante car elle montre que le jeu lyonnais, à vouloir assurer de la sérénité et de la sécurité, s’est embourgeoisé à tel point qu’il n’a pas trouvé de forces mentales pour répliquer à la domination parisienne.

Une chance d’ailleurs que le score n’ait pas évolué plus haut ; tant il aurait été possible qu’il le soit et alors la mission retour aurait demandé un exploit lyonnais, à Lyon, là où tant de fois, le PSG a réussi à s’imposer. Le coup de grâce n’a pas été donné. Il n’était pas loin qu’il puisse l’être.

Une désolation de tirs des championnes d’Europe avec un seul coup franc cadré et des demandes perpétuelles, dans les 10 dernières minutes de jouer sur Wendie Renard, devenue avant-centre, faisant mettre le costume de l’incompétence aux attaquantes sur le terrain ?

L’Olympique Lyonnais a marché sur la tête ; faute de se l’être mise dans le bon sens depuis quelques temps.

La défaite amère de l’Olympique Lyonnais.

Twitter relève rapidement les propos d’après-match. On ne peut qu’être surpris de ceux de Sarah Bouhaddi, la gardienne de l’Olympique Lyonnais, qui précisait «  »Est-ce qu’elles sont capables de faire ces performances contre les autres équipes, on va voir » en conférence de presse d’après-match.

Encore une erreur de regard. Voir les autres en oubliant de se voir.

Du côté parisien, Kadidiatou Diani et ses comparses, à la sortie du match n’ont eu qu’un mot : « le championnat est long ». Ce Paris Saint Germain est fort parce qu’il prend son plaisir au moment où il le doit le prendre, en le méritant. Sans aller plus loin mais en ayant la force de celles qui avancent.

Et il est vrai que les résultats actuels du PSG donnent crédit à cette victoire parisienne et au leadership du championnat. Qui de l’extérieur avec 37 buts marqués en 9 journées, un seul but encaissé sur la première journée contre Guingamp ; trois joueuses parmi les quatre meilleures buteuses du championnat, Katoto, Diani, Nadim ; la meilleure défense et la meilleure attaque pourrait contester que le PSG mérite la tête du championnat ?

Personne et encore moins l’OL si elles n’améliorent pas leurs statistiques (3 buts encaissés, 28 buts marqués). Ce qui dans le système de jeu actuel, ne sera pas si facile. L’Olympique lyonnais a besoin de bien plus de vitesse que de réflexion. Ce soir, elles n’en avaient pas faute des joueuses du PSG qui les en ont empêché.

La bonne question lyonnaise, après ce match, serait de se demander de revenir au niveau requis. Et, Sarah Bouhaddi devrait aussi se poser la question de savoir si les autres équipes ne vont pas aussi les attaquer sur cette grande faiblesse, devenue quasiment structurelle. Il y a eu Dijon, il y a eu Reims, il y a eu d’autres matches et il y aura d’autres matches ; d’autant que le niveau de la D1F s’est relevé, homogénéisé, et que le défaut de confiance et de certitude des adversaires lyonnais pourrait très bien s’éteindre à la lecture de ce que les parisiennes ont montré.

Au bilan de cette 9e journée, le Paris Saint Germain est devant car elles possèdent les statistiques qui le justifient.

D’un autre côté, le bilan pour les Bleues est délicat. L’Equipe de France perd certainement Eugènie Le Sommer (élongation) ; peut-être Marie-Antoinette Katoto et devra se poser des questions sur Grace Geyoro, Delphine Cascarino et Kadidiatou Diani.

Pas simple le prochain match contre l’Autriche du 27 novembre 2020.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Vendredi 20 novembre 2020 – 21h00 (Canal +)
PARIS SAINT-GERMAIN – LYON : 1-0 (1-0)
Paris (Parc des Princes) – huis clos
Arbitres : Maïka Vanderstichel assistée de Jennifer Maubacq et Clothilde Brassart. 4e arbitre : Alexandra Collin

1-0 Marie-Antoinette KATOTO 11′ (Récupération au milieu de Diani, qui accélère et sert Katoto en profondeur, entre dans la surface, élimine Bouhaddi par la droite et trouve le cadre de 10 m d’un tir écrasé du droit prenant à revers Buchanan qui revenait défendre)

Avertissements : Lawrence 16′ ; Kumagai 14′, Henry 60′, Renard 72′

PSG
Endler ; Lawrence, Paredes (c), Dudek (Cook 69′), Morroni ; Geyoro, Luana (Formiga 86′), Däbritz ; Diani, Katoto (Bruun 76′), Baltimore
Banc : Voll (G), Cook, Bachmann, Nadim, Bruun, Huitema, Formiga

Lyon
Bouhaddi ; Carpenter, Buchanan, Renard (c), Karchaoui ; Henry, Kumagai ; Cascarino (Malard 83′), Marozsan, Majri (Gunnarsdottir 69′) ; Le Sommer (Parris 29′)
Banc : Gallardo (G), Bacha, Gunnarsdottir, Parris, Cayman, Taylor, Malard