Le journal allemand, SportBuzz, annonce à la veille de la finale très serrée entre le club allemand de Wolfsburg, numéro 2 européen (2 titres) et l’Olympique Lyonnais, leader avec 6 titres européens, que sa meilleure joueuse, Pernille Harder, milieu de terrain offensif, serait transférée pour 350.000 € au Chelsea Ladies, vainqueur du Community Shield 2020 de cet après-midi à Wembley (2-0).

Pernille Harder en Angleterre.

Une information déstabilisante qui a vocation à être reprise par les médias de football, spécialisés ou non, du simple fait qu’elle est donnée à la veille d’une finale UEFA, et donc couverte par les médias significatifs.

  • Information crédible compte tenu que la capitaine danoise est la compagne de la capitaine de Chelsea depuis 2014. Suédoise de son état et teammates de Pernille Harder lorsqu’elle jouait à Linköping (2012-2017). Une information qui n’a rien de confidentielle, les deux partenaires partageant leur amour sur les réseaux sans souci, de telle manière que la FIFA n’a eu aucun souci à rendre public le baiser des amoureuses.

Magdelaina Eriksson et Pernille Harder, danoise, qui portait les couleurs de la Suède en suivant les suédoises à la Coupe du Monde 2019 en France. Crédit @FIFA

La somme de 350.000 € est crédible. Ce qui la placerait au-dessus de ce qui s’est déjà fait dans le milieu, peu ouvert au transfert en cours de contrat, faute de trouver des joueuses de calibre similaire. Les clubs les possédant, les gardant en les chérissant. Les joueuses, -hors celles de l’Europe du Nord- n’étant pas encore ouverte à la mobilité compte tenu qu’elles construisent souvent quelque chose lors de leur contrat.

Il est évident que nous avons affaire à une information volontairement déstabilisante. Du simple fait que les contrats se signent rarement la veille des compétitions. Ils sont au chaud depuis un certain temps. Les rendre public, à certains moments, ne peut être que réfléchis.

Reste à savoir si l’information sera réellement déstabilisante pour Wolfsburg. La joueuse est danoise ; elle joue et se donne à fond pour les couleurs de son club ; elle fait partie du Top 3 européen ; elle va jouer dans un club qui postule au prochain carré européen de la Women’s Champions League 2021. A titre privée, elle rejoindrait sa compagne, Magdelaine Erickson. Acceptable par tous et toutes.

La déstabilisation fait partie du jeu, d’où qu’elle vienne.

Je me souviens, qu’on avait appris -on ne sait comment- le salaire incroyable de Kadidiatou Diani de 37.500 € mensuel hors prime alors qu’elle était en négociation avec l’OL, se décidant au dernier moment pour le Paris Saint Germain féminin. Une info qui l’accompagne à chacune de ses foulées. Un poids peut-être.

Je me souviens des quatre contrats de Juin, basculant du PSG à l’OL alors que les olympiennes n’avaient gagné qu’1-0 à Paris, retrouvant l’Europe pour une 1/2 finale 2016 pour finir par l’emporter par un incroyable 7-0 au Groupama et lancer cette belle série victorieuse de titres européens (2016, 2017, 2018, 2019).

Jean-Michel Aulas profite de l’occasion d’une finale UEFA pour donner des informations stabilisantes sur l’OL.

Une information stabilisante avec l’intervention de Jean-Michel Aulas dans le journal l’Equipe : Notre conviction pour le sport féminin est fondamentale. Ce n’est pas une conviction de façade. On s’est inspirés de ce qui se fait aux Etats-Unis, en faisant venir des Américaines au début. Désormais, cela s’est matérialisé avec l’acquisition de l’OL Reign à Seattle, pour être intégré à ce qui se fait de mieux dans le football féminin, continuer de grandir. Nous sommes à la recherche de la petite chose qui va nous permettre soit tactiquement, soit physiquement, soit techniquement, soit mentalement de rester devant.

Sur la force continuelle des lyonnaises.

On a un noyau qui a su conquérir les premiers titres et a donné un état d’esprit. Quand on a perdu une joueuse, on a toujours tout fait pour la remplacer par ce qui se fait de mieux. Par ailleurs, on a six anciennes joueuses qui travaillent au club, et ça incarne la transmission qu’on veut mettre en place. 

