La sélection de Corinne Diacre était attendue. C’est le moins que l’on puisse dire voire le moins qu’on pouvait en attendre. Une vidéo-conférence faite à distance, autour de journalistes professionnels travaillant dans les médias nationaux, habitués des questions à poser – qu’elles conviennent ou pas – ; ce qui a donné un échange de qualité.

Une prise de parole que chacun pourra retrouver sur le site de la FFF, et dont la sélectionneuse a voulu lancer le débat après une introduction personnelle, en réponse à la page de couverture de l’Equipe, qui posait la question : « Peut-elle tenir ? »

Sa réponse est celle d’une sportive de haut niveau qu’elle restera toujours. Plus l’opposition est forte, moins l’envie de sortir est présente. Ces gens-là n’ont qu’une seule idée en tête : « Never give-up ! ». Ce sont des gens à part.

Corinne Diacre et son introduction : « À la question posée ‘‘Peut-elle tenir ?’’ La réponse est oui. Je veux rassurer tout le monde, je n’ai jamais été aussi motivée dans le cadre de mes fonctions pour aller chercher cette qualification pour le prochain championnat d’Europe. On serait alors la 3e équipe de France à disputer l’Euro après les Bleus de Didier Deschamps et les Bleuets de Sylvain Ripoll. Le football français a besoin de ce réconfort, dans cette période-là, les supporters ne demandent que cela. Voilà pourquoi nous avons besoin d’une bonne attitude générale, de sérénité et d’ambition. J’ai entendu les déclarations critiques mais le moment n’est pas venu.  Nous réglerons les problèmes les yeux dans les yeux. Le Président Noël Le Graët l’a dit, il faut arrêter avec tout ça. La première réponse, c’est le terrain pour aller chercher cette qualification. Je reste debout, je suis soutenue par mon Président et des joueuses également. J’ai entendu les déclarations de certaines, il faudra régler des choses mais la priorité, c’est le match à venir. »

« Never Give Up ».

Pourtant, Corinne Diacre pourrait être la sportive de haut niveau à avoir eu le plus de couverture et d’articles après son intronisation à Clermont, l’affaire Wendie Renard, la Coupe du Monde 2019, et maintenant la médiatisation de l’intervention d’Amandine Henry.

Dans ce cadre, avec le soutien de Noël Le Graet et de certaines joueuses de l’Equipe de France, elle part tête baissée dans un objectif essentiel : « la qualification pour l’Euro 2022 » proposant une réflexion stratégique à ses ou son partisan, Noël Le Graet : « avoir trois équipes nationales qualifiées pour les trois euros en jeu, masculin avec les A de Didier Deschamps, féminin et celle de Sylvain Ripoll ».

Sa sélection reprend donc celles précédentes avec le retour d’Amandine Henry, la confirmation de son capitanat, la présence d’Eve Perisset remise de la Covid-19, l’introduction d’Emelyne Laurent au lieu et place de Valérie Gauvin, blessée, et les confirmations de Romane Munich comme 3e gardienne, Elisa De Almeida qui tisse tranquillement sa toile et la soeur jumelle de Delphine, Estelle Cascarino.

Le message est clair : c’est avec ce groupe qu’elle veut se qualifier. Dans un univers aussi tendu qui doit apprendre à regarder autrement, la fidélité est de mise. Les places seront difficiles à prendre pour les autres. On a entendu la sélection de Maeva Clemaron, très peu jouée en Angleterre et donc potentiellement non-sélectionnable, mais qui assure à la sélectionneuse, une fidélité de mise en cas de besoin au milieu de terrain.

D’autant que les questions embarrassantes n’ont pas manqué. Logiquement. Jusqu’à l’éventualité d’un non-match de certaines lors de face à face avec l’Autriche du 27 Novembre 2020 ; voire de la dramatisation excessive de cette rencontre compte tenu des conditions de qualification de l’Euro faciles pour la compétition à venir. Les meilleurs seconds seront du parcours, ce que ne peut manquer d’être pour la France après son carton contre la Macédoine du Nord.

La réponse de la sélectionneuse nous montre qu’elle a intégré ce risque. Elle choisira « les meilleures pour cette rencontre ». D’où les 23, ces 23.

La nouvelle intervention de Sarah Bouhaddi, heureuse ou malheureuse ?

Tout le véritable débat sera la gestion après coup de ce drame en plusieurs actes et rebondissements, dont l’étonnante proposition de Sarah Bouhaddi sur le Late Football Club, de reprendre du collier si la sélectionneuse venait à la reprendre.

Une erreur stratégique forte diminuant la crédibilité des interventions des joueuses précédentes, posant le problème sur des ressentis individuels proches de la cour d’école « elles ne m’a pas adressé la parole pendant les 10 jours du stage » quand elles ont posé une question qui remettait en cause des principes structurels forts et qui pouvait s’entendre.

Mais une question tellement sensible qu’elle renversait, comme une lame de fond, l’image d’un football féminin positif, la renvoyant à celle d’un football « de filles ». Avec les stéréotypes qui vont avec.

Lançant les médias professionnels sur un débat juste mais formulés sur des causes « risibles » puisqu’internes et qu’ils découvrent, par trop personnelles.

Une situation qui ne pourra que les mettre en alerte avant de prendre, ou reprendre, le flambeau du football féminin qu’ils ont très largement promu.

D’autres sports existent, d’autres histoires à raconter. Le football en entend parler avec Canal+ qui ne manque pas de préciser la force nouvelle de la Formule 1 sur ses antennes. Posant la très bonne question à la LFP : « est-ce le sport qui fait l’audience ? Ou est-ce le diffuseur qui fait la réussite médiatique d’un sport ? ».

Une question « très diplomatique » auquel il faut mieux, bien réfléchir avant d’y répondre.

Reste la question des conseillers. Un désert dans ce milieu par manque de professionnalisme et d’expérience. On a le sentiment que les choses se sont faites par WhatsApp, sur des ressentis répétitifs, sans se poser la question : « Nous ne sommes pas au centre du problème. Le centre du problème, c’est l’institution ».

Enfin, tout cela aura eu le mérite de lever des lièvres. En espérant que le chemin à venir soit éclaircie de choses positives, communes, partagées et vécues pour avancer. Car, sans aucun doute, la France ne joue pas la 3e place mondiale. Elle doit agir avec humilité et envie de mieux faire et surtout de faire mieux.

Dans ce cadre, où chacun doit agir de manière professionnelle, la sélection est la suivante :

  • Gardiennes : Solène Durand, Romane Munich, Pauline Peyraud-Magnin
  • Défenseures : Estelle Cascarino, Elisa De Almeida, Sakina Karchaoui, Perle Morroni, Eve Perisset, Wendie Renard, Marion Torrent, Aissatou Tounkara.
  • Milieux : Charlotte Bilbault, Maeva Clemaron, Kenza Dali, Grace Geyoro, Amandine Henry, Amel Majri.
  • Attaquantes : Viviane Asseyi, Delphine Cascarino, Kadidiatou Diani, Marie-Antoinette Katoto, Emelyne Laurent, Eugènie Le Sommer.

Matches à venir : France-Autriche (vendredi 27 novembre au stade de Roudourou de Guingamp, 21h00) et France-Kazakhstan (mardi 1er décembre au stade de la Rabine de Vannes, 21h00)

William Commegrain Lesféminines.fr