Diani, c’est une star qui ne veut pas en être une. Cela lui ait tombé dessus naturellement. Une puissance et une vitesse incroyable ; elle qui joue au ballon comme des boxeurs sud-américains vont faire un championnat du monde des poids mi-légers. 

Diani, on se posait la question. Quand va-t-elle sortir de son ascenseur social ? 

Le fruit d’un ascenseur social la plaçant à la hauteur de la rémunération d’un entrepreneur d’une start-up technologique française.

37.500 € mensuel, hors prime, au sein du cinquième club mondial, le Paris Saint Germain. C’est loin d’être rien comme salaire. Un new PSG, démarré en 2012 avec deux associés aux talents uniques, pour réussir l’objectif d’en faire « Le nouveau Barcelone » avec ses 800 salariés et son milliard 900 de valorisation (source KPMG de mai 2020) quand d’autres, les adversaires et concurrents français, plafonnent à 100.

Cette joueuse, issue de la formation de Juvisy devenu Paris FC, écoutait sans écouter les réalités que son talent montrait. La rumeur faisait dire à Gaetane Thiney, au plus haut de son talent individuel, que la seule qui allait plus vite qu’elle, balle au pied, était Kadi.

Je l’ai croisé quand elle allait discuter avec Patrice Lair, à la sortie d’un match au Camp des Loges pour entrer certainement au PSG . Elle avait un côté timide, surprise, attendant à la sortie du bus de l’adversaire, pour certainement une rencontre plus confidentielle. Se demandant si j’allais en parler.

Diani se contentait de ce qu’elle avait dans son jeu. 

Déjà, à cette époque, elle n’utilisait son talent qu’épisodiquement. Il lui fallait une raison. Souvent, la présence d’observateurs. Patrice Lair, l’a mis le rail de la compétition. Elle est devenue une bonne joueuse, sachant percuter mais surtout défendre. Lorsqu’elle venait pour récupérer une balle ou aider sa défenseuse, il était quasiment impossible pour une joueuse, même internationale, de l’en empêcher.

Elle a été une bonne joueuse de la Coupe du Monde 2019, que les médias nationaux ont transformé en révélations, faute d’autres candidates françaises, oubliant le défaut qu’elle a toujours gardé, ne pas être décisive pour son équipe dans des rencontres à enjeux.

En finale de la Coupe de France, il en a été de même. Elle a tout fait à son adversaire lyonnaise, la jeune Selma Bacha, mais au résultat final, son travail de centre n’ayant pas été repris, il n’est plus rien resté. Que des souvenirs, appelés à être oubliés par la grâce du temps qui passe.

Une joueuse au fort potentiel sans risque particulier

C’est le risque que peut connaître Kadidiatou Diani. Être forte sur le moment, sans incidence néanmoins pour son équipe et l’adversaire. N’être qu’un souvenir. Juste l’espoir d’une possible victoire avant le match. Et pourtant, quel talent qui peut lui ouvrir les portes de la première place mondiale.

Personne ne peut aller aussi vite qu’elle. Il y a du Serena Williams dans cette joueuse. Elle peut marquer l’Histoire de ce sport. Elle est autrement que les autres et assez jeune pour l’être longtemps.

Enfin, Kadidiatou Diani est décisive sur un match à enjeu. Cela fait plaisir.

Aujourd’hui, le Paris Saint Germain était très mal engagé. l’EA Guingamp lui tenait tête. Un score vierge (0-0) à la mi-temps laissait présager un second acte difficile. Un mois plus tôt, les bretonnes avaient rendu la tâche difficile aux lyonnaises, ne leur permettant de prendre le meilleur (0-1) que sur un score serré, pour une 1/2 finale de Coupe de France.

Bordeaux (3e) venait de faire match nul (4-4) face au Stade de Reims. Un résultat laissant présager que les petites équipes auront du coeur à revendre. Montpellier (4e) butait contre Fleury FC 91, en D1F seulement depuis 2017. Le moindre point s’annonçait difficile pour le haut de tableau. Après une Women’s Champions League décevante pour le PSG sur le plan offensif. Le feeling ne devait pas être bon au Camp des Loges à la mi-temps.

Une défaite et la révolution s’annonçait pour Olivier Echouafni dont on ne sait si la présence de Léonardo, Vendredi, était un bon présage. Des félicitations ou un appui rendu nécessaire, laissant supposer une faiblesse. Toujours malvenue dans un club comme le PSG.

Il parait que « les mots sont montés » dans le vestiaire parisien à l’égard de la joueuse française. Il fallait qu’elle soit déterminante.

Elle l’a été et a sauvé le PSG d’un problème pour finir par lui trouver même le début d’une solution, avec deux points supplémentaires pris sur Bordeaux et Montpellier.

Un but de la tête (56′), une passe décisive au cordeau pour Katoto (71′). Deux appels au centre (78′ et 86′), là où elle est sans opposition en France, et la voilà avec un triplé apportant au PSG, les 3 points de la victoire. Et le silence dans les rangs. Quand le souffle de l’inquiétude s’était posé avec la réduction du score de Guingamp (2-1) à la 75′. Trois minutes avaient suffi pour qu’Olivier Echouafni souffle. Kadi en remettait une couche.

Cela fait plaisir. Pour une fois, elle a été décisive.

Sa réussite, me fait penser aux buts qu’elle a marqué en amicale face aux USA, début 2019 au Havre (3-1). Un doublé. D’ailleurs, le 3e avait été marqué par Marie-Antoinette Katoto. Elle avait été aussi décisive.

Cela fait oublier cette statistique que je n’ai jamais aimé. Première sélection contre la Nouvelle-Zélande (22-11-2014) et premier but. Elle entre à la 74′ et une balle lui tombe dessus à la 88′ qu’elle reprend du gauche. Un but quasiment involontaire. A croire qu’elle en avait fait une marque de fabrique. Jouer involontairement au football.

Kadidiatou Diani est comme une STMG, bac qu’elle a obtenu. Il faut la pousser pour qu’elle donne le meilleur. Pourtant, elle pourrait être la numéro 1 mondiale dans un jeu qui devient au plus haut niveau athlétique, associant vitesse et percussion plus que ballon.

Souvent forte, Kadidiatou Diani, enfin décisive. Cela fait plaisir ! Et si cela se répète. Aie, Aie Aie ! pour les adversaires.

William Commegrain Lesfeminines.fr