Un coach validé ou non par les joueuses.

Il sait tout aussi bien mettre une pression avec une information « à comprendre » pour Jean-Luc Vasseur, le coach actuel.

« Quand on a une équipe aussi expérimentée que la nôtre, on écoute beaucoup les joueuses, surtout le noyau. Ainsi, on a pris l’habitude de ne pas faire signer de contrat longue durée (pour les coachs), même si la réussite est au bout. Si le groupe de joueuses qui guide cette équipe souhaite prolonger l’entraîneur, on en discute. »

Qu’il pourrait négliger, ce n’est que du football féminin.

Sauf que son parcours de coach ne lui a pas fait rencontrer de joueurs aussi attentifs à vaincre qu’à l’Olympique Lyonnais. Ce qui n’est pas rien sur le plan de la satisfaction individuelle et sportive. Il le dit, il a raison : « ce sont des Ferrari« . Mots importants et certainement choisis pour qu’ils tombent dans les oreilles des joueuses.

Sauf qu’un coach féminin à l’OL n’est pas loin d’un salaire de coach de Ligue 1 masculin. Sauf que le Président Aulas sait remercier les victoires chez les filles comme pour les hommes. Précisant « qu’il a donné la même prime aux filles pour leur qualification en finale que celle donnée aux hommes après la victoire contre la Juventus » (1/8e de finale). Dans un monde où les diplômés du BEPF et la concurrence pullulent, cela fait réfléchir.

Jean-Michel Aulas, un acteur de la réussite lyonnaise.

Jean-Michel Aulas, plus de 30 ans de présidence, sait exactement ce qu’il faut faire pour apporter une pierre à l’édifice lyonnais. Le message de la stabilisation sera repris par les médias et tombera dans les oreilles des joueuses actuelles ou futures. Il n’oublie pas toutes les composantes de son club et de ses messages. Là, par exemple, pour les jeunes.

« On essaye d’avoir un œil d’abord sur nos propres académies. On a recruté les grandes joueuses de demain pour les intégrer. Certaines vont aussi à l’académie de l’OL Reign. On a un système digital qui permet d’identifier toutes les meilleures joueuses, on est sur tous les continents, avec une cellule qui n’existe pas chez nos concurrents. 

Fermez le ban. Il a balayé tous les ingrédients. Je me souviens, à la sortie d’une zone mixte d’un PSG-OL à Jean Bouin, parlant en aparté à Olivier Blanc et Olivier Echouafni, il avait glissé : « Je leur ai tout dit, … » énumérant un par un les grands points qu’il avait exposé. Loin des questions mais concentré sur son intervention. Il fait des communiqués de presse.

Tout cela donnera-t-il une 7e victoire européenne pour l’Olympique Lyonnais ?

Wolfsburg avait empêché l’Olympique Lyonnais de faire un triplé en 2013, après le gain de 2011 et 2012. La finale 2016, s’était décidé sur le tard aux tirs au but mais l’Ol avait mené, Wolfsburg égalisant en fin de rencontre par Alexandra Popp. 2018, Wolfsburg avait plongé en prolongation (1-1 ; 4-1).

La question que je me pose est la suivante : Pernille Harder est-elle une très bonne joueuse ou est-elle une championne qui gagne des titres ?

Par exemple, Caroline Graham Hansen est une très bonne joueuse, mais elle n’a jamais réussi à gagner un titre. Souvent éliminée en WCL dans les équipes où elle évolue (Stabaek, Wolfsburg, Barcelone cette année). Avec la Norvège, elle est arrêtée en 1/4 au Mondial 2019.

Pour la capitaine danoise, elle a perdu en finale de l’Euro 2017. Elle a mis en péril la qualification au Mondial 2019, en refusant de jouer un match essentiel face à la Suède, avec une position sociale compréhensible mais incompréhensible sur le plan purement sportif. Avec Wolfsburg, elle gagne des titres mais nationaux, comme toutes les équipes leaders des championnats européens féminins.

Est-elle une championne ?

La finale pourrait se jouer sur ce critère de leadership là ; car l’Ol ne manque pas de leadership. Du Président aux joueuses.

William Commegrain Lesfeminines.fr