Sarena Wiegmann, en 2021 à la tête des 3 lionnes libère Jill Ellis, pour un challenge avec les Pays-bas. 3 coupes du Monde !?

15 Août 2020

Auteur : William Commegrain

La situation : 40% du Top Ten en changement de sélectionneurs. Elles étaient trois nations du Top 10 à manquer d’un ou d’une sélectionneuse. L’Angleterre, 6e Mondial au dernier classement de la FIFA, dont le sélectionneur reste en poste jusqu’en Septembre 2021. L’Australie (7e), sans coach depuis la démission de son sélectionneur en mai 2020, futur hôte du Mondial 2023, et le Canada (8e) dont le poste doit être pris avant Septembre 2020.

Avec la nomination de Sarina Wiegman, au poste de sélectionneur en 2021 pour l’Angleterre, se rajoute à cette liste les Pays-Bas, 4e Mondial. Cela bouge dans le football féminin !

Les candidats ne manquent plus en football féminin.

Quatre pays du Top 10 appelés à changer de coaches, une situation qui aurait posé un problème dans les années 2010. Rares étaient les coaches ayant investi dans un diplôme onéreux (30.000 € en France pour le BEPF) désirant mettre leurs noms et ambitions dans le football féminin. Moins crédible que celui des Messi et Ronaldo mais surtout bien moins rémunérateur.

Les postes étaient souvent repris par les adjoints. Par exemple, Bruno Bini pour la France, Silvia Neid pour l’Allemagne, Jill Ellis pour les USA et même Sarina Wiegman pour les Pays-Bas. On ne dépassait pas les 10.000 € mensuel pour les meilleures équipes du football féminin quand celui masculin ne descendait pas en-dessous des 150.000 € mensuel pour des Top 10 mondiaux. Le coach féminin était avant tout un employé de la fédération, inséré dans une grille de rémunération établi en dehors des salaires inflationnistes du football.

Aujourd’hui le football féminin est sur un marché de l’offre et la demande et les salaires des coaches vont atteindre les 35.000 € mensuel pour le Top 5. Les diplômés du BEPF ou du titre international ne manquent pas à travers le Monde. Une bonne rémunération qui convient à beaucoup ; notamment à ceux qui n’avaient pas la médiatisation pour obtenir des postes en première division de son pays. Par exemple, en France, le minimum syndical pour un coach de Ligue 2 doit être de 8.750 € et pour celui intervenant en Ligue 1, de 17.920 € (charte du football professionnel 2019-2020).

Compte tenu de cela, les fédérations ne manquent pas de candidature. Ainsi, la Football Association, par la voie de sa directrice du football féminin, Sue Campbell, a reçu 142 candidatures pour en sélectionner 75 qui correspondaient à ses critères.

Phil Neville restera en poste jusqu’en Juillet 2021, comprenant la période des JO 2021 à Tokyo.

Photographie @FIFA

L’Angleterre, plus rapide que tout le monde.

La Football Association, en choisissant et communiquant déjà -plus de 12 mois avant la prise de poste- Sarena Wiegman a été plus que rapide. Une Angleterre, moribonde en 2013 après l’Euros, montée d’un cran depuis 2015 et le Mondial au Canada. Une 3e place mondiale avec Mark Sampson, après une 1/2 finale lors de l’Euro 2017 et une quatrième au Mondial 2019 sous le coaching de Phil Neville et voilà les anglais près à attaquer le titre mondial et surtout européen en tant que futur hôte de l’Euro 2022 à venir.

Un football féminin qui s’est transformé, à l’image de ce qui se fait en Europe continentale, en changeant le calendrier pour l’adapter, de Septembre à Juin au calendrier européen ; transformant son championnat, le passant exclusivement professionnel avec l’intégration de nombreuses étrangères, intéressées par le challenge de porter des maillots à forte identité des clubs de Premier League ; constatant des performances nouvelles avec des clubs aux portes de la finale européenne (Chelsea Ladies, Manchester City et maintenant Arsenal Ladies pour 2020).

Cela crée une dynamique positive.

Pourtant, des trois fédérations à changer de sélectionneur ; la FA était celle qui avait l’échéance la plus lointaine : septembre 2021. Elle est la première à s’être engagée après avoir trouvé la candidature de Jill Ellis trop onéreuse (payée 400.000 € annuel par la NWSL en 2019 avant le Mondial) ; son choix s’est fait sur Sarina Wiegman, 50 ans, qui restera coach des Pays-Bas jusqu’en Juin 2021. La seule à avoir gagné l’Euro à domicile.

Une coach qui tutoie les étoiles depuis 2017, après avoir rempli sa fonction dans l’ombre nombreuse des titulaires du diplôme de référence. Adjointe depuis 2014, venue de nulle part en Janvier 2017 mise à la tête de la sélection néerlandaise par la fédération néerlandaise, paniquée des résultats de son prédécesseur à sept mois de recevoir l’Euro ; elle et ses joueuses ont transformé les Pays-bas en marée orange, vainqueur inattendue d’une compétition que l’Allemagne avait gagné huit fois, dont six consécutivement.

