Finale UEFA 2020 Women’s Champions League. Dimanche 30 Août 2020. 20h00. Vfl Wolfsburg – Olympique Lyonnais. En direct sur W9. Canal+ et BeIn.

Sans Jeux Olympiques de Tokyo prévus initialement en 2020, cette finale européenne en a le goût et l’ivresse. Elle se jouera à l’énergie positive. Qui en aura assez pour écrire l’Histoire ?

30 Août 2020

Auteur : William Commegrain

Présentation des différents challenges de cette finale 2020.

Reprendre un leadership allemand ? Structurellement, le football féminin allemand dominait l’Europe dans les années 2000 à 2010.

Ce n’est plus le cas. Il était la référence européenne avec une Mannschaft qui gagnait tous les Euros en jeu. Une série de six de 1995 à 2013 pour un total de huit sur 12 éditions. Depuis, l’équipe allemande, après des JO en Or sur un jeu très défensif, a été éliminé en 1/4 de l’Euro 2017 et du Mondial 2019. Elle a connu une période médiatique délicate avec Steffi Jones, star des années 2000, sélectionneuse, renvoyée à d’autres tâches.

Pour les clubs, en Women’s Champions League, le Turbine Potsdam et le FFC Frankfurt dominaient l’Europe avec 6 titres gagnées sur 9 en jeu de 2002 à 2010 et deux finales. Comme pour l’équipe nationale, quasiment un carton plein. 

Depuis, la balance s’est inversée en faveur des clubs français. l’Olympique Lyonnais a gagné six titres et fait deux finales ; le Paris Saint Germain a terminé deux fois en finale (2015 et 2017). Un quasi-monopole français ne laissant que des miettes à l’Allemagne (3 titres et deux finales perdues) ; voyant même apparaître un nouvel acteur, le FC Barcelone (finale 2019), et peut-être dans l’attente de revoir les clubs anglais qui se sont renforcés à cet effet (Chelsea, Manchester City, Arsenal).

Que reste-t-il aux forces allemandes à la fin de la décennie 2010-2020 ? Seulement une place de numéro 2 mondial. De moins en moins validée par des résultats. Comme pour les Bleues, il y a le début d’une grosse frustration.

Si les joueuses n’auront pas cela en tête, les fans du football féminin allemand qui a été deux fois champion du Monde (2003 et 2007) y verront une part d’orgueil si le Vfl Wolfsburg l’emporte sur l’Olympique lyonnais et de la résignation dans le cas contraire (elles sont plus fortes) ; à l’image de ce qui a été la finale masculine entre le Bayern de Munich vainqueur et le Paris Saint Germain, finaliste. 

On a du mal à imaginer l’Allemagne résignée, sans leadership. C’est ce qui peut donner du piment à cette finale. 

Wendie Renard, toujours là dans les moments exceptionnels de l’Histoire.

Photographie @UEFA

L’Histoire avec un grand « H » !300

L’Olympique Lyonnais vient dans cette finale pour écrire l’Histoire (1) ; et les joueuses aussi (2). 

Si comme le Vfl Wolfsburg, les prétentions européennes de l’équipe masculine ne peuvent être d’être des leaders européens ou nationaux ; les deux équipes ont des objectifs féminins de leaders. Plus encore pour l’Olympique Lyonnais que pour le Vfl Wolfsburg. Une des forces de l’OL se trouve dans le fait que les joueuses en sont imprégnées. 

Elles sont en train d’écrire leur histoire avec un grand « H », fort de six titres pour Wendie Renard (record européen des joueuses et record pour l’OL) mais surtout d’installer une série gagnante de quatre titres pour en faire un cinquième. Le Club de l’OL sait à quel point une série non-interrompue enclenche des victoires pour le futur. L’Ol et Wendie Renard en sont à un 14e titre consécutifs. Certains ont été gagnés grâce à la continuité de la série. Idem pour la Coupe de France, bien qu’elle ait été perdue en 2018 et jamais gagnée avant 2012.

Wolfsburg Vfl est un peu comme le Paris Saint Germain en 2018 à Strasbourg, en finale de la Coupe de France ou le PSG face à l’OL lors de la 1/2 finale 2020 de mercredi dernier. Challenger. Normalement spectateur après quatre rencontres européennes perdues de suite face à l’Olympique Lyonnais (finale 2016, 1/4 de finale 2017, finale 2018, 1/4 de finale 2019). On appelle cela une « tannée ». 

Elles seront là – dans le regard des lyonnaises – pour interrompre une série gagnante. Elles sont plus qu’un adversaire, un ennemi à l’écriture de l’histoire. 

Et l’Histoire avec un grand « H » ; à l’Olympique Lyonnais, c’est encore plus important que l’argent. 

