Dans ces récents propos livrés à la presse à la veille d’Autriche-France (ce soir sur W9, en direct à 21 heures), on peut comprendre toutes les raisons de l’incompréhension entre la sélectionneuse française et une partie de la population, habituée du football féminin.

A la question « Est-ce le rendez-vous le plus important depuis le Mondial, celui qui va permettre de jauger la progression de l’équipe ? » La fin de sa réponse est la suivante « Je ne sais pas si ça permettra de jauger l’évolution de l’équipe, l’important c’est de gagner. On ne va pas être jugé sur la qualité du jeu, vous le savez autant que moi. On peut bien jouer et perdre, et qu’est-ce qu’on retiendra, qu’on a bien joué ou qu’on a perdu ? »

Le quiproquo est là.

Les habitués du football féminin savent très bien que les Bleues, 3e mondial, doivent battre l’équipe d’Autriche, 27e FIFA qui n’a jamais participé à aucune Coupe du Monde ni JO et dont le meilleur résultat est d’avoir pris la tête du groupe de la France, lors de l’Euro 2017. Une équipe française en difficulté pendant cette période.

Même en difficulté, l’Euro passant à 16, les trois meilleurs seconds des groupes (9) sont directement qualifiés. La France, avec ses résultats, en faisant partie. Il y a un risque minime de non-qualification ou alors c’est un tsunami. Et on ne gère pas une équipe en pensant à un tsunami.

Les habitués du football féminin veulent du jeu pour être sécurisés.

Corinne Diacre ne croit pas au fait que les commentaires des acteurs significatifs du football étaient négatifs sur la prestation de son équipe au Mondial 2019 en France. De mes yeux vus dans la salle de presse immense que créé un Mondial, qu’il soit féminin ou masculin, j’ai vu une signature biblique de la presse écrite, un éléphant du monde de la radio, des directeurs de Canal+, s’arracher les cheveux devant la prestation des Bleues, à la mi-temps de la rencontre contre la Norvège.

Réellement, chacun y allant de son émotion. Quinze minutes d’un briefing informel sur un désastre visuel et émotif concrets qu’ils ressentaient. Chacun mesurant l’investissement et son retour.

Les non-habitués, plus nombreux, ne sont pas intéressés par ces détails. Ils viennent au football féminin en passant. Ils prennent l’information du coin de l’oeil, retiennent la victoire, et passent à autre chose.

C’est là où Corinne Diacre commet son erreur. Les habitués du football féminin et du sport veulent du beau jeu sachant que l’équipe ne peut pas perdre. Ses risques de défaites sont minimes. Et s’ils existent, il ne faut pas les réduite à néant mais les prendre en compte comme élément du jeu.

Le football féminin n’est pas au niveau du football masculin. Le beau jeu prime aux risques d’un mauvais résultat car il répond à des enjeux.

Corinne Diacre (46 ans) est ancrée dans une autre philosophie. Seul le résultat compte. Par exemple, sa réaction sur le 11-0 contre la Macédoine du Nord porte totalement sur l’ampleur du résultat et beaucoup moins sur les limites de l’adversaire. Elle a encore tout de la sportive de haut niveau qu’elle a été (1993-2005, 121 sélections). Ses concessions à cette philosophie de vie sont minimes quinze ans après avoir mis fin à sa carrière.

C’est tout le quiproquo de son histoire avec les aficionados et partenaires du football féminin.

William Commegrain Lesfeminines.fr

A son crédit, Silvia Neid (Ger) et Pia Sundhage (Sue) ont pris l’Or et l’Argent aux JO de Rio ainsi. Sarina Wiegman (Pays-Bas) a gagné l’Euro 2017 en jouant un beau jeu qui lui a permis d’aller en finale du Mondial 2019 en France quand les USA ont gagné le Mondial 2019 en jouant sur les défauts de leurs adversaires.

Groupe G de l’Euro 2022

Groupe G

Joués Victoires Nul Défaites BP BC Différence de buts Points

France

5 5 0 0 28 0 28 15

Autriche

5 5 0 0 21 0 21 15

Serbie

7 4 0 3 21 11 10 12

Macédoine du Nord

7 1 0 6 5 38 -33 3

Kazakhstan

6 0 0 6 2 28 -26 0