Etait-ce un coup ou une tendance ? Le Mondial 2019 confirmera la tendance ; les Pays-Bas finissant vice-championne du monde pour leur 2e participation à un mondial qui en compte huit. A la tête de joueuses expatriées en grande majorité, le championnat néerlandais ne permettant pas aux clubs de dépasser le 1er tour européen. Une équipe faite de jeunes (24 ans), galvanisées par le jeu offensif proposé, face à des adversaires qui appliquent un jeu placé, à l’excès.

Elle le dit. C’est dans son passé de jeune joueuse aux Etats-Unis, sous les ordres de celui qui a lancé les USA avec leur première Coupe du Monde, Anson Dorrance, qu’elle a acquit l’état d’esprit positif des USA : audacieuse, opiniâtre et empreinte d’humour.

Une décision avec un seul bémol. Prise pour les Jeux Olympiques en 2021 avec les Pays-bas, le Royaume-uni devra décider qui sera son coach en Juillet 2021 si les Jeux de Tokyo se réalisent (23 Juillet au 8 Août 2021). Phil Neville, actuel coach de l’Angleterre jusqu’en Juin 2021, étant un candidat sérieux à la tête de l’Australie qui a un besoin immédiat d’un sélectionneur.

Les Pays-Bas, à prendre en 2021

Une décision qui libère une place à la tête des Pays-Bas. Une sacré sélection faite de jeunes joueuses maintenant arrivées à maturité et qui mettra un temps certain pour prendre un ou sélectionneuse.

On peut penser que Jill Ellis, double vainqueur des mondiaux (2015 et 2019), a là, un beau challenge. Confirmer avec un 3e titre (2023) en prenant une équipe autre que les USA. Personne ne l’a fait et mettra du temps à le faire puisque l’Histoire actuelle est de huit éditions. Il faudra, au minimum, être pendant une certaine période, coach des USA ou d’un Top 4 mondial. 

« Les Pays-Bas (4e mondial) deviennent un objectif de qualité à prendre pour les candidats sélectionneurs »

Le Canada, deux fois médailles de Bronze aux JO 2012 et 2016

Pays-Bas, classement FIFA

Angleterre

Australie, futur organisateur Mondial

Canada

L’Australie

Co-organisatrice avec la Nouvelle-Zélande des prochains Mondiaux (2023), l’Australie qualifiée pour les Jeux Olympiques est un excellent projet. Eliminée trop tôt des compétitions internationales ; dans un championnat éloigné mais avec des joueuses qui se produisent aux USA, les Matildas possèdent une bonne chance de briller aux JO 2021 s’ils se produisent (12 pays en jeu).

Sam Kerr, leur star, meilleure buteuse de la NWSL pendant 3 saisons et maintenant sous les couleurs de Chelsea peut faire la différence avec son opportunisme et son investissement, dans un football qui se joue très placé. Elle détonne et peut porter son équipe. 

Pour le poste de sélectionneur, le coach d’Arsenal Ladies, ancien coach de Melbourne, australien, Joe Montemurro semble tenir la corde. Il faudra attendre néanmoins son résultat avec l’équipe anglaise dans la Women’s Champions League 2020 qu’il a ramené dans l’Europe, jouée sous forme de tournoi dans quelques jours (21-22 Août). Il aura affaire au Paris Saint Germain d’Olivier Echouafni. Entraîneur de club est une chose ; sélectionneur et représentant d’un pays en est une autre. 

Un enjeu qui permet à l’anglais Phil Neville d’avoir une carte à jouer après la réussite de son travail comme sélectionneur de l’Angleterre : vainqueur de la SheBelievesCup 2018 et 4e du mondial 2019. Un bilan positif qui a pris « du plomb dans l’aile » après le mondial sans que l’on sache pourquoi. Des matches amicaux qui normalement se gagnent et là, se sont perdus. Sept défaites sur onze matches. Sans conséquence mais les fans attendant cependant plus ; comme lui d’ailleurs, puisque c’est lui-même qui a décidé de mettre fin à son mandat en 2021. Un signe qui relève de la performance. Se condamner soi-même. 

Joe Montemurro, coach d’Arsenal Ladies.

Le Canada

On oublie trop souvent les canadiennes. Une forme de manque de respect où certains sites ont même proposé des candidates sans aucune expérience, confondant -ou confondus par des agents- la manifestation d’une candidature avec le choix d’un candidat.

Les canadiennes, deux fois médailles de bronze aux JO de 2012 et 2016, ont un jeu américain qui ne demande qu’à exploser au plus haut niveau. C’est un beau projet alors que se profile à l’horizon les JO 2020, sans avoir le risque d’une épreuve continentale qui remettrait tout en question. Il y a une vraie différence entre le duo USA-Canada et ses poursuivants que sont le Mexique, le Costa-Rica, placés entre la 20e et 40e place mondiale. 

Pour les JO, il faut que ses jeunes joueuses trouvent leur place dans l’univers du football. Pour l’instant, elles se cherchent encore (Huitema) mais les JO, repoussés à 2021 et le Mondial 2023 sont loin.

Une bonne place à prendre, laissée libre en Septembre 2020 par le coach danois Kenneth Heiner-Møller qui prend en charge la direction de la formation des coaches au pays de Pernille Harder (Danemark).

William Commegrain Lesfeminines.fr