L’OL adore écrire l’Histoire. Sur cet aspect, les joueuses lyonnaises ont une motivation d’avance. 30

« Une finale olympique qui demandera beaucoup d’énergie positive ! »

Pour le spectacle, « Espérons du football féminin ! »

« Ennui quand tu nous tiens, surtout lâche-nous ! » Les coaches français ont été formés dans le cadre d’un jeu de Ligue 2. Bien installé en défense, jouant sur la durée pour gagner des rencontres qui se terminent sur des scores serrés. La qualification valant la même chose, entre un (1-0) et deux occasions qu’un (9-0) et 10 occasions supplémentaires. 

Est-ce une formation ou un constat ? Il est vrai que l’on doit constater que les féminines peuvent se créer un nombre impressionnant d’occasions sans « les mettre au fond » si on prend l’exemple de Barcelone en 1/2 finale face à Wolfsburg et qu’en contrepartie, elles se désorganisent en défense et sont tributaires d’un but encaissé adverse. 

Si on analyse les choses « de l’autre côté », cela veut dire qu’une bonne défense profitera nécessairement d’une erreur défensive adverse obtenue sur la durée du match. Et donc, en serrant le jeu, si on a les joueuses « pour », on doit avoir le gain du match. 

A ce petit jeu, l’ennui frappe à la porte. Quand il atteint le coeur, c’est mort, pour le football féminin qui n’a de public qu’à la condition d’y voir de l’émotion et donc du jeu offensif. Hors événements tous les quatre ans comme un Mondial ou des JO.

Espérons que cette finale soit du football féminin plutôt que d’être du football.

Quand une joueuse fait une bicyclette aussi parfaite dans une 1/2 finale, c’est qu’elle a une énergie positive de folie. Eva Pajor, Vfl Wolfsburg. Crédit @UEFA

Les actrices, les joueuses et l’energie !

 

Wolfsburg a une liste de quatre gardiennes dont l’ex-parisienne Kiedrzynek, restée sept ans au PSG, partie pour être depuis deux saisons, la numéro 2 parisienne. Tout le monde se souvient de l’opposition de 2017 entre le PSG et l’OL et de la séance de tirs au but qui a suivie avec « le combat » entre Sarah Bouhaddi et Kiedrzynek. Je verrais bien Katarzyna faire cette finale. Elle a quelque chose à prouver. Le seul risque, c’est le débordement d’émotions avec elle mais c’est à tenter même si elle vient d’arriver.

Avec Engen (Norvégienne) et Oberdorf, Wolfsburg a la capacité de mettre un « nouveau mur de Berlin » en place. Deux joueuses très physiques, mentalement fortes, dans un football qui en manque. Alexandra Popp, Eva Pajor et Pernille Harder, ce sont les -Wendie Renard pour l’histoire avec son club, Eugènie Le Sommer pour le dynamisme et Louisa Necib pour le jeu vers l’avant – allemands. Un trio qui a les moyens de faire mal.

Sur le banc, il y a de l’historique avec Goessling, Dickenmann dont on ne sait la réalité de l’apport mais qui ne devrait pas basculer le sens d’une finale. Plutôt le maintenir.

Du côté lyonnais, on ne peut pas oublier la qualité de Sarah Bouhaddi dans les duels et notamment lors de l’épreuve des tirs au but. Elle a fait gagner deux titres européens à l’OL (2016 et 2017) et encore plus en France. Wendie Renard n’accepte jamais la défaite surtout face à un adversaire direct. Elle l’a de maintes fois prouvés. Face au PSG, à Jean Bouin en championnat. Avec l’Equipe de France contre les USA. Face au PSG en 1/2 finale de l’édition européenne 2020. Saki Kumagai sait se sacrifier au milieu pour empêcher les transitions offensives adverses. De son duel avec Pernille Harder se jouera l’intensité du match. J’ai le sentiment d’un retour de flamme d’Eugènie Le Sommer qui pourrait être à la pointe de l’attaque lyonnaise. Au centre, elle a plus de possibilité de marquer que sur les côtés. Enfin, je ne crois pas que Wolfsburg ait la qualité des centres d’Amel Majri à proposer sur coup de pied arrêtés.

Sur ces points forts, l’Olympique Lyonnais a une marge. Tout se décidera mentalement, au niveau de l’intensité et de l’énergie à produire.

Jill Ellis, double championne du monde avec les USA (2015-2019) a conduit l’équipe 2019 uniquement sur ce critère pour gagner le titre en France. Une équipe discutée, discutable mais qui avait une très grande énergie positive pour jouer.

Sur ce dernier point, je trouve que l’OL en manque alors que Wolfsburg pourrait en avoir plus. C’est peut-être le point d’équilibre entre les deux équipes, donnant un challenge à 50%.

William Commegrain Lesfeminines.fr