Les deux matches de l’Equipe de France ont été à l’opposé de ce qui peut être produit en terme de contenu. Le premier, face à la Serbie a montré une équipe décevante collectivement, jouant sans entrain ni percussions constantes, dans un dispositif original avec cinq joueuses offensives dépendant de la transmission d’une Charlotte Bilbault, sentinelle, qui prend de plus en plus d’importance dans le jeu français.

Une pluie de critiques et de déceptions s’est abattue sur les Bleues et même les principaux supporters des choix de Corinne Diacre n’ont pas osé contredire, espérant que les mots n’aillent pas plus loin que ceux qu’ont l’habitude d’entendre les dirigeants et décideurs de football, soit le Comex de la fédération, décideur du sort des sélectionneurs.

Comme de coutume, les difficultés de la sélectionneuse avec certaines cadres de la sélection sont médiatiquement ressorties, notamment sur l’Equipe, sorte de registre officiel français, laissant traces indélébiles des difficultés ou qualités des uns et des autres.

La seconde opposition, certes grandement facilitée par des absences nombreuses (7 Covid et 5 titulaires) au sein de l’équipe de la Macédoine du Nord, a donné un tout autre ton.

Conservant le même principe, avec une équipe animée par Charlotte Bilbault mais dont a pu noter que la consigne donnée par Corinne Diacre avait été scrupuleusement respectée, soit des transmissions rapides, puissantes entre les joueuses pour empêcher les adversaires de monter « un ou plusieurs bus » devant les Bleues, avec une continuité perpétuelle dans le processus, de telle manière à en faire un style de jeu et non pas la gestion d’un temps fort pour qu’il devienne ensuite un temps faible.

Rapidement, en imaginant ce qui pourrait être entendu sur le bord d’une rambarde de football, éviter le mode « peinard » et appuyer « sur le champignon » sans se préoccuper de la qualité technique de l’adversaire mais en se démarquant à tout moment dans des triangles clairs et précis.

A ce jeu, le tissu macédonien a craqué. Cela a donné sept buts et de la confiance à un groupe qui reste soudée malgré les tentatives nombreuses de le remettre en question.

C’est le premier enseignement de ces deux rencontres.

Pas inutile dans le cadre du prochain face à face avec l’Autriche (27 Octobre Autriche-France ; 27 Novembre, France-Autriche) qui décidera certainement de la première place du groupe G, qualificative directement pour l’Euro 2022, joué en Angleterre dans le courant du mois de Juillet.

Un plat qui sera précédé « d’un apéritif plaisant » puisque la semaine d’Octobre débutera par la réception, en France, de la Macédoine du Nord. On imagine la confiance nécessaire aux challenges, à portée de mains.

Le second concerne l’utilisation de la jeunesse des Bleues avec le maintien d’Estelle Cascarino (Bordeaux, 23 ans, 3 sélections), appelée de dernière minute suite au forfait de Wendie Renard et d’Elisa de Almeida (Montpellier, 22 ans, 3 sélections). Elle a pu juger de leurs qualités d’adaptation et de gestion des situations même si les adversaires ne présentaient pas de difficultés majeures pour deux titulaires de la D1F Arkema.

De la même manière, Melvine Malard (OL, 20 ans), appelée aussi de la dernière heure puisque prise dans l’Equipe de France U20 de Gilles Eyquem, a su jouer la carte de l’enthousiasme et de l’envie qui convient toujours à une sélectionneuse qui cherche une dynamique positive dans un groupe.

Un bilan fait d’enseignements.

Les Bleues, disséquées par une France spécialisée en football féminin, toujours « coincée » entre les performances européennes et mondiales de l’Olympique Lyonnais (sept titres européens) et les résultats limités des Bleues en compétition internationale (ne dépassant pas les 1/4 de finale depuis 2013) présentent une équipe moins forte que sa 3e place mondiale, nouvelle dans ses lignes, prête à perdre des cadres s’il le faut, et qui joue ses matches pour les gagner, même si le contenu n’est pas flamboyant.

A l’évidence, les choix de Corinne Diacre sont faits et ce serait littérature inutile que de rappeler les absences de Kheira Hamraoui (FC Barcelone), Claire Lavogez (Bordeaux), Aurélie Kaci (Real Madrid), plutôt à leurs avantages dans leurs clubs et championnats respectifs.

De la même manière, Corinne Diacre est bien en place et son choix stratégique d’agent, Jean-Pierre Bernès au lieu et place de Sonia Souid qui l’avait accompagnée à Clermont et pour le poste de sélectionneur en 2017, montre qu’elle a une bonne vision des cartes qu’il faut avoir en mains pour naviguer dans le milieu professionnel du football.

Jean-Pierre Bernès ayant été – ou étant encore – l’agent de Laurent Blanc (coach), récipiendaire d’une belle indemnité de 22 millions d’euros du PSG, quelques mois après avoir renouvelé un contrat avec le PSG qui s’était brusquement arrêté.

Une sélectionneuse que Noël Le Graet a confirmé sur le plateau de Téléfoot, deux jours après la rupture entre Sarah Bouhaddi, la gardienne des Bleues, et Corinne Diacre. « Elle n’est pas en danger. Je l’aime bien, elle a du caractère. Son métier n’est pas facile, et la communication n’est pas ce qu’elle préfère, a reconnu le président de la FFF. Mais elle fait bien son boulot, elle a beaucoup de coeur. Je rappelle que la France est 3e mondiale. »

Une semaine FIFA riche d’enseignements qui n’empêchera pas les Bleues de jouer une partie difficile dans les deux mois à venir : Octobre et Novembre, par deux fois face à l’Autriche, seront les juges de paix de la qualité de leurs prestations.

William Commegrain Lesfeminines.fr