Boris de Monaghan (Créteil L2) : Vasseur, il était capable de nous retourner le cerveau ! »

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Août 2020

Portrait rapide de Jean-Luc Vasseur

Jean-Luc Vasseur est un coach nouveau dans le football féminin. Il est à la tête d’un Top 3 mondial, dont les objectifs sont de gagner l’Europe, la France et le Monde maintenant, à chaque saison. Qui est-il ? 

Boris Mahon de Monaghan, joueur de Ligue 2 sous les couleurs de l’US Créteil-Lusitanos l’avait décrit ainsi au Parisien (26 février 2016), après son départ, dans un article faisant l’historique des coaches cristoliens.

« Vasseur a réussi à nous ramener en Ligue 2. Là, où il était fort, c’est qu’il était capable de te retourner le cerveau … » Le latéral droit de l’US Créteil n’était pas une bête technique. Il avait l’attitude d’un surfeur : c’est avec le physique que tu trouves ta solution. Avec 234 matches sous les couleurs des Béliers, devenant celui ayant porté le plus longtemps ce maillot, son jugement ou son opinion s’écoute. 

Je connaissais un peu Créteil et j’ai toujours pensé que ce coach pouvait faire quelque chose de grand dans ce milieu. Pour moi, il a commis une erreur lors d’un match de Coupe de la Ligue contre Toulouse (29 Octobre 2013), de mémoire. La victoire était possible, dans la continuité d’une dynamique positive. Il était en conflit avec les dirigeants pour des recrutements que ces derniers ne voulaient pas. La gestion du match n’avait pas été bonne. Après, le parcours de l’US Créteil s’était normalisé.

Jean-Luc Vasseur – coach de l’Olympique Lyonnais

Photographie @olweb

Cette opinion de Boris de Monaghan m’est revenue en mémoire après avoir écouté plusieurs fois Vasseur sur les résumés officiels faits par l’OL.TV ou les médias nationaux concernés. 

Il s’éloignait très rapidement du contenu et mettait en valeur l’ADN de la victoire des joueuses. 

Là, où ses prédécesseurs étaient dans le match, Farid Benstiti dans l’analyse, Patrice Lair dans la détermination, Gérard Prêcheur dans l’égo, Reynald Pedros dans la distance et l’humour, lui lance des messages psychologiques forts, répétitifs, sans excès, mais continuellement, pour en faire des vérités.  

 Après le match, « j’ai des filles qui sont extraordinaires au quotidien, extraordinaires sur ces finales avec une capacité à mesurer ces émotions et être dans le projet de jeu attendu sur ce match, et cet ADN de la victoire .. » On peut le comprendre avec le titre sur des tirs au but qui sont toujours une inconnue, mais avant le match, il s’exprimait ainsi devant la presse réduite, pour cause de Covid : « Il y a dans notre groupe une culture de la gagne, on le ressent à chaque entraînement. Quand la compétition arrive, cette volonté de gagner est décuplée. »

Rien sur l’absence d’Ada Hegerberg ; rien sur la tactique éventuelle ; rien sur le contenu du jeu. Tout sur le mental de son groupe.

Il veut que les joueuses aient non pas une certitude mais la réalité d’être Historiques dans ce sport et de continuer à écrire l’Histoire. Un peu, dans un degré moindre, aux certitudes devenues réalités d’Usan Bolt, Carl Lewis, Serguei Bubka, et pour les plus anciens, Edwin Moses au 400 mètres haies (122 victoires consécutives). 30

« JL Vasseur, vendre l’OL ; c’est un slogan simple : l’ADN de la victoire !  « 

Une belle victoire n’est pas un (5-0) ; c’est une victoire qui s’est construite dans la durée et qui s’est naturellement imposée.

A partir de là, il ne faut pas ou plus attendre de voir l’Olympique Lyonnais s’imposer, sabre en avant, dans les trente minutes du début de match. Elles vont s’installer, travailler l’adversaire comme un boxeur peut le faire, et s’imposer avec certitude et réalité. Peu importe le score, le plus important, c’est l’évidence de la victoire.

Il serait même capable de les mettre en difficulté pour que cette satisfaction de l’emporter soit soumise à l’adversité.

D’ailleurs remarquez à quel point les adversaires sont mis en valeur. Sur le PSG avant le match : « Nous partons favoris mais pour gagner, il faudra faire beaucoup car il y a de la qualité en face ». Sur le PSG après la rencontre : « En face, il y avait une équipe du Paris Saint-Germain qui construit depuis quelques années et qui est aujourd’hui derrière nous mais pas très loin ». Et sur Guingamp qui n’a plié que d’un seul but : « Il ne faut pas minimiser la prestation de Guingamp. C’est une équipe qui joue très bien l’animation défensive. »

Jean-Luc Vasseur fait partie de ces nouveaux coaches qui ont repris la direction du jeu par rapport aux joueurs et joueuses. Il y a une manière de s’imposer, elle doit être organisée, mentale pour seulement, après, se valider techniquement sur les 90′ et plus de la partie. C’est nouveau dans le football féminin français et c’est certainement définitif.

Meilleur entraîneur de National - Montée en L2

Stade de Reims L1

Paris FC

LB Châteauroux

Coach OL féminin

L’idéal est-il là ?

Etait-il aussi présent mentalement chez les joueurs ? Un jour, je suis passé à vélo dans le stade de Duvauchelle à Créteil. Il y avait entraînement des pros. Vasseur était au milieu. De la voix, il a appelé son groupe. En une seconde, une grappe s’est formée naturellement. Impressionnant. Cette qualité, trop exprimée, peut être aussi un défaut. Les joueurs du Stade de Reims l’avait appelé, de manière ironique, le « Mourinho de Reims ».

En football, tout ce qui est mental à des limites. Pour les joueurs et joueuses, notamment celles qui jouent peu ou moins. La prestation mentale est une notion subjective. Celui qui observe ne voit pas la même chose que celui qui fait. Entre ces deux notions, il y a la place aux différends, problèmes, ruptures de confiance, etc…

Une vérité encore plus exacerbée auprès de l’environnement qui n’a pas le quotidien pour équilibrer son ressenti.

Pour l’instant, si on doit critiquer le résultat des lyonnaises, on peut développer 3 arguments. Les titres sont gagnés aux tirs au but (Trophée des Championnes et Coupes de France) mais ils l’ont été comme cela souvent avant. L’OL peut être discuté dans les matches de championnat (Dijon mais aussi Bordeaux). Les buts sont moins nombreux.

Les titres sont là. Pour JM Aulas, le plus important, c’est le projet. En 2012, il m’avait répondu précisément à la notion de projet : « déléguer un projet, c’est trouver les bonnes personnes qui s’impliquent pour le réussir ».

William Commegrain lesfeminines.fr