Les trois points. Ni plus, ni moins. L’expression est consacrée. La sorosité perpétuelle des féministes du football féminin nous donne tranquillement, la première source de sa longue promenade commencée avec l’annonce de l’obtention de la Coupe du Monde 2019, soit en 2015 et arrêtée, faute d’objectifs atteints, dans un « bis-repetita« , en 1/4 de finale de la compétition, avec des matches qui ont eu du mal à donner des frissons aux observateurs professionnels du football.

« Argent trop cher ? »

Elles auraient du nous le dire avant les filles. Qu’elles étaient intéressées par l’argent et le monde du football plutôt que par le beau jeu. On n’en serait pas à attendre des remontées flamboyantes, signées demi-finale de la Coupe du Monde en 2011.

Toutes se sont battues pour avoir plus et mieux. Ce qu’elles ont obtenu. Sauf que le jeu, le spectacle, lui est resté au stade d’un défilé russe ou chinois le jour d’une fête nationale. Rigoureux, rigoriste, précis mais sans ces flammes qui font qu’on se retourne sur une femme.

Un BEPF qui devrait ouvrir une formation « liberté de jeu ! »

Normal, le budget des sections, en se mariant avec les clubs professionnels, ont explosé. Les coaches issus et formés au monde masculin, n’ont plus ignoré ce football où les promesses de salaire égalaient, pour certains, une bonne Ligue 2 sans en avoir les contraintes en enjeux. Imaginez retrouver une Sandrine Mathivet et son explosivité au bord d’un terrain ? Imaginez revoir un Bruno Bini, laisser les joueuses imaginer leur jeu au bord d’un terrain ? Même Patrice Lair, diplômé du BEPF, pourrait se retenir. Une retenue exceptionnelle à nos yeux, et pourtant pas suffisante dans le football professionnel masculin, après ses expériences à Niort (L2) et Guingamp (L2).

Le football d’instinct des joueuses, devenu salariées des clubs, -pour des montants consistants (de 5.000 à 40.000 € mensuel) si on prend l’exemple des Bleues, s’est mis au garde à vous des consignes des professionnels de la stratégie, estampillés BEPF, cultivés et éduqués pour un football masculin.

Et le jeu, auparavant aux mains des joueuses, est devenu l’apanage de la réflexion des coachs, tous dans une dynamique similaire, venu d’un autre univers, le football masculin, où les capacités techniques et physiques des joueurs, lui confèrent toujours, la notion de spectacle. Ce qui n’est pas le cas en football féminin.

Moins de vitesse, moins d’explosivité ; moins de qualités techniques dans les passes en mouvement ; moins d’efficience dans la réussite des occasions. Les joueuses ne sont pas au même niveau, tout simplement. Rien de discriminant. Une simple réalité que la sorosité excessive des communications et médias a volontairement voilé, faisant se conduire le football féminin comme une Formule 1 quand elle est dans le domaine de la Course de côte. Une conduite au feeling à chaque instant.

Il y a de l’argent à prendre. Effectivement. Il y en a pour l’instant. Le football féminin est une voie d’emploi.

Salariées, toutes et tous payés. On fait le job. Sauf que le sport professionnel demande du spectacle. Et là, de la manière dont le football féminin est transformé – voyez la différence du Final 8 avec le football masculin – je ne vois pas pour quelles raisons il deviendrait professionnel ?

S’il plait aux normes des coaches. Dans le pays de la Liberté et des différences. Dans celui qui a fait sortir des Platini, Zidane, Giresse, comme identité nationale. A quand le spectacle ?

A la relecture -cela m’arrive rarement- je me souviens de la levée de boucliers contre l’initiative d’Elisabeth Loisel de créer un diplôme réservé au football féminin ! Féminisme, LGBT, rumeur, réalité, sorosité ; toutes y sont allées de leurs écrits. Je pensais qu’elle avait raison. Encore plus maintenant.

A quand le spectacle. On verra.

Le résumé du match : Dans un groupe G où les Bleues sont annoncées comme favori pour la première place qualificative à l’Euro 2022, avec un adversaire à maitriser, l’Autriche ; les joueuses françaises ont remporté le match à l’extérieur (0-2), sur un csc de la latérale Frajtovic et le 9e but d’Amel Majri pour sa 58e sélection.

Corinne Diacre avait demandé à ses joueuses de marquer dans le premier quart d’heure, ce qu’elles ont fait, la remerciant de la consigne devant la difficulté ensuite à se créer des occasions significatives, et donc à les traduire en buts. Les joueuses de football féminin ayant besoin -en général- d’un certain nombre d’occasions pour les traduire au score.

Une Serbie (41e FIFA), classée d’autant plus loin dans le classement mondial qu’elle est capable de rencontrer de meilleures équipes quand, pour les équipes africaines et d’Amérique du Sud, la situation est inverse. Attribuant une position éloignée qui ne correspond pas au niveau pratiqué. Faute d’adversaires à gagner donnant des points ou de fédérations ayant les moyens d’assurer des déplacements en Europe, siège essentiel du Top 20 mondial.

Un jeu où chacune a joué son jeu dans un rôle nouveau pour le milieu de terrain qui aurait dû se transformer en attaquantes avec Eugènie Le Sommer, relayeuse à gauche et dix dans le jeu ; et Marie-Antoinette Katoto à sa droite. Corinne Diacre basant son jeu sur la force de Charlotte Bilbault pour récupérer les ballons et les donner à un ensemble de cinq joueuses à caractères offensifs. (Eugènie Le Sommer, Marie-Antoinette Katoto, Amel Majri, Kadidiatou Diani, Delphine Cascarino).

Les joueuses serbes ont eu l’intelligence collective de ne pas se livrer dans la profondeur au milieu de terrain, au risque de perdre un duel qui aurait crée une brèche, mais de couper les trajectoires latéralement, ce qui a toujours donné, le même volume de joueuses adverses -six ou sept- dans les 15 mètres de cet espace qui devait créer le danger.

Les Bleues, en manque de percussion, ont donc toujours eu plusieurs joueuses adverses dans leur champ de vision. Le jeu s’est latéralisé assez loin des buts et de la surface adverse. Seule, la vitesse de Delphine Cascarino a pu faire la différence, créant ainsi l’occasion qui a donné le deuxième but français quand le premier a été le pendant à gauche avec une percussion de Sakina Karchaoui.

La Serbie a su bien gérer ses temps forts avec des qualités de profondeur qui aurait pu créer le danger si elles avaient eu des joueuses plus rapides, balle au pied. Elles ont néanmoins fait au mieux, ce qu’elles devaient ou pouvaient faire. La défense des Bleues, forte d’une sélection en moyenne, a réalisé une prestation correcte de joueuses qui viennent d’arriver et ne veulent pas perdre leur place. Sans excès mais sans talent.

Les Bleues repartent de Serbie avec les trois points et la première sélection de Melvire Malard, plutôt en vue.

Il faut espérer que ce nouveau football, réfléchi et structuré, développé globalement pour le football féminin français, donne quelque chose proche du spectacle. La finalité du football professionnel et sa pérennité.

Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Au vue de ce que je vois, je ne comprends pas pour quelles raisons le football féminin français serait professionnel avec sa propre économie ?

William Commegrain Lesfeminines.fr

Match de qualification à l’Euro 2022 – Groupe G (source footofeminin).
Vendredi 18 septembre 2020 – 21h00
SERBIE – FRANCE : 0-2 (0-2)
Subotica (Gradski Stadion)
Match à huis clos
Temps dégagé – terrain excellent
Arbitres : Frida Nielsen (Danemark) assistée de Sidsel Rasmussen (Danemark) et Fie Bruun (Danemark). 4e arbitre : Frederikke Lydia Søkjær (Danemark)

Buts :
0-1 Andjela FRAJTOVIC 6′ c.s.c. (Diani décalée côté gauche par Majri, s’avance dans le couloir puis centre en retrait pour Katoto au premier poteau qui dévie le ballon au niveau de la taille, la gardienne n’a pas la main gauche ferme mais arrive en se jetant en arrière à repousser d’une claquette de la main gauche. Le ballon rebondit sur le tibia gauche Frajtović avant de revenir dans le but)
0-2 Amel MAJRI 15′ (E.Cascarino récupère le ballon à 40 m et sert D.Cascarino sur la droite qui percute sur le côté droit de la surface et délivre un centre qui retombe au second poteau. Oršoja remet le ballon de la tête sur Majri qui reprend de volée du gauche sans contrôle à 5 m)

Avertissements : Dina Blagojević 18′, Vajda Oršoja 73′, Biljana Bradić 90+6′ pour la Serbie ; Anthony Grech-Angelini (préparateur physique) 53′, Estelle Cascarino 78′ pour la France

Serbie : 1-Milica Kostić ; 2-Vajda Oršoja, 5-Violeta
Slović (cap.), 6-Nevena Damjanović, 13-Andjela Frajtović ; 8-Dina Blagojević (21-Tijana Matić 90+3′), 16-Sara Pavlović (11-Biljana Bradić 90+4′) ; 17-Allegra Poljak (9-Miljana Ivanović 87′), 10-Jelena Čanković, 20-Tijana Filipović ; 7-Milica Mijatović. Entr.: Predrag Grozdanović
Non utilisées : 12-Sara Cetinja, 23-Ljiljana Gardijan, 3-Maja Dimitrijević, 4-Tijana Janković, 14-Jovana Miladinović, 15-Andjela Krstić, 18-Emilija Ema Petrović, 19-Ivana Trbojević, 22-Tijana Filipović

France : 21-Pauline Peyraud-Magnin ; 4-Marion Torrent, 22-Elisa De Almeida, 3-Estelle Casarino, 7-Sakina Karchaoui ; 12-Marie-Antoinette Katoto, 14-Charlotte Bilbault, 9-Eugénie Le Sommer (cap.) (18-Viviane Asseyi 74′) ; 20-Delphine Cascarino, 11-Kadidiatou Diani (6-Maéva Clemaron 88′), 10-Amel Majri (8-Melvine Malard 65′). Entr.: Corinne Diacre
Non utilisées : 1-Solène Durand, 16-Romane Munich, 2-Eve Périsset, 5-Anaïg Butel, 13-Valérie Gauvin, 15-Kenza Dali, 17-Ouleymata Sarr, 19-Julie Thibaud, 23-Perle Morroni

Le classement du groupe G

  • 1. Autriche (4 matches), 12 points (+16)
  • 2. France (3 matches), 9 points (+11)
  • 3. Serbie (5 matches), 9 points (+7)
  • 4. Macédoine du Nord (5 matches), 3 points (-16)
  • 5. Kazakhstan (4 matches), 0 point (-18)